Il y a plus d’un an, Jacques El-Khaddar…


In memoriam

Il y a un peu plus d’un an, soit le 31 décembre 2015, Jacques El-Khaddar nous quittait. Peu de temps auparavant, l’association regroupant ses amis avait publié un ouvrage retraçant le parcours, « ainsi qu’une partie significative de l’oeuvre » de cet artiste blésois.

Né à Paris, en 1926, de père tunisien et de mère bretonne, Jacques El-Khaddar est devenu Blésois en 1952. Parallèlement à une vie d’ouvrier engagé et de chrétien convaincu, il a toujours mené une activité artistique intense. Autodidacte, il s’est formé à l’école des grands peintres -on sent, par moment, l’influence de Chagall-, mais il a rapidement trouvé « un style très personnel ». Il a, aussi, bénéficié des conseils de son ami Jean Touret (1), autre artiste loir-et-chérien bien connu et décédé en 2004.

Enfant, il a commencé à peindre à l’âge de six ans : « C’était en moi », raconte-t-il. En 1957, avec quelques aquarelles, il participait à une première exposition de groupe avec l’École de la Loire. Par la suite, il s’est tourné vers l’huile, l’acrylique et le pastel, utilisant des supports aussi variés que le bois, le carton, le papier kraft, des draps… Il s’est également livré à la sculpture. En 1973, une exposition à Chaillot l’a amené à s’orienter vers l’art sacré et à choisir l’option de ne jamais le séparer de l’art profane. Ces dernières années, il a été l’objet d’expositions personnelles importantes, dont celle installée à l’Artothèque, à l’automne 2011, celle tenue à la fois dans le cloître de l’hôtel du département et dans la chapelle de l’ancienne maison de retraite de La Croix-du-Foix, à l’été 2013, et celle installée dans le hall de la mairie de Blois, l’été dernier, pour lui rendre un hommage posthume.

À l’Artothèque, Claire Masquilier, la rédactrice du texte, a découvert « l’imposante présence de cette création, [avec] des Nativités, des Crucifixions, des figurations de l’Apocalypse, des Annonciations, des Vierges à l’Enfant, un roi David trouvé sur le moment très chagallien… » Elle a par la suite eu accès à toute la production à caractère profane du peintre-sculpteur. Devenue membre de l’association des « Amis… » -elle en est aujourd’hui vice-présidente-, l’idée lui est venue d’un ouvrage intitulé « Jacques El Khaddar, ouvrier de l’Art ». Sur la couverture apparaît « l’Ange de Blois », photographié par Jean-Luc Apsit, un autre membre de l’association, à qui l’on doit toutes les autres photos des œuvres retenues dans le livre. La mise en page a été assurée par Antoine
Gayral.

Le lancement du livre avait eu lieu le 18 septembre 2015, dans les locaux de l’Observatoire Loire, en présence de l’artiste qui l’avait reçu comme « un beau cadeau ». Le président des « Amis de JEK », Olivier Hamelin, avait alors rappelé les objectifs de l’association : « l’inventaire des tableaux et sculptures de Jacques -on en a répertorié plus de 1 800 à ce jour-, leur entreposage dans un local offrant de bonnes conditions de conservation et leur promotion auprès du public ». Il avait également remercié tous ceux qui ont contribué à la réalisation de l’ouvrage. Celui-ci se termine par une liste chronologique des expositions ayant fait place à des œuvres de JEK et par un texte de Jean Touret qui le qualifie de « mystique » et d’ « homme de silence », souhaitant alors, c’était en 1984, « assister à une rétrospective de son travail, cantique pour Dieu et, pour nous, allégresse ». C’est chose faite grâce à cet ouvrage toujours disponible auprès de l’association et à la librairie Labbé de Blois.

Michel Lemay

(1) Le réalisateur blésois Grzegorz Tomczak a réalisé deux films sur Jean Touret.