Orléans : Cannes 1939, le festival des nations libres


Du 12 au 19 novembre seront projetés les trente films de la sélection du festival de Cannes de 1939. Le comité d’organisation de cette réplique, le jury et le comité scientifique ont travaillé près de deux ans pour la réalisation exceptionnelle de cet événement.
En 1939, devait se tenir le premier festival du film à Cannes. Il n’a finalement pas eu lieu, en raison du déclenchement de la guerre. Jean Zay, alors ministre de l’Éducation nationale et des beaux-arts, avait voulu la création de ce qu’il aurait appelé le « Festival des nations libres », pour faire échec à la Mostra de Venise, qui devenait le festival du film des pays fascistes et antisémites. C’est donc en hommage à Jean Zay, orléanais, homme de grande culture et de tolérance, que Le Cercle Jean Zay organise la réplique de ce que ce festival aurait été. Du 12 au 17 novembre, une trentaine de films et 15 documentaires seront présentés. Des films des années 30, retrouvés, souvent réparés et sous-titrés, nous permettront de se replonger dans les conditions de l’époque, pour comprendre et revivre le contexte qui présidait à une Europe qui allait entrer en guerre. « Organiser ce rendez-vous n’a pas été une mince affaire, reconnait François Caspar. C’est une opération de grande envergure, qui mobilise depuis bientôt deux ans un nombre incroyable de professionnels, de journalistes, d’historiens et de techniciens du cinéma ». En 1939, le cinéma n’était bien sûr pas celui que nous connaissons. Certes plus artisanal pour des raisons évidentes de technologie, mais avec la volonté de transmettre des messages forts. Comment ne pas voir dans « Au revoir Mr. Chips », dans « L’enfer des Anges » de Christian Jaque, ou « le Magicien d’Oz » de Victor Fleming, l’empreinte de la société d’alors. Un comité scientifique travaille depuis deux ans déjà, pour retrouver les films, et en obtenir les droits. 38 films seront projetés, suédois, polonais, américains, russe et même luxembourgeois. Tous seront présentés avant la projection, par un professionnel du cinéma, pour les remettre dans le contexte du moment et en expliquer le contenu. Tous sont traduits et sous-titrés ; là encore, un travail titanesque qu’il a fallu faire réaliser par des studios spécialisés.

Une très grosse opération
Au cœur du festival sont organisés des « master classes », sortes de leçons de cinéma pour tout public, données par les professionnels, membres du jury. Des conférences et un concours d’éloquence se dérouleront également entre les projections, ouvert aux ados et adultes. Des scolaires viendront aussi pour découvrir le monde du cinéma. « Nous avons passé des accords avec un grand nombre d’institutions pour réussir ce pari, poursuit Antony Gautier, attaché de presse du festival. Le CNC bien sûr, le groupe Radio France, mais aussi les américains pour financer la traduction de certains films ». La promotion du festival quant à elle, a débuté lors du festival de Cannes, le vrai, il y a quelques mois sur la Croisette. Quant à la compétition, le Jury que présidera le cinéaste israélien Amos Gitaï, aura fort à faire. Que jugera-t-il ? Difficile à savoir, puisque tous les films en compétition sont déjà ultra connus. Les réalisateurs et acteurs n’étant plus de ce monde, ce sont des diplomates des pays dont les films auront été primés qui recevront les prix. Si vous aimez le cinéma, ne manquez pas cette occasion de vivre un moment rare et intense.
Stéphane de Laage

Ouverture du festival le mardi 12.
Projections dans les trois salles du théâtre d’Orléans et au cinéma des Carmes.
La billetterie est ouverte sur :
https://www.festivalcannes1939.com