La Chaussée Saint-Victor / Cheverny : Deux ministres, sinon rien !


Le ballet des représentants du Gouvernement a repris en Loir-et-Cher, du fait de sa proximité géographique avec l’Île-de-France, ainsi que des accointances dans le milieu des élus centristes. Entre industrie et fonction publique, entre sommet Choose France et réforme sur la table, Roland Lescure et Stanislas Guérini ont effectué sur le terrain leur job. Comme un certain air de S.A.V. ou service après-vente.
Et un ministre de plus chez Chiesi ! Le groupe familial biopharmaceutique aux origines italiennes, sis à la Chaussée Saint-Victor, n’en finit plus, du fait de ses choix d’installer durablement son activité de production d’aérosols pour les patients souffrant d’asthme et de broncho-pneumopathies, et de solutions thérapeutiques innovantes concernant des maladies respiratoires du nouveau-né à l’adulte, notamment, en France et dans le Loir-et-Cher, d’attirer les personnalités des ors de la République. D’aussi loin que nous nous remémorons, il y avait eu un premier déplacement remarqué sur place, en 2013, celui d’un ministre, en charge du fameux redressement productif, souvenez-vous, Arnaud Montebourg, pour inaugurer et découvrir l’inhalateur Nexthaler commercialisé ensuite par le laboratoire Chiesi en 2014. Cet élu, sans doute porté par ses ailes Chiesiennes et “des inaugurations toutes les semaines d’entreprises qui marchent”, percevait la crise économique esquissée par certains observateurs d‘un autre bord politisé comme une simple vue de l’esprit, voire une invention médiatique… Depuis, les tempêtes, diverses et variées, ont pourtant soufflé et bien existé, les élus ont défilé chez Chiesi (la ministre Gourault en 2020; le ministre Dussopt en 2021, etc.), mais cette entreprise spécialisée a continué son expansion déjà promise à cette époque. Au rythme, environ, d’une extension par an ! Le ministre délégué actuel, chargé de l’industrie et de l’énergie, Roland Lescure, a pu constater la prouesse par lui-même sur site le 14 mai 2024, et répété, tel un mode SAV, les avancées à venir. L’entreprise a en effet annoncé, après sa septième participation à Choose France, rendez-vous consacré à l’attractivité française, au château de Versailles le 13 mai 2024, des investissements supplémentaires de 10 M€ (en ajout des 60 millions d’euros de 2023 pour la construction d’une seconde unité de fabrication d’aérosols), ainsi que la création de 100 emplois sur son site industriel d’excellence de la Chaussée Saint-Victor. Une jolie vitrine qui a permis à M. Lescure de ne pas trop aborder l’épineuse interrogation plus générale, loin des bords de Blois et de Loire, de concurrence chinoise et de fortunes françaises préférant plutôt l’étranger … “Nous pouvons attirer des talents et capitaux en France, bien sûr ! Nous allons continuer à développer l’industrie sur notre sol et je souhaite même que l’Europe gagne avec la France en tête de pont. Nous pouvons nous réjouir des bonnes nouvelles : nous possédons en France des entreprises françaises qui conquièrent le monde,” a seriné M.Lescure en sens inverse.

Convaincants, avant, par exemple… le 9 juin ?
Quelques journées plus tard, ce fut au tour du ministre lui aussi, Stanislas Guérini, d’assurer ce service après-vente, sur un tout autre sujet méritant communication et argumentation. Avant l’Indre-et-Loire et Amboise (sans omettre une réunion publique sur les européennes avec l’ex-Première Elisabeth Borne à Joué-Les-Tours), le quadra, très à l’aise et charismatique, suite à une invitation et organisation de la députée MoDem de Blois, Mathilde Desjonquères, a tenté de rassurer à Cheverny sur sa réforme de la fonction publique, devant une audience de 120 agents triée sur le volet plutôt calme, les drapeaux CGtistes bloqués à l’entrée du Domaine de la Porte Dorée (conserverie et confiturerie), régulièrement choisi pour des rendez-vous politiques de cette majorité présidentielle. Il faut avoir le courage de regarder les problèmes en face et dire quand cela ne va pas. On doit pouvoir faire bouger les choses dans la fonction publique et pouvoir discuter de tout,” a martelé M. Guérini pendant un jeu de questions-réponses de près de deux heures relatives à l’attractivité, la rémunération, la suppression des catégories, le risque de “fonctionnaire bashing” et de dénigrement de ces métiers via le tribunal populaire des réseaux sociaux, etc. Aura-t-il, auront-ils convaincu ? Comme dans tout SAV, il existe toujours une part de satisfaction en façade pour éviter de trop attaquer frontalement son interlocuteur, et puis de grogne qui se libère sans sourciller une fois le combiné raccroché… Dans les urnes peut-être, lors du scrutin européen du 9 juin ?

Émilie Rencien