La longue marche de Châteauroux vers la Chine


Chateauroux_chine_1 Quatre ans après les premières annonces, le projet chinois de la zone d’Ozans commence à prendre forme. Mais plus personne ne se risque à faire de pronostics sur le nombre d’emplois créés.

Le 517e régiment du Train, dernier occupant militaire du site, a fermé les portes de La Martinerie l’été 2012, laissant une friche de plus sur les bras des élus castelroussins… et 1 500
emplois en moins dans l’Indre. Une friche de 291 hectares très précisément répartie entre les communes de Déols (141) Etrechet (82) Diors (43) Montierchaume (24). Jean-François Mayet, maire de Châteauroux, avait réussi, au cours de son premier mandat à réhabiliter l’ancienne manufacture de tabacs, au coeur de Châteauroux, en place forte du tertiaire (Axsa, Armatis, Services du conseil général) proposant plus d’un millier d’emplois. Il a cette fois frappé à la porte de la Chine pour réussir un nouveau sauvetage. La zone d’Ozans qui reprend une partie des terrains de la Martinerie et 500 ha de terres agricoles (ce qui fait hurler les agriculteurs et les écologistes) ne leur est pas entièrement dédiée, mais dans l’esprit des élus de l’agglomération, les entreprises chinoises doivent provoquer un effet d’attraction.
On a commencé à parler d’Ozans en 2008, des Chinois en 2009 (une délégation de passage à Châteauroux avait participé à l’inauguration de la Foire Exposition) et en 2013 les habitants de l’Indre s’interrogent toujours sur le contenu réel du fameux projet chinois.
Enorme chantier de voirie La partie la plus spectaculaire actuellement, c’est l’énorme chantier de voirie qui est ouvert depuis le printemps. Il s’agit de passer à deux fois deux voies la rocade de Châteauroux en jetant un pont sur la liaison ferroviaire Châteauroux-Toulouse et en créant un énorme échangeur à la place du rond point de la route de Saint-Amand. Des dessertes ont également été aménagées sur la zone d’Ozans. Il ne manque donc plus que les Chinois.

Les chatelains d’Ozans
Les Chinois sont propriétaires du château d’Ozans, une construction du XIXe qu’il est urgent de sauver de la ruine. Auprès de ce bâtiment ils vont ériger un hôtel restaurant et un immeuble de bureaux de 4 500m2 pour permettre aux investisseurs de travailler sur place à leur installation. Les permis de construire, tant pour la restauration du château que pour la construction des bâtiments sont d’ores et déjà déposés.
Gil Averous qui conduit la liste UMP aux élections municipales et Mark Bottemine tête de liste PS font partie du cercle très restreint des spécialistes du projet. Le premier en tant que chef de cabinet de J.F Mayet. « C’est moi qui l’ai alerté lorsque j’ai appris que des missions exploratoires chinoises s’intéressaient à la France.» Le second en tant que directeur de l’aéroport. Il prospectait en Chine avec l’appui de la région Centre pour tenter d’ouvrir une ligne de fret. C’est d’ailleurs dans les locaux de l’aéroport qu’a eu lieu la première conférence de presse présentant Châteauroux Business District. L’aéroport, c’est le premier atout de Châteauroux dans ce dossier chinois.

Un établissement universitaire
L’idée c’est d’attirer un ensemble d’entreprises (et non pas un seul investisseur) fédérées sous l’égide du gouvernement chinois, puisque rien ne peut se passer sans l’aval du gouvernement. La China Bank est partie prenante, dans la société franco-chinoise d’investissement (SFECZ) destinée à acheter les terrains et construire les bâtiments industriels. Une partie des terrains de la Martinerie est réservée pour les Chinois et notamment la cour d’honneur qui pourrait accueillir un établissement universitaire de mise à niveau des jeunes chinois en langue française. «Le projet n’est pas idiot, concède Mark Bottemine, le piège c’est le côté grégaire des Chinois. Il s’agira donc de mener une réflexion politique pour qu’ils ne restent pas entre eux dans leur coin.»
Manifestement le projet avance, mais les élus ne veulent plus céder à la tentation des effets d’annonce. Il n’y aura sans doute pas 3 500 emplois qui s’abattront d’un seul coup sur le Berry, mais une entreprise de réindustrialisation de longue haleine. Les plus subtils l’ont compris et les cours de chinois explosent au centre de formation de la Chambre de Commerce, comme dans les lycées castelroussins.

Pierre Beloeur