Rodéos urbains, la stratégie de l’assèchement


Le maire de Châteauroux, le préfet et les services de police au coude à coude contre les rodéos urbains.

Le plus efficace, pour mettre fin aux courses sauvages et dangereuses entre les immeubles, c’est de confisquer les motos et quads. Les victimes des soirées bruyantes peuvent aider la police.
L’été revient avec ses parfums de barbecues … et de mélange deux temps des motos tout terrain détournées de leur environnement normal, celui des terrains de moto-cross. Non ce n’est pas normal d’empoisonner la vie des autres avec des hurlements de moteurs et des crissements de pneus. Pas normal de mettre en danger la vie d’autrui en conduisant n’importe comment sur les pelouses d’une cité. Alors les victimes de rodéos urbains réagissent en alertant les policiers et ces derniers interviennent. Pas assez vite, pas assez efficacement estiment les riverains de ces circuits de rodéos. Le préfet de l’Indre, le maire de Châteauroux, le commissaire Ratet, patron des policiers, ont souhaité faire le point sur les résultats de leurs efforts.
Le nombre des véhicules confisqués est en augmentation et parallèlement celui des procès verbaux baisse, c’est le principe des vases communiquant. Comme la plupart de temps il s’agit de véhicules volés, la stratégie des pouvoirs publics est de repérer les caches de ces engins. Et pour être efficaces, les policiers ont besoin de renseignements.
« Les policiers agissent dans un cadre légal, rappelle Seymour Morsy. La plupart des infractions liées à ces rodéos rendent leurs auteurs passibles de contraventions : excès de vitesse, circulation en gauche, non port de casque, absence de plaque d’immatriculation… Pour passer au délit il faut prouver la mise en danger de la vie d’autrui. Or classiquement, lorsque les patrouilles arrivent sur les lieux des infractions, même rapidement, les auteurs des troubles se sont évaporés. Or pas de constatations, pas de preuves légales à présenter au tribunal .»
Les juges ne condamnent pas en se référant au « Tout le monde connaît ceux qui font ça.»

Vers la fin des rodéos?
Comme il n’est de toute façon pas question de créer un « surrodéo » en faisant la course avec les pilotes de motos et de quads il faut savoir où ceux que « tout le monde connaît » cachent ces motos. Et cette nouvelle logique est en marche comme l’indiquent les chiffres : 4 motos et quads saisis en 2016, 19 en 2017 et déjà 6 au cours des quatre premiers mois de 2018.
Moins de véhicules, moins de pilotes aussi car l’accumulation des contraventions peut conduire le contrevenant en prison. Un motard en était par exemple à un total de 25.000€ d’amendes non payées.
Par ailleurs un nouveau projet de loi présenté en juin à l’assemblée et qui recueillera vraisemblablement l’unanimité des votes devrait permettre une confiscation plus facile des véhicules.
Effectivement, le nombre des rodéos est en baisse dans les cités de Châteauroux (mais aussi sur certains axes proches du centre ville). Reste à savoir si ce n’est pas la météo qui a donné un coup de pouce aux pouvoir publics. Il y a néanmoins de bonnes raisons d’espérer.
Pour Gil Avérous «Contrairement au ressenti, il n’y a pas de tolérance. On s’adapte. La vidéo verbalisation permet de sanctionner les comportements les plus dangereux. On fait travailler la police municipale main dans la main avec la police nationale. La Ville portera plainte systématiquement et ce sera à la justice de trancher.» La vidéo permet également de réagir rapidement à d’autres rodéos constatés en plein centre-ville à l’occasion de cérémonies de mariages. Là encore la répression monte en flèche 14 PV en 2016, 57 en 2017 et déjà 18 en 2018, essentiellement pour des conducteurs au volant de grosses voitures de location.
« Il faut libérer la parole, conclut le commandant Garnier, on peut utiliser la vidéo, mais rien ne vaut les informations que nous transmettent les habitants pour repérer la cache d’un délinquant et l’interpeler au retour du rodéo. La difficulté réside dans le fait que des fourgons sont autant de caches mobiles. Cela aussi la population peut nous aider à les identifier, en appelant le 17. Toutes ces informations resteront évidemment confidentielles. »
Un seul motard peut empoisonner la soirée de milliers de personnes.
Pierre Belsoeur