La Septaine, ce petit coin de Berry façonné par un ardennais !


Septaine, en Français, c’est l’union de 7 choses ou 7 personnes qui, réunies, forment un ensemble. Dans le Berry la Septaine représente un morceau du territoire berrichon. On croit souvent à tort que 7 paroisses berrichonnes auraient pu être unies au sein d’un même fief pour constituer ce petit bout de Berry au nom si particulier. Il n’en est rien ; la Septaine renverrait chez nous à un vieux terme juridique de l’ancien régime qui désignait des paroisses « où les bans étaient les mêmes que ceux de la capitale provinciale qu’elles jouxtaient ». Cela veut dire que les paroisses de la Septaine en Berry  voyaient la loi de Bourges s’appliquer sur leur territoire. Les us et coutumes, droits et devoirs étaient ici les mêmes que ceux de la capitale du Berry.
Plus de deux siècles après la fin de l’Ancien Régime, les communes de la Septaine sont toujours installées aux portes de Bourges et sont animées par un destin commun au sein de la communauté de communes de la Septaine, laquelle réunit non pas sept, mais dix-sept communes du Sud-Est de Bourges. Ces communes ont été parmi les précurseurs de l’intercommunalité en Berry puisque dès 1999, six premières communes constituaient la seconde « com com » du Cher. A la fin des années 90 pourtant, peu de communes du secteur rural ne voulaient entendre parler d’intercommunalité. C’est Pierre-Etienne Goffinet, le maire d’Avord, qui a su convaincre ses collègues. « J’ai tout de suite compris qu’il fallait mutualiser les moyens et les compétences ».
Pierre-Etienne Goffinet est originaire des Ardennes. Il s’est installé dans le Berry dans les années 80 pour travailler dans l’industrie agroalimentaire. Il entre au conseil municipal d’Avord en 1989 et devient maire en 1995. « J’ai toujours eu envie de servir la collectivité, je crois que j’avais 7 ans lorsque mon grand-père m’a expliqué que les maires étaient élus par tous pour être au service des autres, je crois qu’il a créé chez moi une vocation. Je gère le territoire, je ne m’intéresse pas à la politique politicienne. Les listes que je conduis rassemblent des hommes et des femmes de toutes les sensibilités. L’important c’est d’avoir des élus capables de monter les dossiers, pas qu’ils soient de droite ou de gauche ». Une vision non partisane qu’il a également amenée à la communauté de communes. Il nous reçoit avec son vice-Président délégué à l’économie, Marcel MAZENOUX. Les deux hommes ne cachent pas ne pas partager la même sensibilité, mais on perçoit la confiance et une certaine complicité dans leurs relations. « Pierre-Etienne a une mémoire hors du commun, explique Marcel Mazenoux, mais ce qui nous impressionne le plus, c’est son pilotage des réunions. Jamais plus de deux heures, il nous oblige à tenir le rythme, il ne faut pas se perdre en palabres. Et le plus fort c’est que les dossiers sont votés à 99 % à l’unanimité ».
Les champs d’interventions de la communauté de communes sont vastes. Les communes lui ont délégué : l’aménagement de l’espace, le développement économique, la création et la gestion de zone d’activités, la culture, certains équipements sportifs, l’environnement, l’assainissement non collectif, la collecte et le traitement des déchets, le logement, une partie de l’action sociale, une partie des voieries, la halte garderie et le relais assistantes maternelles, l’accueil de loisir, les affaires scolaires et périscolaires ce qui n’est pas une petite affaire puisque la Septaine accueille 53 classes et 1188 élèves de la maternelle au CM2.
Certaines compétences sont optionnelles et les communes sont loin d’être dessaisies de leurs prérogatives. C’est un formidable outil de mutualisation et de mise en réseau que les élus ont construit pour servir le territoire.
Concernant l’avenir de cette intercommunalité, Pierre-Etienne Goffinet pense qu’il ne serait pas sage d’élargir encore et trop vite (la Septaine a déjà fusionné avec la communauté de communes de la Champagne balgycienne en 2010) « les orientations que prend la loi NOTRe qui va réformer les intercommunalités laissent à penser que nous ne seront pas obligés de nous élargir ». Pierre-Etienne Goffinet se méfie de l’élection des conseillers communautaires au suffrage universelle « je préfère que le Président soit désigné par les maires, la communauté doit être au service des communes, c’est un outil de coopération. En tant que Président de communauté de communes j’ai plus le sentiment d’être un technicien de l’aménagement que d’être un super maire. Si vous mettez trop de politique politicienne là dedans, ça ne marche plus… ».
Même s’il est un fervent défenseur des communes, Pierre-Etienne Goffinet ne joue pas de la langue de bois « Il faut soutenir les communes, mais il faut admettre qu’il y en a trop ; 36 000 ce n’est pas raisonnable ! Il faudrait que les politiques nationaux aient un peu de courage pour le reconnaître. D’autant qu’il y a des solutions intermédiaires, on pourrait maintenir tous les maires des petites communes dans leurs compétences d’agents de l’Etat, c’est à dire l’état civil et les pouvoirs de police. Pour le reste, il faut fusionner les communes trop petites. »
Dans la Septaine, les projets ne manquent pas : la mise en réseau des bibliothèques, le service auprès des personnes âgées, le relai assistantes maternelles, l’enfance jeunesse, les écoles, avec plusieurs écoles neuves en projet, une étude sur le haut débit… Les projets sont si nombreux qu’il est impossible de tous les restituer dans un seul article du Petit Berrichon. C’est presque tout l’entretien avec le Président qu’il est difficile de restituer tant il a été riche. On dit l’Ardennais tenace et généreux, deux qualités que Pierre-Etienne Goffinet a su mettre au service du Berry pour façonner le territoire et l’inscrire dans l’avenir !
Ch. Matho