Cette année le Père Noël était en avance. À peine rentré de la plage, il s’est pointé. Pas devant la cheminée vu que votre serviteur a suivi les conseils pour faire des économies d’énergie et a installé un poêle à bois … Pas dans les pantoufles, ou même dans une vielle paire de chaussures non plus ! Selon la responsable de la bonne tenue du mobilier et de l’immobilier local, ça ne se fait pas…
Que nenni. Il était en avance dans les magasins. Même pas eu le temps d’acheter les fournitures scolaires, à peine vue une citrouille dans les vitrines et on est passé en mode Noël. Et que je te charge les rayons de joujoux par milliers au détriment des promos pour la foire aux vins ( à consommer avec modération) et que je te cache les costumes de sorcières orange et noir. Une arrivée si intempestive, et si rapide, qu’on se dit que l’élection de Miss France c’est pour bientôt et que la saison du blanc est pour demain …
Que nenni, il était en avance à la télé aussi. Depuis la mi-novembre, avant que l’on découvre le concours de pull-overs moches de Noël dans l’immanquable « Affaire conclue », l’histoire se répète sur plusieurs chaînes de la TNT, et parfois même en prime time, avec petit a- une mère célibataire, divorcée ou veuve, voir abandonnée par son compagnon – c’est l’héroïne ; petit b- un enfant qui voudrait un papa/nouveau papa comme cadeau de Noël, afin de lui lancer des ballons de football américain ou des balles de base-ball – c’est pour l’empathie ; petit c- un copain d’enfance, ou un prince version goguette anonyme – c’est le beau gosse ; petit d- un vieux monsieur des fois avec la barbe, des fois sans pour pas qu’on le reconnaisse- c’est le père Noël mais on ne le sait pas tout de suite; petit e- un autre prétendant, ou un autre prince – il faut qu’il ait de la tune – c’est le vilain !
On vous passe les détails mais, généralement, l’histoire est assez simple. Au début tout le monde ne se connaît pas mais ça va s’arranger. Ils se rencontrent tous au milieu du film jusqu’à ce que petit a embrasse petit e mais petit c est devenu amoureux de petit a parce qu’il a sauvé petit b d’un accident causé par petit d qui vient de faire un malaise vu qu’il est perdu sur notre planète et que les rennes qui tirent son traîneau sont complètement paniqués au milieu de la circulation états-unienne; ou alors petit d s’est retrouvé en état d’ébriété, pour cause d’abus de lait de poule, si le film veut faire avancer la lutte contre l’alcoolisme. On passe les détails donc. Mais, à la fin, on peut penser que petit a et petit c sont devenus plus que des amis : il neige dehors – que l’action se déroule en Alaska ou à Hawaï- petit a et petit c s’embrassent sur la bouche devant petit b, ce qui indique qu’il va certainement avoir bientôt un petit frère ou une petite sœur, et le sapin décoré tout plein. Petit e se retrouve soit en prison, soit ruiné, soit marié avec petit f (une pimbêche qu’on n’avait pas vu arriver!) alors que, au dessus du toit de la maison de petit a et petit c, petit d s’envole sur son traîneau en faisant ho, ho, ho ! Si vous ne versez pas une petite larme c’est que vous êtes des sans-cœur … Sauf que quarante jours à pleurer ça ressemble à une version hivernale du déluge. En zone sèche, ça peut le faire mais on ne peut décemment pas imposer ça aux gens qui ont été inondés récemment.
Il existe, dans le monde réel, une version moins romancée mais qui ferait exploser le budget mouchoirs en papier d’un Levalloisien en mal de maire. Ça s’appelle pas « Groot » mais « Balkany est candidat ». Pour le moment le héros se prénomme Patriiiick. Comme Bruel. Il est fils d’immigré de l’Est . Il n’a plus un radis et se retrouve en prison et dans la dèche. C’est derrière les barreaux qu’il a annoncé sa candidature au poste de maire de Levallois-Perret. Le fauteuil est actuellement occupé par intérim par son épouse Isabelle, les yeux verts, les yeux verts Isabelle a. Elle a bien du mérite Isabelle pendant que son Patriiick pèle ses oranges à la Santé, parce qu’elle a été malade. Dans la vrai vie, tout le monde attend la visite du Père Noël au parloir ! Des fois qu’il passerait plus tôt aussi…
