Le Poinçonnet : Lorène dompte les grains de sable en lumière


Lorene dompte le sable
Ses dessins sortent du sable, comme des mirages. Une heure de poésie de conte et de musique. Un spectacle exceptionnel pour clore la saison de l’Asphodèle.
«Lorène Bihorel, une artiste exceptionnelle pour un seul soir dans votre ville». On vous la fait à la façon camelot, mais c’est vrai que Jack Moreau a ramené une pépite dans ses filets en croisant la route de Lorène Bihorel. Remarquez, l’artiste a décroché le prix du public au «off» d’Avignon, difficile après çà de passer inaperçue. Elle en a mis plein la vue  aux festivaliers avec une prestation essentiellement visuelle dont il n’est à priori pas évident que l’on puisse faire un spectacle.
Comme une marionnettiste, elle est devant vous, mais vous la voyez à peine car ce n’est pas elle, mais le tableau qu’elle dessine qui sort de l’ombre. Projeté sur grand écran ce tableau est animé par ses mains qui manipulent le sable sur une table lumineuse.
Voilà, Lorène dessine l’éphémère avec du sable. «J’ai découvert cette technique utilisée par une Ukrainienne un peu par hasard. Enfant d’artistes, j’ai toujours dessiné. En faire mon métier est devenu une évidence, le bac passé. Dessiner avec du sable, pour la bretonne que je suis, c’était revenir à mes jeux d’enfant. Au début, il s’agissait de performances de cinq minutes et puis, grâce à l’appui technique de Djae, mon compagnon, qui m’a construit ma table lumineuse, nous avons décidé d’en faire un spectacle».
Il fallait construire un scénario, illustré par des dessins, une voix off qui raconte l’histoire et une bande son qui donne l’ambiance musicale du conte. Toute la magie du spectacle est de voir apparaître, sans temps mort, les dessins ocres au fur et à mesure du récit.
«Je joue sur les nuances, détaille Lorène, puisque je dispose d’une seule couleur, sur ma plaque éclairée. C’est l’épaisseur de sable qui fait apparaître le dessin. Ce sont toujours les mêmes dessins, mais avec l’aléatoire du grain de sable qui va donner une expression différente à mes personnages, d’une fois à l’autre».
Une cinquantaine dans le monde
Il n’existe pas d’école de dessinateurs sur sable. «Je suis toute seule en France, croit savoir Lorène, et  nous sommes peut-être cinquante dans le monde. On se rencontre de temps en temps. J’en connais au Canada, au Japon, aux Etats-Unis et puis en Ukraine comme je le disais au début. Il faut donc acquérir sa propre technique et tout créer».
Un travail d’une grande précision tant pour la préparation technique que dans la création en public. «Les régisseurs de salles aiment bien nous voir arriver car notre spectacle ne présente pas de difficulté en terme d’éclairage : il suffit d’installer la table lumineuse, la caméra fixe et l’écran».
Lorène utilise évidemment son propre sable. «J’ai mis longtemps à sélectionner celui qui convenait le mieux a mon travail, ne me demandez pas d’où il vient, c’est un secret. En fait je n’en utilise pas beaucoup, je travaille par couches fines successives et chaque couche crée une lumière différente».
Le tour de magie dure une heure et met sous le charme les parents comme les enfants «émerveillés par les images qui apparaissent».
Le spectacle de Lorène tourne depuis deux ans «nous le jouons une centaine de fois par an et il évolue effectivement au fil du temps même si la bande son reste inchangée. Nous avons une belle programmation qui doit nous conduire jusqu’en avril-mai 2016. Notre contact avec l’Asphodèle remonte à un an et nous sommes ravis de venir vous rendre visite le 29 mai».
Propos recueillis par Pierre Belsoeur
Pratique: Des histoires dans le sable le 29 mai, 20 h 30 à la salle de spectacle du Poinçonnet l’Asphodèle. Prix des places 15 €,12 € pour les abonnés. Il est prudent de réserver au 02 54 60 55 35