Histoire d’eau …


On peut dire ce que l’on veut de la météo. Que le réchauffement climatique, tout ça, c’est du pipeau par exemple. On peut adhérer à toutes les théories du complot. Les Illuminati ne sont pas responsables de notre gestion des ressources naturelles. Enfin, pas plus que Dieu, Jéhovah, Allah, Moon, la petite souris qui apporte une pièce quand tu as perdu une dent, la cigogne avec les bébés. On peut être météo-sceptique comme Trump et consorts.
Il n’empêche qu’au moment où l’on se retrouve avec la langue sèche comme « une ardelle de sabiot » on ne peut que constater les dégâts. 87 départements de Hexagone en cale sèche, cela commence à faire beaucoup, non ? Des fossés devenus tranchées, des rivières passées au statut de chemins de randonnée, des fleuves réduits à l’état de rus, des icebergs fondus au dessous, fondus au dessus, et une banquise qui rétrécit, ne sont-ils pas des signes avant-coureurs de degrés qui s’accumulent, d’un changement potentiellement durable, d’un équilibre météo modifié ? La faute à El Nino, ce fourbe associé au Gulfstream pour foutre le bordel dans nos courants, nos nuages et tout le tintouin. La faute aussi à ces imbéciles qui grattent les mers de glace du Tyrol pour agrandir les domaines skiables. La rentabilité associée à la connerie humaine est toujours source d’aberrations. Comme si les glaciers avaient besoin de ça pour fondre !
Il est désormais loin le temps où un Président de la République, Patrice de Mac-Mahon, n’avait que cette phrase « Que d’eau, que d’eau… » pour preuve de compassion envers les familles des nombreux disparus lors d’inondations. Même pas un enfant de l’empathie comme l’aurait disqualifié Antoine Blondin. À l’inverse de Meyer Habib, député UDI, fier de son tweet en hommage au président tunisien Ben Ali. « J’ai une pensée pour l’ex-président tunisien Ben Ali décédé ce jour. Je l’avais rencontré en 2011. Dictateur certes ! Comme tous les dirigeants arabes, mais patriotes et amoureux de son pays ». C’est vrai qu’un dictateur, s’il aime son pays, ça mérite qu’on s’y attarde. C’est fou comme les dictateurs élus ont fait des choses bien : Hitler et ses camps, Pinochet et ses stades de foot, Staline et la mode de la moustache garnie. Autant de concepts qui auront fait verser des larmes, beaucoup de larmes. De quoi remplir des lacs ou ramener à de meilleures proportions la mer d’Aral. De quoi repousser les limites des déserts. De quoi alimenter des puits en Afrique, même si ce n’est pas l’eau qui manque mais les moyens de la distribuer ! De quoi éviter que l’on se noie en Méditerranée. Un comble, les migrants climatiques se noient alors que beaucoup d’entre-eux quittent leurs chez eux parce qu’ils ne peuvent accéder à l’eau potable…
De manière encore plus terre à terre, pendant ce temps-là, des élus, désignés démocratiquement pourtant, pour une fleur de plus sur le panneau d’entrée de la ville ou du bourg, pour la pelouse la plus verte du canton, n’hésitent pas à mettre la main à l’arrosoir sur le stade de foot ou de rugby. Certains se sont déjà fait prendre les cinq doigts sur le robinet ! Cela n’empêche pas d’autres de continuer. Il est vrai qu’un parterre bien vert et fleuri, quand celui des voisins est à l’agonie, en période pré-électorale ça marque des points. Une goutte d’eau dans un océan de gaspillage diront certains. Pas de quoi fouetter un chat comme pour un couple de Balkany rattrapé par une patrouille des impôts à la manière d’un Al Capone de banlieue.
Soyons prosaïques, les buveurs d’eau sont touchés certes, mais, il faut aussi que les buveurs de bière s’inquiètent. Ils sont tout autant touchés par la pénurie. 90 cl d’eau dans 1 litre de bière, ça vous parle, les collègues ? Comme le producteur de maïs délocalisé en zone aride, et grand consommateur de nappes phréatiques, l’amoureux du houblon va devoir s’associer à modération, et à la hauteur de la catastrophe qui s’annonce, s’il veut continuer à consommer ses produits favoris. Rien que pour ça, la nécessité de changer nos habitudes est une obligation …
Alors, à partir de maintenant, comme dans les pubs, pas plus d’une pinte à la fois !