Orléans : Le talent se fait connaître


Un premier Focus Musique s’est tenu le 15 mai à la scène nationale d’Orléans. Retour sur.
La principale activité d’un ensemble orchestral est le concert. Et qui dit concerts, dit programmateurs. Pour se rapprocher de ceux-ci, dix ensembles orchestraux de la région Centre-Val de Loire, représentant dix siècles de musiques, du médiéval au contemporain en passant par la Renaissance, le Baroque, le Classique et le Romantique (Jacques Moderne, Cairn, La Rêveuse, Perspectives, Consonance, le Quatuor Diotima, le Concert Idéal, Les Folies Françoises, Diabolus in Musica et Doulce Mémoire) le 15 mai à Orléans.
Ce rendez-vous professionnel dédié à la diffusion de la musique en Centre-Val de Loire, avait pour objectif de faire rencontrer des ensembles orchestraux régionaux professionnels, souvent de réputation internationale et les programmateurs de spectacles et concerts, afin de favoriser la diffusion de ces talents reconnus.

Faire venir le public
L’après-midi a débuté par une table ronde sur le thème « Programmer la musique dans nos lieux ? » animée par Antoine Pecqueur, chroniqueur sur France Musique, en présence d’Agnès Sinsoulier-Bigot, vice-présidente du Conseil régional déléguée à la culture et de programmateurs de spectacles et concerts : François Bureau (ville de Montlouis-sur Loire), Pol Fournier (abbaye de Noirlac), Sylvie Giroux (château de Valençay) et Sébastien Gresse (les douves d’Onzain). « Privilégier les circuits courts en matière de programmation de concert en respectant l’ancrage des formations est devenu indispensable pour s’inscrire dans une logique de développement durable », indique Antoine Pecqueur. Le cinq centième anniversaire de la Renaissance est un levier pour les orchestres de musique ancienne régionaux qui ont bien joué le jeu mais la vie des orchestres dépend aussi de l’orientation nationale de la culture dont le budget n’a pas augmenté. La région Centre-Val de Loire se distingue comme étant un lieu d’expérimentation avec des programmations qui sortent des sentiers battus en zone rurale mais comment faire venir le public ? Des lieux historiques comme l’abbaye de Noirlac et le château de Valençay sont un moyen de faire venir les gens au concert, le public venant tout d’abord pour le lieu puis s’approprient la programmation de genres musicaux qu’ils ne connaissent pas forcement et réputés (à tort) ardus. Comme le souligne non sans humour Sylvie Giroux : « J’ai gagné mon pari car la boulangère du village est venue écouter de l’opéra comique ». La collaboration entre des chorales d’amateurs et des ensembles professionnels ou l’organisation d’une randonnée à vélo avec un concert à l’arrivée ont été des exemples réussis pour faire venir du public.

Sortir des sentiers battus
Les projets artistiques et culturels de territoire portés par la région Centre-Val de Loire permettent d’aller vers les publics dits « empêchés » comme les scolaires et les résidents en EHPAD. L’ancrage territorial se fait aussi par les échanges entre la population et les musiciens, en privilégiant le contact entre les musiciens et le public, ce que celui-ci apprécie. À noter que les formations de musique anciennes et baroques ont un effectif plus réduit qu’un orchestre symphonique, ce qui leur permet de se produire dans les salles de fêtes des petites communes avec une légèreté d’installation. Un bémol vient des élus qui ont été parfois perçus comme un obstacle dans le cadre des programmations musicales car ils sont principalement intéressés par le taux de fréquentation, même si les programmations n’ont pas vocation uniquement de donner un plaisir immédiat au public mais aussi de lui faire découvrir de nouveaux horizons. Comme le souligne Agnès Sinsoulier-Bigot, la musique proposée par les formations présentes est « une note historique marquante, des sonorités singulières, des mélodies, des émotions, le concert des voix et des instruments. Avec ces atouts, elle brille en authenticité avec des styles et des instruments qui ont su traverser les siècles. », ce qui mérite de la faire connaître au delà du cercle restreint des érudits et des passionnés.
L’après-midi s’est poursuivie avec des « speed dating » où les formations présentes avaient quinze minutes pour présenter leur travail et leur programme aux programmateurs présents. Ce premier rendez-vous s’est terminé par un concert où l’ensemble Cairn a interprété tour à tour des sonates de Telemann et des œuvres plus actuelles, montrant qu’il est possible d’intégrer dans un programme de la musique contemporaine à dose « homéopathique ».
Cette première édition de Focus Musique qui sera reconduite l’an prochain a été très appréciée par les professionnels présents qui ont été ravis de faire des rencontres qui déboucheront sans aucun doute sur de riches programmations pour la saison 2020-2021 en Centre-Val de Loire.
F.M.