Quand la ville de Blois rhabille le Premier ministre pour l’hiver


Depuis le mois de mai, Jean Castex n’en finit plus de s’inviter en Loir-et-Cher. Il semble avoir pris une carte d’abonnement mensuelle. Sa dernière visite date du 20 novembre pour une exposition sur les arts de l’Islam. Des allées et venues loin de plaire à tout le monde. Reportage réalisé sans trucage, avant test Covid.
Quelques jours auparavant, Marc Gricourt, le maire de Blois, donnait le ton en félicitant l’élection de David Lisnard, maire LR de Cannes. Ce dernier accède à la présidence de l’Association des maires de France (AMF), coiffant au poteau le candidat UDI et davantage Macron-compatible, Philippe Laurent, maire de Sceaux. David Lisnard sera épaulé dans cette tâche de président, par des colistiers connus localement en Centre-Val de Loire, le vice-président André Laignel (Issoudun, PS) et la numéro 3 de cette liste, Catherine Lhéritier (droite et indépendants, Valloire-sur-Cisse, présidente de l’association maires de Loir-et-Cher). Le 17 novembre, face à cette actualité, l’édile Gricourt déclarait sur Facebook : “un camouflet de plus pour le président Macron et sa majorité ! Eh oui, les territoires sont très majoritairement détenus par des élus LR et PS et leurs alliés réciproques, c’est la réalité !” Alors, évidemment, lorsque le Premier ministre Jean Castex s’est pointé dans sa ville de Blois le 20 novembre, l’accueil fut respectueux de visu mais en coulisses, acéré. Marc Gricourt a rempilé et assassiné à nouveau sur Facebook : “une venue simplement « électorale », sans intérêt pour notre territoire. Comme je l’avais exprimé en son temps au cabinet de Hollande, de grâce, dispensez-nous monsieur Macron de la venue incessante de ministres ! Bon, un point positif, moi qui aime le design automobile, nous aurons pu admirer une dizaine de véhicules officiels de différentes marques ! Ça aussi, c’est de plus en plus choquant. Il est temps de moderniser, simplifier le protocole « Républicain Royaliste ». Comment mieux faire pour conforter les extrêmes et l’abstention ?” Et d’ailleurs peut-être que le prochain visiteur loir-et-chérien sera Emmanuel Macron lui-même avant avril ? Élus, préfecture comme journalistes s’y attendent …

Surtout, une exposition à ne pas manquer
Toujours est-il que le 20 novembre, Jean Castex, accompagné sur place des ministres Roselyne Bachelot (culture, qui n’est pas allée voir BD Boum; pas dans le timing de l’agenda ou pas informée?), Marc Fesneau (relations avec le Parlement) et Jacqueline Gourault (collectivités territoriales), sans Jean-Michel Blanquer (pour l’Éducation nationale, qui n’était finalement pas là comme escompté), a pour part en une heure chrono raconté des blagues et vanté les mérites de l’exposition visitée à Blois, portant sur les “Arts de l’Islam”. «La culture dans tous les territoires ! » a exprimé l’élu du Gouvernement masqué tout le long de la visite (quelques jours plus tard, testé positif au Covid-19…). « Et puis, la découverte de l’extrême richesse de l’art de l’Islam. C’est un art ouvert. Un art qui s’étend sur plusieurs continents. En ce moment, ça fait beaucoup de bien. » Le Premier ministre songeait-il au polémiste Zemmour à ce moment précis ? L’histoire ne le confirme pas car c’est à cet instant que l’intéressé s’est éclipsé à Amboise pour un autre tour de piste consacré au tourisme. Ce qu’il conviendra de retenir surtout, c’est que pour une fois votre journal faisait partie du “pool”, ce groupe de journalistes fermé, souvent réservé aux “grands” médias nationaux et de presse quotidienne ! Et aussi que cette exposition, “Arts de l’Islam”, est à ne pas manquer. Elle est située dans les murs réaménagés de la bibliothèque Abbé-Grégoire, place Jean-Jaurès, à Blois donc, près de la Halle aux grains. Visible jusqu’au 26 mars 2022, elle est le fruit d’un travail partenarial entre le Grand Palais, le Louvre et les acteurs locaux, lancée à l’initiative du Premier ministre, qui avait confié une mission au président du Louvre en décembre 2020, à la suite du discours des Mureaux du Président de la République. Elle présente “la richesse des cultures islamiques et leur inscription dans l’histoire de France depuis plus de 1 300 ans”. Elle est enfin déclinée en simultané dans 18 villes de France : Blois, Angoulême, Clermont- Ferrand, Dijon, Figeac, Limoges, Mantes-la-Jolie, Marseille, Nancy, Nantes, Narbonne, Rennes, Rillieux-la-Pape, Rouen, Saint-Denis, Saint-Louis à La Réunion, Toulouse, Tourcoing. “Cette exposition est de qualité, est à Blois !,” a confirmé Christophe Degruelle, président de la communauté d’agglomération de Blois, Agglopolys. “Elle propose une aventure intellectuelle et civilisationnelle. L’Islam ne peut être réduit à son aspect religieux. C’est aussi un objet de médiation culturelle pour toutes les générations.”

Émilie Rencien