Romorantin : Plateforme Amazon et consorts : oui, non, peut-être ?


Des entrepôts logistiques vont sortir de terre d’ici deux ans sur la ZA des Terres Fortes, du côté des Grandes Bruyères, à quelques encablures de la sortie d’autoroute A85. Des e-commerçants doivent entre autres arrivants annoncés s’y implanter. Un sujet brûlant en pleine campagne électorale des municipales.
« SOLOG » figure dans les cartons solognots. Kézako ? Il s’agit du nom de baptême du projet logistique porté par la SAS Catella Logistic Europe (filiale de l’aménageur suédois, Catella) à Romorantin. Un compromis de vente a été signé de manière confidentielle le 30 juillet 2019. «Environ 18 hectares, 12 euros HT le m2» détaille le maire, Jeanny Lorgeoux. «Des fouilles archéologiques ont été effectuées situ en 2006-2007. Nous avions pressenti que c’était là. En toute clarté et toute transparence, nous avançons dans du solide et du concret. » Cette implantation d’entrepôts logistiques, une sorte de deuxième Matra ? Au moins 300 emplois sont annoncés par Thierry Bruneau, président de Catella Logistic Europe. « Nous nous sommes rencontrés avec monsieur le maire il y a plus de 30 ans à l’époque Giat/Matra, » relate ce dernier avec un discours qui se veut rassurant. « Nous avons eu une première expérience dans le Loir-et-Cher il y a de 10 ans, à Mer après l’arrêt d’Epeda, du temps des élus Claude Denis et Michel Sapin. Nous reconvertissons toujours de façon intelligente. Notre groupe est spécialisé dans le développement logistique dans les territoires, pour capter des emplois à proximité. » Plus précisément, dans le grand Est, les Hauts de France et le Centre-Val de Loire. Dans l’Aube ; à Cholet, dans le Maine-et-Loire, à Mer ou plus récemment à Neuillé-Pont-Pierre, dans l’Indre-et-Loire. Sans oublier la Sologne avec Romorantin donc. Sur la ZA des Terres Fortes (Grandes Bruyères), près de l’échangeur de l’A85, 100 000 mètres carrés de constructions vont s’aménager. La demande de permis de construire est planifiée pour mai 2020. L’investissement pèsera entre 30 et 40 M€. Une petite zone sera consacrée aux entreprises locales intéressées. Nous songeons alors en particulier à l’entreprise des transports Charbonnier qui envisageait un temps de s’étendre, plutôt à Blois faute de place à Romorantin ? «Nous travaillons avec la société de conseil en immobilier, Arthur Lloyd. Nous allons rencontrer tout le monde quand ce sera lancé, » a simplement commenté Thierry Bruneau. «Nous travaillons enfin avec les riverains et en fonction des attentes de chacun. Nous avons toujours tenu nos engagements. Notre métier n’est pas une profession de promesses mais de réalités. »

E-commerçants, oui, mais qui ?
En parlant de réalités, l’autre versant du projet en prévision annonce en sus sur place une plate-forme XXL, soit 45 000 m2 dont 2 000 m2 de bureaux. « Pour des e-commerçants, » dévoile sans fard le président de Catella Europe. « C’est la mode, c’est notre deuxième industrie. 200 à 300 emplois de préparation de commande seront générés. Les flux de camions seront quant à eux maîtrisés, sans perturbation dans le cœur de la ville, avec l’autoroute toute proche.» E-commerce, le gros mot est lâché. Pourtant, ne prenons pas une posture de vierges effarouchées, nous commandons tous et toutes, ou presque, en ligne. Un bruit persistant évoquait Amazon, un autre nom qui peut parfois déranger, ce d’autant plus avec l’extension du centre commercial E.Leclerc à l’autre bout de la ville qui lui également passe mal (Cf. encadré), auprès des commerces de centre-ville, notamment, en pleine campagne électorale des municipales de surcroît pour charger davantage la mule accablée. Alors ? « Pour Amazon, vous n’avez ni tort ni raison, » nous a répondu Thierry Bruneau. « Un dossier analytique Amazon avait été rempli, avec un refus à Chartres. Ce ne sera ni Amazon ni Zalando à Romorantin mais il faut se tenir prêt, les e-commerçants cherchant en permanence des terrains en région pour se développer. » Pour l’instant, ce ne sera donc pas… C-Discount ou Price Minister à la place, ou autres consorts ? Suspense. Assurément à suivre. « C’est une question d’équilibre. Je me bats et je défends par ailleurs les boutiques du centre-ville et les grandes surfaces locales, » aura insisté Jeanny Lorgeoux, comparé par le président de Catella à l’édile de Moulins (dans l’Allier) qui a su faire co-exister ces différentes formes de consommation. En attendant, cerise sur les plateformes logistiques qui s’élèveront dans le ciel romorantinais d’ici 18 à 24 mois, un BTS logistique va voir le jour au lycée Claude de France en septembre 2020, dans l’objectif de pourvoir aux futurs besoins de main d’oeuvre locale. Les consommateurs choisiront, les urnes également.

É. Rencien

Feu (à moitié) vert
Si la plateforme logistique avec des e-commerçants est une nouvelle sans doute à double tranchant pour le maire sortant de Romorantin, le dossier de projet d’étalement du centre commercial E. Leclerc s’y ajoute, n’attirant pas l’adhésion de tous les commerçants. Projet toutefois validé jeudi 19 décembre 2019 lors du passage en CDAC (Commission départementale d’aménagement commercial) pour plus de 3 300 m2 en plus, c’est-à-dire notamment une extension de l’Espace culturel à l’intérieur de la galerie commerciale (6 pour, 3 abstentions) et l’installation de trois moyennes surfaces non alimentaires (ameublement et décoration, fournitures de bureau, etc. 5 pour, 2 contre, 2 abstentions). Le maire Jeanny Lorgeoux a affirmé que “le projet peut être infléchi,” faisant remarquer à ses opposants politiques “l’absence de création de mètres carrés alimentaires supplémentaires, respectant notre moratoire et notre volonté politique d’équilibres.”
É.R.