La biodiversité, avenir de la ruralité solognote ?


Le 27 avril a eu lieu au Parc équestre fédéral la 16e rencontre intersolognote organisée par le Comité Central Agricole de la  Sologne qui fête cette année son 160e anniversaire ayant été fondé en 1859.

Le thème 2019 de cette rencontre destinée principalement aux propriétaires ruraux et forestiers solognots était : La Sologne riche de sa biodiversité : vers un renouveau de la ruralité solognote.

« L’’article 1 des statuts du CCAS élaborés en 1905 énonce que l’objet du CCAS est l’étude des moyens les plus utiles pour faciliter le développement de la Sologne, précise son président, Bernard Divisia. Le thème abordé lors de cette rencontre se place exactement dans cet état d’esprit. »

La biodiversité est devenue un phénomène de société, qui voit s’affronter différents groupes sociaux porteurs de visions contrastées de la nature. La biodiversité de la Sologne est un patrimoine qui s’est construit au travers des aménagements du territoire et de l’usage des ressources naturelles. Pour trouver des pistes afin de savoir comment peut-on contribuer au développement économique du territoire en valorisant sa diversité, différents intervenants ont pris la parole en traitant le sujet à partir de quatre axes, la forêt, la pisciculture, la chasse et l’agriculture en abordant à chaque fois un aspect théorique et scientifique puis un aspect pratique lié une expérience fait en Sologne.

L’homme fait partie de la nature

Christian Lévêque, président honoraire de l’Académie d’agriculture a expliqué que la nature dépend de l’intervention humaine qui a créée certaines paysages et régions comme la Camargue, zone totalement artificielle devenue un parc naturel. Il n’est pas possible d’affirmer que l’homme détruit la nature car il y a à la fois des choses positives et négatives dans l’intervention humaine. La biodiversité telle que nous la connaissons est le produit d’une histoire commune entre les dynamiques naturelles et des usages qui ont crée nos paysages. Elle n’est pas figée car la nature bouge et l’homme intervient. Christian Lévêque compare aussi la biodiversité à un jeu de mikado, toute action en faveur d’une espèce ayant des conséquences sur les autres : par exemple, la surabondance du grand gibier impacte la flore et le petit gibier.

Le thème de la forêt a été traité par Bernard Roman-Amat, ingénieur forestier et sylviculteur, évoquant les perspectives en matière de gestion de la forêt face aux changements climatiques, conseillant aux propriétaires forestiers solognots  de bien connaître le sol de leurs propriétés, d’avoir un grand nombre de semis permettant la sélection naturelle et de travailler avec ses voisins et de s’adresser à des professionnels locaux pour affronter au mieux le réchauffement climatique, en précisant : « L’avenir des forêts n’est pas écrit, il sera le résultat des expérimentations sur le terrain à condition qu’elles soient pensées et documentées. » Francis Olivereau, chef de l’unité écologique et Christophe Bach, animateur Natura 2000 en Sologne ont démontré que la forêt solognote était le siège d’une biodiversité remarquable avec des influences à la fois océaniques, continentales, méditerranéennes et boréales.

Sylvain Richier, ingénieur de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage a expliqué que les étangs piscicoles exploités et entretenus favorisaient la biodiversité en luttant contre l’invasion des saulneraies et de la jussie plante invasive. Pour sauvegarder la pisciculture, la régulation des populations de cormorans est indispensable, la protection de cette espèce n’ayant plus de raison d’être, même si des marchés de niche ont été trouvés comme l’exemple de Vincent Hennequart qui a su donner un nouvel avenir à la pisciculture avec la production d’esturgeons et de caviar. Pascal Bartout, maître de conférences en géographie à l’université d’Orléans a démontré que les étangs maintiennent le débit naturel des cours d’eau, contrairement à des idées souvent répandues et qui n’ont aucune base scientifique.

Un esprit sport nature pour la chasse

L’avenir de la chasse a été traité par Pierre de Boisguilbert, secrétaire général de la Société de vénerie. En raison du changement des mentalités et l’apparition de philosophies comme l’anti spécisme, la chasse pour continuer à exister dans les quarante prochaines années devra s’orienter davantage vers une régulation des espèces en développant davantage le côté sport nature s’inscrivant dans l’écotourisme. L’artificialité de la chasse avec l’engrillagement des propriétés « qui est une hérésie » est condamnée à court terme.

Concernant l’agriculture, Guillaume Benoit, membre de l’Académie d’agriculture a expliqué que l’agriculture avait désormais pour enjeu de produire durablement en répondant aux besoins alimentaires et non alimentaires tout s’adaptant aux changements climatiques, ces enjeux ayant été illustrés par un exemple local, celui de Frédéric Thomas, agriculteur à Montrieux-en-Sologne.

F.M.