La cistude dicte sa loi aux bulldozers


la-cistude-dicte-sa-loi-aux-bulldozersLa prise en compte de l’environnement a été le souci numéro un du Pôle des sports mécaniques du centre assure Jean-Jacques Oliva, délégué du promoteur.

Jean-Jacques Oliva est sorti de son silence. Le mandataire du promoteur Promo Saxe, à l’origine du projet de circuit auto-moto permanent des Tourneix, à mi-chemin entre Saint-Maur et Luant était très discret depuis plusieurs mois. Au point que pour les personnes étrangères au dossier l’idée que le projet ne verrait jamais le jour commençait à s’installer. La mobilisation des opposants ne faiblissait cependant pas, à juste titre puisque l’on arrive au stade de l’enquête publique qui s’ouvrira au tout début de 2015.

Le mercredi 22 octobre Jean-Jacques Oliva a donc invité les journalistes à prendre connaissance du dossier technique.

Une piste de 3000 m

La piste principale en asphalte est longue de 3 000 m et large de douze à quinze mètres avec des vibreurs et des aires de dégagement. Une boucle terre sera incluse dans le circuit, divisible lui-même en deux boucles distinctes. Le circuit accueillera des écoles de pilotages, des essais constructeurs. «L’endroit est suffisamment discret pour séduire les constructeurs, indique Jean-Jacques Oliva» ainsi que des compétitions auto-moto (sauf la Formule 1). La boucle asphalte et terre permettra à l’Ecurie Berrichonne d’y organiser ses compétitions.

Des stands, un bâtiment pour la direction de course et la restauration, un paddock, ainsi que des parcs de stationnement seront construits… Le projet estimé entre 13 et 15 M€ sera totalement auto-financé par le promoteur.

Un circuit en zone sensible

Avant d’envisager de faire rouler à 260km/h des bolides de course en bout de ligne droite, Jean-Jacques Oliva et les bureaux d’études qui ont travaillé à ses côtés ont observé avec minutie les déplacements de la cistude, cette petite tortue d’eau douce classée dans les espèces menacées dont la Brenne est l’un des derniers sanctuaires.

«On va laisser faire la nature, assure Jean-Jacques Oliva, la cistude a ses habitudes pour pondre, on ne va pas faire évoluer les bulldozers à ce moment là. Nous avons par ailleurs une convention de compensation avec Chérine, nous allons investir 230.000 euros pour la réhabilitation de la queue de Bellebouche».

Il est bien entendu exclu de conserver des arbres où des arbustes dans l’enceinte du circuit qui sera entouré des merlons, de murets ou de grillages. Les voitures et motos évolueront au milieu de pelouses, les aménagements paysagers se feront autour du circuit avec en particulier la plantation de haies et d’arbres d’alignement sur les parkings.

Mais c’est la question de gestion de l’eau qui a été au centre des études. Les mares qui se trouvent sur le tracé de la future piste seront compensées par la re-création de nouvelles mares dans l’enceinte du complexe. Leur surface passera de 6 à 12 ha. Parallèlement, la récupération des eaux de surface (piste, paddock etc…) s’effectuera grâce à des caniveaux à fente. «Il en existe seulement sur le petit circuit de Magny-Cours, se félicite Jean-Jacques Oliva». Ces caniveaux conduiront l’eau dans des bassins de décantation et de lagunage plantés de roseaux. «Nous aurons plutôt tendance à améliorer les eaux du site et c’est heureux pour la qualité des eaux de la Claise qui laisse à désirer.»

Le meilleur avocat de Promo-Saxe est finalement le ministère de l’Environnement qui, dans une réponse au sénateur Vert Jean-Vincent Placé valide totalement le dossier, estimant que le projet ne provoque aucune déséquilibre des cycles de migrations et qu’il s’est engagé à une gestion écologique pérenne des milieux impactés par le circuit. Au demeurant Jean-Jacques Oliva estime que les paysages de Brenne font le charme de ce circuit, il convient donc de les protéger.

Les questions qui fâchent

Cette conférence de presse aurait été un long fleuve tranquille pour le mandataire du promoteur si l’on en était arrivé aux questions qui fâchent. Le bruit d’abord : le circuit des Tourneix accueille les sports mécaniques depuis le milieu des années 80. Par ailleurs des simulations faites sur des circuits comparables démontrent que les niveaux de bruits sont conformes aux normes. Là où Jean-Jacques Oliva est plus véhément c’est lorsqu’on aborde le problème du relogement des associations qui devront quitter le site : Air Modèle et le Moto-Club castelroussin. Visiblement les assurances qu’ont reçu les clubs et celles que lui ont donné les élus ne sont pas les mêmes. Enfin à propos de la rentabilité d’un tel investissement, l’aménageur botte en touche, après-tout c’est le problème de Promo-Saxe… même si on a toutes les chances de retrouver, le chantier terminé, Jean-Jacques Oliva comme gestionnaire du site. Quand ? Fin 2017 si tout va bien pour les défenseurs des sports mécaniques.

Pierre Belsoeur