Politique à Blois : Louis Buteau accuse, Jérôme Boujot rétorque


ÇA BALANCE, ENCORE ET TOUJOURS Tous les moyens sont-ils bons en période pré-électorale ? L’affaire qui fera peut-être pschitt concerne le Centre régional de jeunesse et des sports. Questions du premier élu indigné, réponses du second politique visé, à Blois.

Pendant que Louis Buteau soulève un « possible conflit d’intérêts », Jérôme Boujot évoque «une boule puante. » Le décor de l’arène politique est planté, en amont du scrutin municipal en mars 2020. La presse a été conviée mercredi 4 septembre pour « du lourd ». Scoop ou sempiternelle gué-guerre des élus de divers bords ? Explicitons le barouf en cours : Louis Buteau a contacté via une lettre par courriel cet été Jérôme Boujot, deuxième adjoint au maire de Blois, en charge du patrimoine municipal, des bâtiments, des travaux et des achats, pour lui faire part de son questionnement concernant son poste au sein du CRJS de Blois, rue de la Taille aux Moines, un Centre régional jeunesse et sports (association loi 1901 et auberge de jeunesse). « Fin mars, j’ai appris, lors de l’inauguration de la première tranche des travaux de rénovation du site, que Jérôme Boujot était responsable opérationnel de l’association, alors même qu’il est par ailleurs maire adjoint en charge des bâtiments, travaux et achats. Cette situation m’avait alors un peu étonné, mais je n’y avais pas prêté une plus grande attention. Puis fin mai, une blésoise, alertée par un autre de nos concitoyens, m’a directement interrogé sur la situation personnelle de Jérôme Boujot,» relate Louis Buteau qui affiche médiatiquement ses doutes, en mode lanceur d’alerte. «J’ai pu constater que plusieurs documents attestent des deux fonctions exécutives simultanément exercées par l’élu au sein de l’association et de la municipalité. » La liste inquisitrice ne s’arrête pas là. Louis Buteau poursuit ainsi dans ses chefs d’accusation. « L’association CRJS est présidée depuis juillet 2016 par mon collègue Joël Patin, conseiller municipal de Blois délégué aux sports. En mars 2018, ce dernier engage Jérôme Boujot comme responsable des programmes opérationnels du CRJS. Le poste de directeur de l’association était vacant depuis plusieurs mois. La ville apporte régulièrement son concours à l’association de plusieurs façons. Elle met chaque année gratuitement l’ensemble du site, composante du patrimoine communal, à disposition de l’exploitant. Cette facilité est une subvention en nature. La commune prend aussi à sa charge, notamment sous forme d’inscription au budget municipal, certains travaux et prestations sur l’ensemble immobilier qui, de ce fait, bénéficient à l’exploitant. La ville est tenue au strict respect de l’égalité dans ses aides aux acteurs économiques. Or, la ville de Blois n’exige pas de loyer du CRJS, hébergeur professionnel du secteur concurrentiel, pour l’occupation d’un ensemble immobilier de grande taille. (…) La situation, les faits et actes brièvement rappelés et résumés posent plusieurs questions graves, voire lourdes. Elles sont d’ordre judiciaire, économique et politique. » Louis Buteau assène encore. « Cette faveur immobilière ne paraît pas respecter l’égalité et la neutralité entre les opérateurs. L’enjeu politique renvoie à la non-application de la charte de l’élu local.»

