On n’a (encore) pas gagné l’Eurovision


Afin de ne pas perturber la campagne électorale officielle pour les Européennes, surmoi, moi et mini-moi avons décidé en commun, après un long débat interne, de ne pas faire de politique durant cette quinzaine. Nous n’apporterons aucun commentaire supplémentaire pour savoir qui a la plus grosse ou qui fait pipi le plus loin ou le plus haut sur le mur d’en face. Ce serait avantager quelques candidats au détriment de certaines candidates… Parlons donc d’un sujet qui nous concerne tous : le grand prix de l’Eurovision de la chanson ou comment additionner les clichés pour masquer ses incompétences.
Après que le jury norvégien ait donné douze points à la Suède, après que la Grèce en ait fait autant pour la Crète, histoire de démontrer une fois encore que l’Eurovision reste un concours fidèle à lui-même et que la géopolitique fait partie du jeu, on pouvait penser que notre représentant.e avait toute ses chances. Issu.e de l’immigration, né à Paris, Bilal Hassani s’appuyait aussi sur visuel et un état d’esprit ostensiblement sensible aux causes des minorités sexuelles. Il était associé.e à deux danseuses à caractéristiques minoritaires afin de faire passer le message contre la grosso-phobie pour l’une, contre le handicap et l’asiaphobie pour l’autre. L’association d’un maximum de minorités et ça peut faire une majorité non ? Un tel assemblage ne pouvait que tout péter. D’autant que si on ajoute une mélodie classique Eurovision, du sirop, des paroles sensées donner un angle sociétal, quelques mots en anglais marshmallow, quelques onomatopées aussi, ça ne pouvait que marcher. On avait écouté les conseils de l’Union européenne de radio-télévision (UER) qui préside aux destinées de l’Eurovision. Il ne fallait pas ramener la politique lors de l’événement. Alors, l’équipe de futurs vainqueurs français avait aussi éradiqué toute possibilité potentiellement éventuelle de polémique politico-locale, extra-locale, voire frontalière. La France, Bilal, les danseuses, c’est pas comme ces iconoclastes d’Islandais du groupe Hatari que l’on ne sait même pas s’ils sortent du dernier épisode de Games of Thrones ou des Vikings. Les Nordois avaient pourtant dit à l’avance que la politique d’Israël envers leurs voisins palestiniens, c’était pas leur tasse de thé. Et voilà que je te colle des banderoles aux couleurs de la Palestine quand, par malheur un jury leur a donné les 12 points. Comme si c’était préparé à l’avance. Stéphane Bern, le commentateur attitré des châteaux forts, des vestiges de Notre-Dame et des personnes dont le nom commence par De quelque chose, l’a dit à la télé « c’est pas bien de mêler la politique… »
Depuis la réécoute de France Gall et les paroles de  » Poupée de cire, poupée de son », un béret sur la tête, une baguette sous le bras et un kilt de rouge au bord des lèvres, dans le canapé, j’y croyais vraiment à la victoire. Après des décennies d’attente et de classements tous moins bons les uns que les autres, l’honneur de la Mère Patrie allait être sauf… Enfin la chanson française allait retrouver ses lettres de noblesse. Le pays des Lumières allait rallumer les siennes alors que le Parlement européen allait s’éclairer de nouveau avec des député.e.s tous.tes beaux.elles, tous.tes neufs.ves. La culture de la France, celle des trente Glorieuses et du général de Gaulle, de Malraux, etc., serait de retour.
Bilal a donc fait une « prestation pleine d’émotion » selon nos quotidiens du dimanche, du lundi aussi. Par contre il n’aura terminé, et nous avec, qu’à la 14e place. Même pas dans la première moitié du tableau. Tout ça pour ça. Patatras et bardafouette… C’était bien la peine de nous dire que l’on était parmi les favoris ! C’était promis. C’était juré. On allait se la peler l’organisation du concours en 2020. Las, les jurys de spécialistes n’ont pas envoyé de « France, twelve points » synonyme de reconnaissance de qualités musicales et artistiques. Re-las, les spectateurs des autres pays d’ailleurs que chez nous, n’ont pas voté beaucoup mieux que leurs jurys. Ignares. Étrangers. Barbares va…
Il ne reste plus qu’a aller vérifier sur les réseaux sociaux si ce ne serait pas un nouveau complot mené par les illuminatis, contre les GJ, pour le mondialisme, et pi tout ça…