Première rencontre régionale de l’élevage


De nombreuses questions étaient posées à l’occasion du premier colloque régional qui regroupait, au centre de conférence de La Française, à Vierzon, les cinq interprofessions des filières élevage, viandes et lait des six départements du Centre-Val de Loire. Plus d’une centaine de participants étaient présents lors de cette journée consacrée aux « enjeux sociétaux ».
Le Criavi (Conseil régional Interprofessionnel avicole) qui regroupe les filières porcs, viandes blanches de la région Centre-Val de Loire, avait invité ses adhérents au colloque régional qui se déroulait voilà une dizaine de jours à Vierzon. Une démarche que Franck Moreau, éleveur à Saint-Hilaire en Lignières, dans le Cher, président du Centre régional interprofessionnel de l’économie laitière caprine (CRIEL) juge nécessaire pour comprendre comment se créent les crises et aussi comment « nous pouvons nous approprier les différents sujets de société qui nous concernent actuellement ».
Le Berrichon et ses collègues des cinq filières ont assisté et dialogué avec deux intervenants, la spécialiste en cindynique (science du risque et de sa gestion) Annie Clerc de Marco et une éthologue (science qui étudie le comportement des espèces animales, incluant l’humain, y compris dans leur milieu naturel) Aurélia Warin. Au programme le débat qui a pris de l’ampleur dans les médias et chez les consommateurs sur plusieurs questions qui impliquent directement les agriculteurs comme manger de la viande est-il bon pour la santé ou faut-il encore tuer des animaux pour se nourrir ? Des questions qui n’avaient, pour l’heure, pas été vraiment une nécessité pour les premiers de la chaîne, les éleveurs. Selon eux, ils sont déstabilisés et perdus face à autant d’agressivité, ne comprennent pas forcément les questionnements de la société et ne savent plus comment s’exprimer. Beaucoup d’interlocuteurs prennent part au débat, tant sur les réseaux sociaux que dans des interventions dans les médias. Qu’ils soient sociologues, philosophes, chercheurs, politiciens, élus, associations, célébrités… chacun veut s’exprimer sur le sujet alors que les éleveurs, pourtant très concernés, sont un peu les parents pauvres de ces discussions. Surtout en cette période où divers mouvements sont très actifs et trouvent des échos favorables dans la bien-pensance de la pensée unifiée.
Les vidéos de l’association L214, dans les abattoirs notamment ont fortement marqué les esprits du grand public et être associé à ces images pénalise l’ensemble des filières. Franck Moreau explique ainsi que « pour nous le bien être de l’animal fait partie de notre quotidien. C’est un véritable désespoir que l’on puisse penser le contraire. Il devient important que l’on s’approprie ce type de sujets. C’est à nous d’être exigeants avec nos différents maillons de la chaîne mais il faut aussi reconstruire un lien avec le consommateur ! »
C’est à partir de ce contexte que les cinq interprofessions régionales se sont données l’objectif de « comprendre les interrogations de la société pour restaurer la légitimité de l’élevage français, rassurer les éleveurs du Centre – Val de Loire et leur faire prendre conscience de l’enjeu de se saisir des problématiques sociétales. » Franck Moreau valide complètement, il est loin d’être le seul, l’idée des mutations des diverses professions. Par contre, ces professionnels, s’il veulent faire bouger les lignes, sont conscients qu’il existe un décalage entre la demande et leurs capacités d’actions :
« Les mutations ne se font qu’en temps long alors qu’on nous demande de le faire en temps court… »
Fabrice Simoes