Lamotte-Beuvron : Quand le sabre se mêle des affaires du goupillon…


Le 19 septembre, le cycle automnal des conférences du Groupement Archéologique et Historique de Sologne a débuté par une intervention de Daniel
Boisset.
Celui-ci qui était déjà venu l’an passé évoquer les cahiers de doléances sur le territoire de Saint-André-lès-Cléry est revenu sur la période pré-révolutionnaire afin de raconter un litige opposant en 1786 à Saint-André-lès-Cléry, le marquis Pierre-Claude de Poterat, seigneur des lieux, à l’abbé François-Benoît de Gondoin. Le premier, officier de cavalerie au régiment d’Orléans…et agent secret pour le compte de Louis XVI reprochait au second, chanoine doyen de la collégiale Saint Liphard à Meung-sur-Loire et bras droit de l’évêque d’Orléans de laisser faire la mauvaise gestion des comptes de la paroisse Saint André.
Le 14 mai 1786, l’abbé de Gondoin se rend à la messe dominicale afin de certifier les comptes de la paroisse qui n’avaient pas été validés depuis trois ans. Le marquis de Poterat, quant à lui, conteste cette certification, s’appuyant sur la doctrine d’un juriste orléanais de l’époque qui soutient que la certification des comptes paroissiaux doit être faite par une assemblée de paroissiens. Les deux éminents personnages, sensés tous deux respecter la religion catholique et ses représentants, campent sur leurs positions et à l’issue de la messe, s’invectivent devant l’autel. L’abbé reproche au marquis de « ne respecter ni l’Église, ni la religion », et Poterat de répliquer que « tous les ecclésiastiques ne sont pas respectables », visant directement l’évêque d’Orléans qui menait une vie mondaine dans son château de Meung-sur-Loire, et dont Gondoin était le bras droit. Traité ensuite par l’abbé de « mauvais chrétien », le marquis saisit le 19 mai le bailliage de Beaugency, tribunal dont dépend Saint-André-lès-Cléry afin d’obtenir des dommages et intérêts en réparation de l’affront qu’il a subi de la part de ecclésiastique. Devant le lieutenant criminel, l’abbé de Gondoin se défend d’avoir provoqué cet affrontement et invoque un édit royal de 1695 pour justifier son droit de contrôler les comptes paroissiaux, en demandant que l’affaire soit portée devant une juridiction civile. Le 4 juillet 1786, le bailliage donne raison à l’abbé mais sur appel du marquis, le jugement est cassé par le Parlement de Paris le 12 juillet. Le Parlement rend ensuite un arrêt définitif le 9 septembre, condamnant l’abbé à payer au marquis trois cent livres de dommages et intérêts que le marquis cédera à l’Hotel-Dieu de Cléry. L’abbé de Gondoin règle la somme le 12 octobre avant de décéder le 25 novembre, Mais l’affaire continue car les comptes paroissiaux ne sont pas encore validés. Comme les marguilliers et le curé de la paroisse, Bernard, font preuve de mauvaise foi afin de masquer les fraudes dont le cumul de fonctions de Bernard, à la fois curé et chanoine, le lieutenant criminel de Beaugency prononce des sanctions pécuniaires à leur encontre. On peut constater que pour cette affaire la justice avait été particulièrement rapide, peut-être parce qu’il s’agissait d’éminents sujets du roi. Prochaine conférence du GRAHS au cinéma Le Méliès le 17 octobre à 18 h sur « Les tragédies des lycéens parisiens résistants, le 10 juin 1944 en Sologne.
F.M.