Ne plus passer par la case supermarché : rêve ou réalité



Un mois sans supermarché, c’est le défi que s’étaient lancés de drôles d’oiseaux berrichons, les colibris du Berry. Un collectif né de l’idée que l’on peut changer ses habitudes de vie et que ce n’est pas parce que l’on pense qu’il n’y a plus rien à faire qu’on doit se croiser les bras, une philosophie de vie basée sur la fable amérindienne du colibri. Retour sur cette expérience.
Oublié le caddie débordant de boites, cartons et bouteilles, terminée la corvée de courses du vendredi soir dans un supermarché bondé, finie l’attente interminable aux caisses… L’idée a de quoi séduire, mais comment imaginer déserter ce temple de la consommation ? « C’est très simple, nous dit Manon Six, à l’origine de la création du collectif. Dans notre région, il y a beaucoup de producteurs locaux, il suffit d’aller à leur rencontre, de fréquenter les marchés, d’aller chez votre boucher, charcutier… cela est beaucoup plus agréable. » Effectivement, cela paraît plutôt facile. Mais alors, pourquoi toutes les semaines, remplissons-nous un caddie ? Un bref flash-back sur ma dernière liste de courses me permet de réaliser qu’il y a beaucoup d’autres produits que nous achetons. Les produits d’entretien ? « On peut en fabriquer soi-même ou les acheter chez l’épicier, ce qui permet de discuter avec les gens du village ». Les jus de fruits ? « Il y en a de délicieux chez les maraîchers ». Les éponges ? « J’ai depuis un an déjà fait l’acquisition d’éponges lavables ». Manon a réponse à tout et pour autant ne nous culpabilise pas. « On sait bien que tout le monde ne peut pas du jour au lendemain abandonner le supermarché mais faire attention c’est déjà bien ». Et le coût de tout cela, car on imagine que les dépenses sont plus élevées. Et bien non, Manon l’affirme, son porte-monnaie n’a pas fondu.

Objectif zéro déchets
Avec ce mode de vie, il y a assurément un produit dont l’utilisation se raréfie. C’est le sac poubelle, car derrière cette action, l’idée forte qui anime Manon et Flavien, lui aussi à l’origine du collectif, c’est la diminution des déchets. « Avec Flavien, nous avions l’habitude de nous retrouver pour courir dans la forêt et nous constations à chaque fois que les gens laissaient des déchets. Nous avons commencé à les ramasser. Tout a commencé comme ça. » Comme quoi l’adage selon lequel le sport serait bon pour le corps et l’esprit se révèle vrai ! De bonnes idées peuvent naître d’une séance d’entraînement. Ils ont aussi beaucoup appris du livre de Jérémie Pichon, Famille presque zéro déchet. Le lancement du défi « Un mois sans supermarché », inspiré d’une opération née en Suisse, a été l’occasion de la création du collectif, suivi aujourd’hui par 250 personnes. De nombreuses moments de convivialité sont dores et déjà envisagées : des rencontres, des randonnées avec ramassage des déchets, des pique-niques zéro déchet… Le collectif essaie également de sensibiliser les commerçants et producteurs au fait qu’il faut ramener les contenants, action qui est perçue très positivement. Une affichette est distribuée dans les commerces mentionnant qu’ils acceptent les sacs à vracs, boîtes et bocaux de conditionnement.

Une prise de conscience
Depuis ce mois sans supermarché, Manon avoue y être retournée, pour des fournitures administratives comme les cartouches d’imprimantes. En revanche, il ne lui arrive jamais de repartir avec un caddie rempli. Elle y achète finalement peu de choses. « L’important dit-elle n’est pas de s’interdire d’y aller, mais plutôt d’essayer de faire attention dans ses achats. » Expérience personnelle, depuis la réalisation de cette interview, je dois avouer que je suis retournée dans une grande surface, mais j’ai eu un autre regard sur tous ces rayons regorgeant de promotions, de ces boîtes de gâteaux emballées, suremballées, et surfilmées et je les ai reposées. Pas grand chose me direz-vous mais une prise de conscience et un premier geste, finalement en plein accord avec la philosophie du colibri. On peut tous, à notre échelle, agir, « Il n’y a pas de petits gestes quand on est 60 millions à le faire », les colibris du Berry sont là pour nous montrer le chemin.
Frédérique Rose
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