Le centre hospitalier Simone-Veil de Blois recrute et le fait savoir. Neuf médecins viennent d’arriver.
La Polyclinique de Blois s’équipe (robot chirurgical, plateau ophtalmologique) tandis que l’hôpital blésois embauche. Le Loir-et-Cher cherche visiblement à se démarquer de la « concurrence » tourangelle et orléanaise. Le pré du voisin n’est pas toujours mieux entretenu et pourtant, c’est un fait, des kilomètres sont souvent parcourus pour se faire soigner. «L’herbe n’est pas forcément plus verte à côté de chez nous mais nous avons trop de patients qui se déplacent hors du Loir-et-Cher, » confirme le directeur, Olivier Servaire-Lorenzet. Alors, celui-ci frappe fort. « Depuis mon arrivée il y a moins d’un an,
11 personnes ont été recrutées. À Blois, nous avons des compétences chirurgicales et médicales à la hauteur, au service de la population et du territoire.» Les chiffres sont égrénés pour appuyer ces dires : externes accueillis « chouchoutés » car le nombre a été doublé en 2016 (26 au lieu de 13 précédemment), 63 internes en novembre 2016 (un chiffre qui serait supérieur à tous les autres rétablissements de la région Centre-Val de Loire), un plateau médico-technique à la pointe (12 lits de réanimation,
8 salles de bloc opératoire, 1 IRM, 2 scanners, 7 échographes, 4 salles d’accouchement et 1 salle de césarienne, etc.)… Et donc aussi et surtout 9 nouvelles recrues : 1 allergologue, 2 dermatologues,
2 gériatres, 2 urologues, 1 spécialiste en soins de suite et de réadaptation et 1 médecin affecté sur le GIDD, centre gratuit d’information et de dépistage du VIH et des maladies sexuellement transmissibles. Les docteurs Pauline Machez, Marine Durieux et Laura Chaput, Jean-Nicolas Royal et Benoît Pernot, François-Xavier Vinceneux et Mélanie Fouquet, Oriane Allart Sant-Albin et Anne-Laure Deprez rejoignent ainsi les rangs blésois, avec pour certain(e)s un temps partagé entre le CH Simone-Veil et le CHU de Tours.
Quid de la médecine de ville ?
Tout ça est beau sur le papier mais l’évidence ne peut être niée : vieillissement de la population, désertification médicale, recours fréquent aux urgences et maisons pluridisciplinaires parfois vides… Sur le dossier de presse remis par l’hôpital de Blois, il est précisé que « l’activité des médecins nouvellement recrutés va permettre l’exploration de champs nouveaux et ainsi offrir aux Loir-et-Chériens une véritable alternative à l’offre de soins de ville. » La formulation peut faire s’interroger… Le directeur, aux faux airs d’un ancien président de la République, se défend alors. « Notre objectif est de mailler l’ensemble du territoire, de revitaliser la médecine de ville et de revenir à une médecine ambulatoire. En aucun cas, nous ne voulons nous substituer à la médecine de ville ! Notre offre se veut complémentaire. Les maisons de santé ? Avant de construire de belles habitations, il faut savoir qui va habiter les murs ; en même temps, je comprends les élus locaux qui veulent attirer et on constate que les jeunes viennent s’ils peuvent travailler en équipe. L’hôpital a aussi ses souffrances, vous savez. Un Contrat Local de Santé a été signé fin 2016 avec la ville de Blois ; le projet est d’installer un centre de santé dans les quartiers nord, en lien avec notre hôpital. Les médecins de campagne font plus de 35 heures et c’est ce qui fait basculer le système. Pour moi, la médecine, c’est un équilibre, Il ne faut pas opposer les uns et les autres. Évidemment, faute de combattants, ce n’est pas simple, il faut bien trouver des solutions. Je crois beaucoup au temps partagé, par exemple. » Et sinon, qui dit recrutement, dit comment on finance ? Olivier Servaire-Lorenzet ne dévoile aucune donnée comptable et argumente encore une fois. « Le choix des spécialités n’a pas été fait par hasard, il répond à des besoins de santé publique qui ont été identifiés. Mon rôle est d’accompagner les énergies pour anticiper les besoins territoriaux et démographiques à venir. Je prends le pari calculé de recruter alors que beaucoup d’hôpitaux diminuent les temps de travail. Les comptes du CH de Blois sont équilibrés et nous avons de bons fondamentaux. Je fais le pari de cette croissance-là. E et si cela ne marche pas, ce sera mon échec. »
É.Rencien