Faut-il en rire ou en pleurer


Comme vous le savez peut-être, j’aime bien Donald. Pas l’ami de Mickey, celui qui n’a que quatre doigts à chaque main, et qui a un béret de marin, mais celui qui est installé à la Maison Blanche. Pour mon prochain anniversaire, c’est exactement ça que j’aimerais avoir: un Donald Trump qui fait des tweets marrants. Toujours un bon mot pour raconter une connerie sur tout et n’importe quoi.
Franchement c’est là que l’on reconnaît la suprématie de l’homme sur le singe : sa capacité à accumuler les stupidités sans jamais se remettre en question. Dernière blague pour ce potache impénitent, ou alors avec une cagoule blanche siglé KKK, serial gaffeur tout azimut : il aurait envisagé de protéger la frontière américaine avec le Mexique avec l’aide de serpents et d’alligators. Ce que le président à la mèche garnie a dénoncé comme une fausse nouvelle (fake news). C’est le New York Times qui le dit pourtant … D’ailleurs si vous aviez un doute, le gars du bureau ovale vient juste d’affirmer, le plus sérieusement du monde « Croyez-le si vous voulez, je choisis mes mots avec beaucoup d’attention. » Pas con, le gars. Pas con. Atteint au niveau du bocal certainement, mais pas con !
Comme vous le savez peut-être, j’aime bien Emmanuel Macron, enfin l’acteur, pas le politicien. J’aime bien son fauteuil en osier et ses débats populaires où on peut faire semblant de se lâcher avec un bon mot par-ci, par là, pour voir comment ça réagit. Le « je n’aime pas le mot pénibilité au travail parce que cela voudrait dire que le travail, c’est pénible » n’est rien d’autre que cultissime. C’est comme si l’ISF n’était pas une bonne taxe parce que cela voudrait dire que les riches auraient de l’argent. Ne rigolez pas, un jour de loto d’avant privatisation, cela pourrait vous arriver. Personne n’est complètement à l’abri ! Outre le foutage de gueule de quelques corporations dont le boulot est loin du simple transfert de dossier par messagerie internet interposée, Manu aurait pu réfléchir avant de dire aux prolos qu’ils n’étaient que piétaille solvable et corvéable comme aux plus beaux jours de régimes pourtant révolus depuis plus d’un siècle. Peut-être une manière de dire que c’était mieux avant. Au moins à sa façon.
Comme vous le savez peut-être, j’aime bien Boris qui parle de Brexit. Il lâche rien Boris Johnson, c’est sa marque de fabrique. Il va prendre le maquis anglais dès la fin du mois, Boris. Pour ceux que ça intéresse, le maquis anglais est constitué essentiellement de plaines et de collines non boisées, dont les haies sont alignées sur les rayons du soleil à l’équinoxe de printemps vers 7h17’ 35. Il faut avoir la ruse du renard, la pelle de chantier d’une taupe et le sac de ciment d’un maçon britannique pour échapper à la sagacité d’éventuel poursuivant. Le seul problème de Boris, c’est qu’il a la hargne et la posture de Winston, non pas Charly le chanteur, mais celle du bouledogue du 10 Downing Street, de voilà une guerre. Malheureusement il n’en a pas sa vision politique. Peut-être l’égo ! Par contre, pour l’aura… En deux tweets, il pourrait même aller jusqu’à égaler Donald … c’est dire.
Comme vous le savez peut-être, j’aimais bien Jacques le Corrézien, sa main au cul des vaches, des fermières, des Corrona, et des Sumos, jusqu’aux pommes vertes. Jacques Chirac est devenu, par la grâce de son décès, le meilleur des hommes à défaut d’avoir été le meilleur président de la 5e République. C’est fou comme une personne devient belle et forte dès qu’elle passe de vie à trépas. Sa chance, au mari de Bernadette, c’est d’avoir eu Jean-Marie comme seul adversaire. Le sursaut républicain qu’il appelait ça … Une chance hourdie en son temps par l’homme de Chateau-Chinon, François Mitterrand. Une journée de deuil national, voilà qui a du faire rigoler Valéry, son D’estaing et sa longévité. Voir en vrai ce qui devrait être son lot dans quelques temps, c’est assurément déconcertant…

Francis Simoes