Les Lavandières vont métamorphoser la rue de l’Indre

Le Comptoir des Pharmaciens réhabilité au cœur d’un mini village «Les Lavandières», une ouverture sur la rue des Ponts, une autre sur la rue de l’Indre, le projet d’Urba City et du cabinet Architec-PUR ne manque pas d’attraits.

Encore un peu de patience. Les Castelroussins, de plus en plus nombreux, en particulier le samedi matin, jour de marché, à emprunter le passage le long des balustrades de chantier de l’ancien Comptoir des Pharmaciens du Centre (CPC), se désespèrent de voir ce joli coin de Châteauroux rénové. Pour vous faire patienter Le Petit Berrichon est allé rencontrer ceux qui préparent la mue de la ruine industrielle laissée à l’abandon depuis le déménagement d’Alliance Santé à Déols entre 1995 et 1999.

« La ville de Châteauroux souhaitait vendre cette verrue qui ne lui était d’aucune utilité, explique Claude Mamalet, responsable du projet avec Jean-Marc David chez Urba et c’est notre proposition de réaménagement qui lui a paru le mieux correspondre à la façon dont elle voulait voir évoluer le quartier».

En fait, comme l’indique le plan masse du cabinet d’architecture Architec-PUR, ci-contre, le projet ne concerne pas uniquement l’espace occupé par le bâtiment en béton de 4.000 m2. Un vieux bâtiment au fond de la propriété du 58 rue de l’Indre sera détruit et sur l’emplacement récupéré on implantera quatre maisons de ville avec jardins, dans l’alignement du parking privé du 60 rue de l’Indre. Une maison classée sera rénovée et deux autres construites en bordure de la rue de l’Indre.

Côté rue des Ponts les anciens bâtiments des anciens Etablissements Mesnager seront rasés ouvrant la perspective sur le CPC réhabilité et huit maisons de ville y seront construites.

Quant au mastodonte lui même on ne touchera pas à son volume

« Il s’agit d’un immeuble construit selon la même technique que celui du Crédit Agricole avenue de La Châtre : un ensemble de poutres, poteaux et planchers béton. Il s’agit donc de le réaménager en conservant le gros œuvre.»

L’architecte Charles Oliviero (à qui l’on doit aussi Les Terrasses du Palais, autre réalisation d’Urba City en cours de finition face au palais de justice) a créé une quinzaine de logements sur les trois niveaux supérieurs du bâtiment. Le rez-de-chaussé est réservé au stationnement des résidents.

« Nous ne souhaitions pas, détaille Claude Mamalet, arriver à une trop grande densité de population. Les appartements iront du T2 au T5 avec des balcons inclus dans le bâtiment car notre volonté était de conserver la construction sans adjonction d’éléments extérieurs. Les terrasses sont donc logées dans les angles, en sous toit.»

Charles Oliviero reconnaît avoir pris plaisir à penser cette réhabilitation. « Il fallait créer quelque chose de beau, avec un maximum de verdure dans la continuité de la promenade de la baignade. C’est pourquoi j’ai délibérément réouvert le cours d’eau busé, prolongeant ainsi la remise en valeur des lavoirs en amont. Je crois que la Ville est prête à faire de son côté le nécessaire pour paysager l’espace entre le CPC et l’Indre.»

Réalisation en 2018

Ce vaste projet verra bien le jour mais il reste des détails à affiner et les dernières acquisitions à finaliser avant le dépôt du permis de construire dans le courant du premier semestre. Porté par des promoteurs privés (Urba City est la propriété de cinq actionnaires castelroussins) il est également lié à la commercialisation sur plans d’une partie des logements avant que ne soit donné le premier coup de pioche. « Il existe une forte demande sur ce projet, affirme Charles Oliviero, cet aspect ne m’inquiète pas. » Claude Mamalet estime pour sa part. « C’est vrai qu’il existe une vacance de logements à Châteauroux, mais parce que souvent ils ne correspondent plus aux besoins actuels: mal ou pas rénovés, sans ascenseurs, énergivores. Si vous proposez un beau logement, bien isolé dans un environnement agréable, vous répondez à une demande.» Il fallait aussi qu’Urba City termine la commercialisation des Terrasses du Palais (où seront d’ailleurs transférés les bureaux du promoteurs). Il reste six appartements sur quarante-six à vendre c’est donc un succès.»

Pour les riverains, même si les travaux risquent de provoquer des nuisances (Claude Mamalet estime à un an la durée du chantier) la réalisation de ce projet est une aubaine. Les Lavandières vont redonner de la valeur au quartier et surtout faire disparaître une verrue qui attirait les squatters. Ils avaient réussi à faire flamber une partie de la toiture en octobre 2015, quand le bâtiment était encore la propriété de la Ville. Seuls mécontents dans cette affaire, les Castelroussins qui appréciaient le parking sauvage, à deux pas du centre, en grimpant la Grande Echelle, excellente mise en jambe avant de rejoindre leur bureau. Mais le cheminement sera rétabli à la fin du chantier et seules la vingtaine de places les plus proches aura disparue, la partie située à l’extrémité du chemin de la baignade deviendra sans doute un parking paysager. Gratuit ?

Pierre Belsoeur


Le CPC, un demi siècle d’histoire à Châteauroux

C’est à Pierre Jarriault, pharmacien castelroussin que l’on doit la création du comptoir des pharmaciens du centre (CPC) en 1950. A cette époque les potions préparées par les pharmaciens laissaient peu à peu la place aux médicaments industriels. Pierre Jarriault eut alors l’idée de créer cette entreprise de répartition aux service des officines de l’Indre d’abord et bientôt de la région puisque l’activité du CPC allait desservir une trentaine de départements.

Installé au 64-66 rue de l’Indre dans l’ancienne fabrique de chaussures Petit. Les comptoirs allaient rapidement s’agrandir avec la construction d’un hangar en 1953, puis du bâtiment actuel que l’on doit à l’architecte Pierre Bouguin dans les années 1965-1966.

A la mort de Pierre Jarriault, en 1987 l’entreprise comptait 550 salariés. En 1995, le CPC, devenu Alliance Santé au terme de différents regroupements, a quitté la rue de l’Indre pour rejoindre de nouveaux locaux à Déols. Le grand bâtiment sera donc resté une vingtaine d’années à l’abandon avant de retrouver une nouvelle jeunesse.

Le terrain sur lequel sera implanté le futur ensemble immobilier est traversé par deux ruisseaux : La Font Charles, canalisé sur la plus grande partie de son parcours avant de rejoindre l’Indre juste après la rue des Ponts et La Fontaine des Religieuses sur le bord duquel ont été réhabilités un certain nombre de lavoirs (Ce qui a inspiré le nom du futur ensemble «Les Lavandières») et qui reverra la lumière à la faveur de cette opération immobilière. P.B

(avec le service des archives de Châteauroux Métropole)