Maternité du Blanc


Marianne étouffée par les écharpes abandonnées

TERRITOIRE Dix-neuf maires et cinquante maires-adjoints de la région du Blanc ont remis leur démission au préfet pour protester contre la fermeture de la maternité du Blanc.
Pierre Belsoeur

Marianne a disparu sous les écharpes des frondeurs.

Devant les grilles de la préfecture une cinquantaine de personnes attendent d’être reçues par le préfet. A terre, sur les marches, un amas tricolore forment un monticule sous lequel disparaît le buste de Marianne. L’attente se prolonge, mais aucune impatience ne monte des rangs. La patience et la détermination sont les qualités des Brennous engagés dans la lutte pour sauver la maternité du Blanc.
Une lutte placée également sous le signe de l’imagination. Aucune violence mais des symboles forts pour caractériser la démarche. L’amas tricolore est constitué par les écharpes des dix-neuf maires et cinquante adjoints qui ont décidé d’abandonner leur mandat. Représentants d’un territoire en souffrance auquel l’administration de la santé publique oppose le manque de sécurité de leur établissement, les élus sont les porte-parole de leurs administrés.
« Il nous faut des médecins pour faire tourner notre maternité », réclament les habitants de la Brenne. « Vous n’avez pas assez de médecins donc on ferme votre structure », répond l’administration. Cette colère de leurs administrés, les maires, reçus en délégation après trois quarts d’heure d’attente, sont allés la porter une nouvelle fois au représentant du préfet. Ils venaient du Blanc évidemment, mais aussi de Martizay, Ciron, Mézières-en-Brenne (Jean-Louis Camus avait enfilé sa biaude pour monter à la capitale de l’Indre), Mauvières, Belâbre ou Nuret-le-Feron… avec la même détermination.

Quelques élus, autour d’Annie Gombert (avec dossier rouge), maire du Blanc, attendent l’ouverture des grilles de la préfecture.

Et maintenant ?
« Ce n’est pas une bonne idée » avait dit Serge Descout, un rien défaitiste après être allé apporter son soutien aux Blancois, lors de la grande manifestation du mois de septembre. Pas une bonne idée car les démissionnaires restent conseillers municipaux et que les citoyens des dix-neuf cités de Brenne ne devront pas retourner aux urnes pour se choisir un nouveau maire. Dans les faits, le préfet a deux mois pour décider s’il accepte ou non ces démissions. L’élu peut passer outre ce refus, il a alors un mois pour quitter le conseil et alors seulement on pourra envisager de nouvelles élections si besoin est.
Pratiquement, l’abnégation des élus est telle qu’ils continueront d’assurer un service minimum pour que la vie communale puisse continuer. Simplement il n’y aura plus de réunions du conseil municipal et les représentants des communes n’auront plus aucune représentativité face à l’administration.
Par ailleurs, Jean-Louis Camus, président de la communauté de communes Coeur de Brenne qui fédère onze communes, n’abandonne pas ce mandat. « C’est un rôle d’aménageur. Le président de la communauté de communes n’a pas été élu par les habitants, il n’a pas le même rapport avec ses électeurs. »
Un mouvement de démissions symboliques, donc, mais inévitable par rapport à la population aux côtés de laquelle ils se sont engagés. Les longs applaudissements des militants de « C’est pas demain la veille » accompagnant l’entrée de la délégation étaient porteurs de la reconnaissance des citoyens face à l’engagement de leurs élus. Porteur. Ce n’est peut-être qu’une première vague de démissions d’ailleurs, on est curieux de voir comment les conseillers départementaux vont se comporter… tout comme le député François Jolivet qui n’a pas de mots assez forts contre l’antenne régionale de santé (ARS).
Il s’agit en tout cas d’un très mauvais signal pour les élections municipales 2020, au moment, où de plus en plus de maires annoncent d’ores et déjà qu’ils ne pensent pas se représenter.
A suivre, donc.