Jeanny Lorgeoux,énième objectif municipal dans le viseur


POLITIQUE Un pic, un cap, que dis-je un roc ! La fameuse tirade de Cyrano de Bergerac nous vient à l’esprit au fil d’un entretien dans le bureau du maire de Romorantin. Il en a vu d’autres en plus de 30 ans de vie politique, et l’édile tente de s’afficher, inébranlable, face aux critiques, continuant de mener sa barque, cap mis sur 2020.

Emilie Rencien

Jeanny Lorgeoux est candidat à sa propre succession, ce n’est pas un secret de Polichinelle. L’échéance électorale ne surviendra que dans deux ans mais la bataille fait déjà front en Sologne. Pour armes, des mots acérés et acerbes. Entre le conseiller municipal d’opposition et vice-président du conseil départemental, Louis de Redon, et le maire de Romorantin, la guerre semble déclarée. Les mauvaises langues adverses se frottent déjà les mains face à cette querelle verbalement lancée, remarquant, grand sourire à l’appui, que pourtant, de mémoire, le premier aurait été présenté par le second comme son possible successeur… « Nous avons été élus et comme le dit la loi, nous travaillerons, mon équipe et moi-même, jusqu’en mars 2020. » Jeanny Lorgeoux remet les pendules à l’heure. Déchu de son poste de sénateur en septembre 2017, les coups durs (ou bas ?) s’accumulent. Jeanny Lorgeoux sait d’où cela vient, selon ses dires, tout en acceptant la donne. « Marc Gricourt, Louis de Redon et ses amis qui partagent des infamies sur les réseaux sociaux, etc. J’ai perdu mon poste de sénateur car on m’a trahi. Ils veulent ma mort politique ! Tout ce qui m’importe, c’est ma ville et nos concitoyens, mais je réagis quand on m’attaque et je ne supporte pas l’injustice. Je dois être trop gentil et sentimental. »

Force tranquille

L’élu balaie devant nous, Romo Dialogues, la revue semestrielle éditée par la mairie, et détaille à l’appui, ses actions en cours et dans les cartons. Le centre-ville, l’enveloppe gouvernementale débloquée dans le cadre d’« Action Cœur de vile » (soit 500 000 euros en 2018, pour commencer) et confirmée en juillet avec le déplacement loir-et-chérien du ministre Jacques Mézard, la dette romorantinaise par habitant inférieure de 20 % à la moyenne nationale, sans oublier son « amie », Jacqueline Gourault, qu’il l’aurait trahi elle aussi… Le maire n’oublie pas d’évoquer le monde numérique. « Mais où va le Monde nouveau, où la notion du bien et du mal se dissout dans le brouillard des smartphones, vecteurs inflexibles du meilleur (l’accès à la connaissance) et du pire (la boue de la calomnie) ? » Ca, c’est fait. Un partout, la balle au centre. Une petite pique en réponse à Louis de Redon, l’ayant accusé entre autres joyeusetés lors du dernier conseil municipal de ne pas connaître les réseaux sociaux. « Pour être maire aujourd’hui, il faut être solide nerveusement, » assure Jeanny Lorgeoux, en s’expliquant. « Macron ? Oui, j’ai quitté le PS pour me tourner vers La République en Marche, mais je ne suis pas non plus un béni oui-oui, je ne suis pas d’accord avec tout ce que décide le président de la République. Néanmoins, je pense qu’il va dans le bon sens et il fallait quelqu’un pour secouer la France. Pourquoi je me représente dans mon fauteuil de maire ? Certains vous diront que je devrais aller consacrer mon temps à planter des poireaux dans mon jardin… Non, ce n’est pas une histoire d’ego. D’abord parce que je prends toujours plaisir à faire le job et que je suis en forme autant physiquement qu’intellectuellement, et ensuite, parce que j’estime avoir encore un rôle à jouer à Romorantin. Je peux comprendre la fougue de la jeunesse, j’étais pareil, mais moi, je suis honnête intellectuellement. » En mode force tranquille, par conséquent. Pour le reste, l’avenir le dira. Ou plutôt, les urnes parleront, incessamment sous peu.