Grand carénage : des emplois en perspective


D’ici 2030, d’importants travaux vont être menés à la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux pour prolonger sa durée de fonctionnement. Pour assurer leur bon déroulement et permettre au territoire de bénéficier de retombées économiques, une Instance de concertation et de coordination a été créée en région Centre – Val de Loire.

Le Grand carénage, programme industriel du parc nucléaire existant en France visant la prolongation de la durée de fonctionnement des unités de production après 40 ans, s’étendra jusqu’en 2030 en région Centre–
Val de Loire. Cela concerne les centrales nucléaires de Belleville-sur-Loire (Cher), Dampierre-en-Burly (Loiret), Chinon (Indre-et-Loire) et Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher). De nombreux chantiers vont être menés, principalement pour améliorer la sûreté et la sécurité, mais aussi pour remplacer des composants et rénover le contrôle de commande. De 2015 à 2030, ce sont 1,6 milliards d’euros qui seront investis à Saint-Laurent pour amener les deux unités de production à une durée de fonctionnement de 50 ans et au-delà. Les visites décennales de ses deux unités de production sont prévues en 2022 et 2025. « Les chantiers à venir seront dans les quatre coins de la centrale et dans tous les domaines », souligne Nicolas André, directeur de la centrale de Saint-Laurent. Des appels d’offres ouverts aux entreprises qualifiées par EDF vont être lancés, ainsi que des appels à la sous-traitance locale par les titulaires de marchés EDF. Cela va entraîner près de 250 recrutements d’ici 2021 dans les domaines de la logistique nucléaire, la métallurgie, la mécanique, l’électricité et l’échafaudage/calorifuge.
« Il faut anticiper pour que ces recrutements bénéficient aux chercheurs d’emploi du territoire », explique Romain Delmon, secrétaire général de la préfecture de Loir-et-Cher, avant de poursuivre : « Les pouvoirs publics profitent de la conjoncture du chantier de la centrale nucléaire pour lancer des formations et structurer notre territoire car ce sont des métiers dont nous avons besoin aussi dans d’autres entreprises industrielles ».

Retombées économiques
Une instance de concertation et de coordination (ICC) a donc été créée en région Centre – Val de Loire, à l’initiative du préfet de région, du président du Conseil régional, des services de l’État, de l’ensemble des acteurs économiques, du mouvement des entreprises du pays Giennois (MEPAG), du mouvement des entreprises de France (Medef) et d’EDF. Ce dispositif inédit d’animation régionale doit assurer le bon déroulement du Grand carénage, en permettant au territoire de bénéficier de retombées économiques. Pour cela, trois instances locales ont été mises en place en 2018 avec 4 groupes de travail thématiques : appui aux PME régionales pour faciliter l’accès au marché, formations sur les compétences nécessaires, coordination du soutien logistique (hébergements, voierie d’accès, sécurité…), communication sur le projet Grand carénage. Dans le cadre de l’ICC de Saint-Laurent, lancée en octobre 2018, deux premiers groupes de travail se sont formés au printemps 2019 pour accompagner les entreprises locales qui souhaitent prendre rang dans les marchés passés par EDF et autour de la formation. « Les objectifs sont de promouvoir la filière du nucléaire et ses métiers, mais aussi de travailler sur la formation car nous n’avons pas toutes les compétences sur le territoire », indique Evelyne Poireau, directrice adjointe à la Direccte.

Information et formation
Il s’agit aussi de professionnaliser les intermédiaires de l’emploi. Des ateliers sont organisés pour les prescripteurs d’emploi afin qu’ils puissent présenter plus facilement les métiers de la filière nucléaire et ses spécificités liées notamment aux habilitations obligatoires pour tout intervenant sur le site de la centrale. Et depuis le mois d’août 2019, Pôle Emploi organise des ateliers de présentation des métiers avec les entreprises ayant des offres d’emploi pour les demandeurs d’emploi. Un centre de ressources pour les entreprises va également voir le jour fin 2020 à Mer (lire encadré). Par ailleurs, des actions de sensibilisation autour du nucléaire vont être menées vers les personnes en recherche d’emploi ou en reconversion, et auprès des collégiens et lycéens. Un forum emploi-énergie sera d’ailleurs organisé début 2020 à Blois. Un parcours de formation progressif va aussi être mis en place afin de répondre aux besoins de la filière industrielle. Cela intègrera le passeport PEREN pour repérer les capacités de la personnes à travailler en milieu confiné, mais aussi des formations habilitations nucléaires dispensées par des organismes agréés par le Comité français de certification des entreprises pour la formation et le suivi du personnel travaillant sous rayonnements ionisants (CEFRI) sur des chantiers-écoles agréés par le CEFRI et EDF. Pour 2020, cela devrait concerner les métiers d’électriciens-câbleurs, échafaudeurs et logisticiens. L’État s’est engagé à trouver des financements afin que les stagiaires en formation n’aient rien à charge.

C.Cartier-Santino

 

Un centre de ressources pour les entreprises du territoire
Fin 2020, un centre de ressources pour les entreprises industrielles du territoire ouvrira ses portes à Mer. Il comprendra notamment un chantier école destiné à la formation des salariés des entreprises sous-traitantes de la centrale nucléaire de Saint-Laurent. Il est porté par les Communautés de communes Beauce – Val de Loire et Grand Chambord qui travaillent à sa réalisation depuis plusieurs années. Un bâtiment sera consacré au service historique « les portes de l’emploi » ainsi qu’à une offre de services (location de salle de formation ou bureau), proposés par Beauce – Val de Loire. A côté, un bâtiment sera construit pour le chantier école dont la gestion sera confiée à l’organisme de formation du groupe Onet Technologie. Ainsi, les habilitations pour travailler dans le nucléaire pourraient être réalisées sur place. Les négociations pour finaliser sa conception sont en cours.