Gilles Magreau, comme un soldat de l’An II


MagreauL’ancien directeur du théâtre régional Mac Nab, à Vierzon, Gilles Magreau, auteur de pièces de théâtre, mais aussi de Charly n°7099, un livre qui raconte l’histoire de son compère Charles Oostenbroek, n’a pas attendu longtemps avant de commettre un nouveau bouquin. Sous  couvert de raconter, de la grande guerre à la fin des années 80, l’histoire de différents personnages autour de sa famille, il décrit le siècle d’avant et les gens qui l’ont façonné petitement mais inexorablement. Intitulé Comme un soldat de l’an II en référence à une phrase répétée par son père, permet d’avancer d’un pas décidé à travers un siècle ou presque de vie en Berry. Comme l’écrit Bernard Capo, son pote dessinateur, « Gilles nous fait découvrir une théorie de personnages hauts en couleurs, petites gens du cru tellement ordinaires qu’on a la certitude de les reconnaître comme étant de notre voisinage ou de notre propre famille … », on retrouve ce qui a fait la vie des villages de campagne. L’histoire se déroule dans le sud du Cher, entre Saint-Amand-Montrond et Lignières autour des bourgades d’Orcelais et du Chapelet, noms volontairement modifiées mais si peu. Une histoire de famille qui n’aurait intéressé que son auteur s’il n’avait, à la manière de Ken Follett, rendu une copie beaucoup plus proche de la chronique romanesque. Là, on parcourt les ans, les rencontres, le notaire, le curé, le patron, le syndicaliste patenté et le monde du Berry de 1918 aux dix ans du Printemps de Bourges, en passant par les trente glorieuses. Un coup d’auto-biographie par-ci, un coup de romance par-là, et même si Gilles Magreau reconnaît qu’il a parfois, peut-être, affabulé, on peut le croire … ou peut-être pas.
Particularité de ce livre, il se lit comme sur une tablette … dans le sens de la largeur.
Comme un soldat de l’An II qui partait, en sabots, pour conquérir l’Europe, Gilles Magreau n’entend pas s’arrêter là. Sous le coude, pêle-mêle, le deuxième tome de la vie de Charles Oostenbroek, ses rencontres avec Villeret, Tapie, Belmondo ou Delon, mais aussi un projet de livre à deux mains et deux têtes en collaboration avec une autre auteure. Pour occuper le temps encore disponible, le directeur de théâtre et metteur en scène a créé Côté Jardin, une entité pour promouvoir, présenter et programmer du spectacle vivant.  Durant trois saisons, par exemple, il a pu donner une vie culturelle à Neuvy-sur-Barangeon. Las, malgré une programmation bien avancée, la 4e saison n’a pu démarrer à l’automne dernier. Il aura suffi d’un peu de lobbying d’un élu local réfractaire à la culture pour être dans l’obligation de décommander Francis Huster, entre autres… Cela dit, la structure n’était pas figée. De fait elle s’est tournée vers une autre facette de ses activités : l’organisation de salons littéraires. Des salons où les hommes et les femmes de lettres seraient racontées à tous les stades de l’écriture, avec tous les métiers qui entourent, accompagnent et vivent du livre. Éclectique vous avez dit …
Francis Smith