Que sera l’Homme en 2500 ?


Alors que l’on fête le 500e anniversaire de la Renaissance, la région Centre a demandé à Joël de Rosnay, scientifique et prospectiviste, de brosser le portrait de l’Homme en l’an 2500. L’exercice oral était plutôt séduisant…
Scientifique de renommée mondiale, Joël de Rosnay a bien trop d’humilité pour accepter la comparaison, mais on ne peut s’empêcher de rapprocher son esprit scientifique et visionnaire de celui de Léonard de Vinci. Toutes proportions gardées, c’était bien là l’idée. Demander à une sommité, spécialiste de la génétique, de l’informatique, de l’entrepreneuriat et de la vulgarisation, de se « risquer » à une prospective à 500 ans. Voici en résumé, les grandes idées développées en conférence lundi dernier.
À 82 ans Joël de Rosnay est un « hyperhumaniste » positiviste, qui fait encore trois heures de surf quand les conditions sont bonnes ! « Je me suis programmé pour vivre au-delà de 100 ans » s’amuse-t-il. À condition qu’il prenne soin de lui, l’Homme vivra très longtemps. Les alicaments l’y aideront, mais plus encore, la génétique permettra de corriger les défauts inévitables. Les bio-imprimantes 3D pourront fabriquer les pièces de rechange du corps humain.
Grâce aux programmes de manipulation génétique comme CRISPR, on sera bientôt en mesure de remplacer des gènes défectueux, signant sans doute la fin du cancer. On sait même déjà intervenir in-utero.
La connaissance du génome ne doit pas nous prédire nos faiblesses et la date de notre mort, mais au contraire la personnalisation de notre santé, de nos besoins alimentaires et de sports adaptés.
Les robots quant à eux, seront des bio robots, faits de chair et d’organes. Nous communiquerons avec eux par la voix. Ils auront même des émotions.

Vers d’autres galaxies
Il y a 500 ans, Léonard prévoyait, le parachute, le robot, la bicyclette et même le char d’assaut. Alors que fera l’homme de 2500 ?
Le train hyperloop d’Elon Musk est certainement destiné à un grand avenir, poursuit Joël de Rosnay. En parallèle, l’hydrogène nous sera utile pour stocker l’énergie, et le numérique nous aidera à développer l’habitat positif. Il faut penser aux systèmes innovants plus qu’à l’innovation elle-même. Ce sont leurs interactions qui doivent nous guider. Ainsi, Mars sera-t-elle à notre portée dans 50 ans. On parle déjà de village lunaire. Plus loin, on parlera des voyages vers d’autres galaxies. La voile solaire, qui intéresse les chercheurs, sera propulsée par des photons solaires. La voile accélère au point d’atteindre la vitesse de la lumière. Un voyage à 40 années lumières pourraient devenir possible.

L’intelligence artificielle plutôt que la stupidité naturelle
Grâce à l’intelligence artificielle, l’IA, tous les langages de la nature seront traduits, y compris celui des fleurs, des fourmis ou des abeilles. La traduction sera telle que tous les langages de l’écosystème seront compréhensibles.
N’ayons pas peur de l’IA. Pensons à devenir des humains augmentés plutôt que remplacés. Soyons positifs et voyons comment par exemple un médecin, avec des big-data, aura plus de temps pour gérer et partager avec ses patients. Plus de valeurs, de charisme et d’échange.
Oui, les hackers mal intentionnés existent. Les manipulations sont rendues internationales par notre cybersociété. Les GAFA font déjà du profiling et revendent les informations que nous laissons chez eux. Espionnage noble, utile sans doute, à la frontière, il est vrai du danger.

L’homme « augmenté »
Cet homme de 2500 aura, on l’a compris, des qualités insoupçonnées. Mais Joël de Rosnay veut croire qu’il aura aussi des valeurs nouvelles, souvent oubliées à ce jour.
Partage, solidarité, respect, confiance, tout cela à l’échelle de territoires locaux, là où les gens sont nés. On va retrouver la relation à la nature et aux animaux. Nous ne serons pas éternels, mais nous vivrons sans doute 150 ou 170 ans, ce n’est pas impossible.

Stéphane de Laage