Plateforme Catella :  le voisinage marque à nouveau son opposition


Le projet, qui doit encore recevoir l’accord in fine de la préfecture de Loir-et-Cher, continue de créer des dissensions. Surtout chez les habitant(e)s des environs de la future implantation. Ils et elles font par conséquent entendre leurs voix, espérant un retrait de ce dossier qu’ils n’approuvent pour leur part pas.

Une conférence de présentation détaillée avait eu lieu en novembre 2022. Une première enquête publique avait été lancée puis avortée en mars 2023 par le préfet Pesneau (parti et nommé ailleurs depuis) pour changer un commissaire priseur s’étant montré un peu trop confiant et transparent sur l’issue finale. Une deuxième aura suivi, rendant un avis favorable en juillet, pour la sortie de terre d’une plate-forme logistique et l’exploitation de deux entrepôts de stockage sur les communes de Romorantin et de Villefranche-sur-Cher, près de l’A85. Le préfet Pelletier, qui a pris ses fonctions cet été, aura la lourde tâche de décider, le délai officiel et traditionnel des deux mois s’étant écoulé; il doit encore confirmer ou infirmer ce programme romorantinais d’ici quelques journées, ce mois de novembre sans doute. Il y a quelques mois, le maire de Romorantin, Jeanny Lorgeoux, président de la Communauté de communes du Romorantinais et du Monestois (CCRM), maintenait son soutien au projet logistique porté par l’investisseur et spécialiste en la matière de construction de plateformes, la société Catella Logistic Europe. “La commune de Romorantin bénéficiera de 2 millions de recettes en cas de vente,” avait-t-il particulièrement argumenté en juillet dernier. “Le nombre d’emplois est estimé à 350 sur 5 ans; j’ai toujours indiqué pour rester prudents, que si c’est 250, nous serons déjà très contents. Enfin, concernant d’éventuelles nuisances de camions, je peux comprendre que l’on soit contre mais dans ce cas précis, le terrain est à 400 m seulement du péage d’autoroute, dans une zone non boisée, affecté à une zone d’activités économiques. Quand on est honnête intellectuellement, on voit l’opportunité. ” Mais les habitant(e)s, qui résident dans un rayon d’environ un kilomètre, tiennent bon aussi sur leurs positions. Négatives.

“Que Catella plie bagages”

La presse locale avait été conviée samedi 21 octobre 2023 par ceux et celles-là, autour des adresses concernées, c’est-à-dire les lieux-dits Chemin des Monteaux, La Gaudinière et Montauger, sur Romorantin et Villefranche. L’association Romo Citoyenne était présente également, avec trois de ses membres, dont l’historique Yvon Chéry (Cf. encadré par ailleurs, ndlr). “Ce qui nous choque d’abord, c’est qu’un projet se monte sans qu’on se préoccupe de ce qu’il y a autour. Il n’y aurait pas de voisins… Nous sommes pourtant devant vous, bien existants ! On espère que c’est un oubli, on pense que les élus sont honnêtes… Nous avons envoyé des courriers électroniques aux maires de Romorantin et de Villefranche; ils ne peuvent ignorer que nous résidons là ! Nous sommes une vingtaine environ dans un rayon de 800 mètres. Nous avons de plus écrit aux sénateurs et au député de Sologne (Roger Chudeau, RN); c’est le seul qui nous ait répondu. Ensuite, il n’y a pas eu de réunion publique. Et enfin, nous souhaitons que Catella plie bagages; l’abandon et le retrait du dossier. Nous demandons le retrait, car nous ne voulons pas non plus qu’il soit déplacé ailleurs,” confient au coin du feu, Nadia, Joan, Christian, Cyril, Jérôme, et quelques autres. “Dans les années 1970, il y avait des poireaux, du maïs, des vignes sur cette parcelle de vocation agricole. Pourquoi ne pas réfléchir à une filière de matériaux bio-sourcés, à la place de nombreux camions lancés chaque jour sur les routes avec des produits venant de l’autre bout de la France et du monde ? Nous n’avons pas envie de vivre comme ça. En résumé, on ne lâchera pas.” Tant que le préfet n’a pas communiqué son choix, l’espoir leur est permis. Et si l’idée Catella obtient le feu vert du préfet, ils et elles se déclarent de fait prêts à continuer le combat “de façon légale”. Comprendre à l’aide d’outils assez classiques dans ce genre de situation, à savoir le dépôt de recours juridiques devant les tribunaux, par exemple. “Si la Terre n’est plus vivable dans vingt ans, la question des emplois ne se posera plus,” a appuyé Yvon Chéry pour “Romo Citoyenne”, aux côtés d’une adhérente à l’accent anglo-saxon, Ellaine Gibbon. “Nous prenons à la lettre ce que nous dit le président Macron en matière d’objectifs environnementaux : réduction de 55 % des gaz à effet de serre à l’horizon 2030, zéro artificialisation nette des sols en 2050… Le conseil de planification écologique doit annuler 200 projets en France. Catella doit donc réfléchir au-delà de ses intérêts économiques; cela lui évitera une décision douloureuse. Il y a d’autres pistes de réflexion pour l’emploi à Romorantin qu’une implantation logistique qui est un logiciel du passé.”


Et sinon, d’autres oppositions…

Yvon Chéry déplore en parallèle l’absence d’oppositions au conseil municipal. Il est vrai que pendant celui du 28 septembre 2023, les chaises étaient particulièrement vides, exceptée la présence de Dominique Giraudet et Pascal Blanchard (DVD, groupe Ensemble pour Romo) dans l’auditoire. “Le reste du temps, certains n’habitent pas ici, ne travaillent pas ici. Ce sont des intermittents du spectacle du conseil municipal et de la politique,” fustige M. Chéry qui fut conseiller municipal d’opposition à Romorantin (“Dialogues à gauche”), pendant treize ans et deux mandats, de 2001 à 2014, et est toujours, en 2023, en opposition, face au maire (toujours également) en place depuis 1985, Jeanny Lorgeoux (ex-PS). Sur la page Instagram de “romo_citoyenne”, on peut ainsi lire, et ça pique aussi : “Faire mieux au conseil municipal à #Romorantin car 7 personnes dans le public, 2 élus présents sur 9 pour l’opposition ! Le débat et la démocratie n’existent pas ! Nous comprenons mieux la filiation entre Macron & Lorgeoux, entre 49.3 nationaux et locaux!”.

Émilie Rencien