Jeanne d’Arc, des cafés


Il est vraisemblable que Jeanne d’Arc n’a pas connu les saveurs du café, et pourtant, c’est à son nom qu’est désormais associé le Qahwah orléanais. Les cafés Jeanne d’Arc fêtent cette année leur cent-vingtième anniversaire.

En ouvrant sa boutique le 8 mai 1899, jour de commémoration de Jeanne d’Arc, Alfred Barthélémy aurait-il pensé que son entreprise deviendrait une telle institution sur les terres Johanniques ? Son magasin propose du café torréfié par un système à air surchauffé. On se presse alors au 7 de la rue de la République pour découvrir ce procédé novateur et breveté. Tant et si bien que deux ans plus tard, une seconde boutique ouvre rue Royale. La première Guerre mondiale freine l’activité, mais aussitôt reprise par son fils Gaston qui poursuit le développement et crée même une spécialité de café glacé. Plus tard, le petit-fils Jacques prend la suite, puis le gendre de ce dernier Daniel Girard, ouvre la troisième boutique Fbg St Jean. Aujourd’hui enfin, Stéphane Girard incarne la cinquième des générations qui se sont succédées pour faire des Cafés Jeanne d’Arc la « maison » que l’on connaît.

Esprit de compétition
« Il y avait hier comme aujourd’hui, un véritable esprit d’équipe, expliquent Stéphane et Lenka Girard. Mon arrière-arrière-grand-père cultivait cet esprit de compétition et d’excellence. Il a déposé un grand nombre de brevets de glace et de crèmes en tous genres. De même qu’il investissait son entreprise dans les associations sportives de la ville. Il voulait faire vivre et rayonner Orléans ». Dans ce même esprit, depuis quatre ans maintenant, les Cafés Jeanne d’Arc sont un partenaire officiel des fêtes Johanniques, et les dirigeants cherchent sans cesse de nouvelles recettes pour faire évoluer la marque. « Nous développons aussi les produits équitables de petits producteurs, poursuit Lenka, voire bio quand cela est possible. Nous faisons nos propres assemblages pour créer un café différent chaque mois. Un énorme travail qu’elle partage avec sa directrice Nadine Moreau. Les clients ne s’y trompent pas et participent aux ateliers hebdomadaires de dégustation et de torréfaction.

L’équilibre des thés
Idem pour les thés, tout aussi nombreux, sinon plus que les cafés. Depuis l’origine, la liste s’est allongée pour atteindre les 180 références de Ceylan, de Chine et d’ailleurs. Les résultats sont parfois surprenants. Lenka Girard aime en effet associer les thés aux arômes locaux comme le Cotignac, le miel, le coin et même les praslines Mazet.
« Je crée les briefs, explique Lenka. Les assemblages sont faits à Hambourg, je goûte les échantillons et je rééquilibre si besoin ».
L’équipe d’une quinzaine de personnes est ensuite aux petits soins pour faire valoir ces efforts de création. Les trois boutiques se modernisent tout en conservant précieusement l’aspect ancestral de la torréfaction. Cette dualité est en partie responsable du succès des Cafés Jeanne d’Arc en France, mais aussi en Belgique et en Suisse par le biais d’épiceries fines et de revendeurs. Et assurément, à 120 ans, la vielle dame a encore de beaux jours devant elle !

Stéphane de Laage