Linge sale en place publique

Voilà, voilà. Joint par mail puis téléphone, Jérôme Boujot n’hésite pas à son tour à mettre les pieds dans le plat et à riposter en égrenant le pourquoi du comment. «J’ai reçu un courrier au retour de mes vacances. Par priorité, j’ai répondu à Louis Buteau qu’une réponse lui serait faite ultérieurement, plusieurs dossiers en cours de la ville requérant une présence et une disponibilité plus importantes. Louis Buteau, à l’approche des élections municipales, privilégie la forme au fond et à l’intérêt général ! Ça ne le grandit pas. Concernant le fond justement, je vais lui répondre, je n’ai rien à cacher, rien à me reprocher. Je gagne 1700 euros par mois pour un contrat de 35h, je ne suis pas le directeur du CRJS mais le responsable opérationnel, c’est-à-dire – et je vous ai mailé ma fiche de poste – que je participe par le biais d’actions individualisées et collectives à la mise en œuvre des axes d’activités de l’association à savoir l’accueil, l’hébergement, la restauration collective, l’organisation d’évènementiels et la location de salles. J’effectue la liaison avec les prestataires et les fournisseurs. Je gère locaux, règles d’hygiènes et de sécurité, maintenance du site. Je mets en place les plannings et je gère la communication. Sinon, je suis passé devant un jury de recrutement pour ce poste avec la présence du président du conseil d’administration qui est effectivement un élu de Blois, 7 candidats ont tenté leur chance, et j’avais fait rédiger une note par le service juridique de la ville pour vérifier la compatibilité de ce poste avec mes fonctions d’élu. Il n’y a plus de directeur, et je ne le suis pas non plus ! Une restructuration a dernièrement eu lieu. Quant aux travaux, ils sont portés financièrement par l’association sur des fonds propres, sans un centime de la collectivité. Nous réparons une armoire de sécurité incendie, oui, pour 35 000 euros pour éviter tout souci, armoire qui est la propriété municipale. Je n’ai pas voté une enveloppe dans le budget municipal pour le CRJS mais sur le patrimoine des bâtiments de la ville. Je n’aurai pas voté autrement. Le bâtiment appartient à la ville et la plupart des associations sont également hébergées gratuitement. Le CRJS, c’est le même principe par exemple que la Maison de Bégon. Pas de loyer, exploitation et gestion du bâtiment en contrepartie. Le CRJS ne vit pas de subventions de la ville. La ville n’est pas non plus majoritaire au sein du conseil d’administration du CRJS. L’avantage de ces histoires, c’est le coup de projecteur donné sur le CRJS qui n’est pas toujours connu…» Voili, voilou. Un partout, la balle au centre. Louis Buteau tout comme Jérôme Boujot ne s’interdisent pas d’aller plus loin en fonction de la suite des évènements. Le premier précise d’ailleurs qu’il va signaler le dossier au procureur de la République de Blois… En surenchérissant notamment sur ce point. “La loi interdit désormais l’embauche de proches comme collaborateur parlementaire ou membre de cabinet. Il serait sans doute pertinent que le législateur se penche à l’avenir sur l’emploi de proches dans les entités gouvernées par les exécutifs locaux.” Oui parce que ce qui constitue de surcroît les choux gras des adversaires politiques, c’est le fait que cet adjoint, Jérôme Boujot, aussi vice-président de la Communauté d’agglomération de Blois, se trouve être également gendre de Marc Gricourt et sera de surcroît le directeur de la campagne municipale à venir dudit édile. Rappelons que Louis Buteau, ex-PS depuis 2017 parti vers LREM, aura lui vu l’an dernier sa délégation du commerce retirée et ambitionne le fauteuil de présidence de l’agglomération Agglopolys. Ouch, enfer et damnation ! Ça lamine sévèrement et nous ne sommes qu’en septembre, il va falloir tenir la distance jusque mars 2020. Dans le cas présent, le doute est en tout cas permis… concernant les vérités des deux parties, et l’avenir dira si gros dossier de scandale, ou pas, il existait. Et, au mieux, ce pugilat en place publique au moyen des médias locaux sollicités aura le mérite de clarifier. Après les cas Cahuzac, Fillon, de Rugy et consorts, les Français exigent dorénavant certes plus de transparence et d’exemplarité, mais dans un même temps, exècrent de plus en plus les tacles politico-politiciens au niveau du caniveau. Dans l’immédiat, surtout, à Blois, derrière l’arbre CRJS qui cache la forêt de piques stratégiques, encore une fois, un règlement de comptes entre amis-ennemis ? Car qui aime bien châtie bien… Et sinon, à quand les débats d’idées ?

Émilie Rencien


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