Questions de société

Centre-ville ou centre-bourg, même combat

Un carrefour des territoires a eu lieu jeudi 23 mars à Blois. Le devenir de la ruralité a figuré au cœur de l’évènement.

La manifestation aura attiré des entreprises sur les stands et plus de 700 personnes dans les allées de la Halle aux Grains de Blois mais ce n’est pas vraiment ce que l’on retiendra de cette première édition co-organisée par l’Association des maires de Loir-et-Cher, l’Observatoire de l’économie et des territoires ainsi que le Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement (CAUE). La question de la dynamisation des centre-bourgs aura rythmé cette journée ; il n’y a en effet pas que le centre-ville et ses commerces qui tirent leurs rideaux qui inquiètent. Les bourgs ruraux subissent la même pénitence et n’échappent pas à la transition qui semble enclenchée. Alors, comment attirer population et entreprises sur ces territoires ? «Il convient de prendre en compte quatre dimensions, » a indiqué en guise de canevas le sociologue Stéphane Chevrier. « Médiatique, sociologique, ergonomique et économique. » Concrètement, pour qu’un centre-bourg soit attractif, il doit impérativement raconter une histoire et améliorer l’expérience utilisateur. C’est ce qu’on appelle le marketing territorial. « Il ne suffit pas d’avoir une belle place de village. Hier, ce lieu se résumait à la mairie et à l’église. Aujourd’hui, pourquoi ne pas y installer une aire de jeux pour les enfants ?» a continué de développer Stéphane Chevrier. «Les services et les commerces proposés sur la commune doivent être de qualité. Les attentes sont d’autant plus fortes si les futurs habitants viennent d’un milieu urbain. Les personnes âgées sont, elles, plus sensibles à l’ergonomie des boutiques tandis qu’un jeune couple s’intéresse plutôt à l’habitat, cherche un berceau géant pour y installer sa vie de famille.» L’exemple de la municipalité de Périers, dans la Manche, et ses trop nombreux noms de voies rappelant excessivement son passé historique a été cité. Pourtant, la ville de plus de 2.000 habitants compte 5 boucheries ! Un autre récit a donc été narré sur place.

Des expérimentations menées

Le changement paraît simple comme bonjour sur le papier. Pourtant, des freins existent : concurrence entre des collectivités locales qui déshabillent parfois Pierre pour vêtir Paul, renouvellement du bâti coûteux, complexification des normes… À l’instar du centre-ville, le centre-bourg est placé dans un cercle vicieux. La santé commerciale est le premier indicateur des difficultés à venir. Des commerces qui disparaissent, des écoles qui ferment, des habitants moins nombreux… C’est le serpent qui se mord la queue jusqu’au sang. Avant que le bateau ne sombre définitivement, des initiatives sont mises en place ici et là comme à Vierzon, dans le Cher, qui fait partie des onze villes moyennes où un dispositif « démonstrateur » expérimental, initié par la Caisse des dépôts et consignations, est actuellement en cours pour tenter de dégager d’autres pistes pour revitaliser les centres fragilisés.

Émilie Rencien