La salle Jean-Claude Deret, à Saint-Gervais-la-Forêt, était comble, dimanche 20 mars, jour du printemps, pour l’avant-première de «The White Room», la création 2022 de l’association Azoth Dance Theatre, sur une chorégraphie de Jonathan Breton, l’enfant du pays.
Comment aborder, en ces périodes troublées par les contrecoups telluriques de la Covid-19, la crise en général, le remous des prochaines élections, la guerre russo-ukranienne, la peur de l’avenir et du devenir de tout un chacun, l’ébauche d’une société idéale ou en passe de le devenir à défaut de l’avoir été. Jonathan Breton pose alors la question : «Et vous, votre société idéale, c’est quoi?», et la jette aux spectateurs qui peuvent s’en faire une idée, non pas de leur propre chef, mais par ce que Jonathan et son équipe offrent alors à voir. De noir, le plateau se transformera en blanc. Blancs et noirs, les habits des danseuses et danseurs passeront au rouge, au jaune, au vert et au bleu, avec, toutefois, une base de blanc. The white room ou la pièce, la salle, la chambre (selon la traduction…) blanche, au fil des minutes, laissera le spectateur prendre, selon ses affinités, la place de telle danseuse ou tel danseur, pour se projeter, en acteur de sa propre interprétation de la société, idéale ou non, chacun(e) restant libre de son choix tout comme de son libre arbitrage, selon son alter ego sur scène, quitte à en changer au fil de l’évolution de l’après-midi qui file, fluide et aérien, ne laissant que peu de réflexion au temps qui passe inexorablement. Et alors, se pose la vraie interrogation de la société idéale, est-celle que l’on vit et/ou subit, celle à laquelle on rêve ou celle qu’on voudrait, harmonieusement, partager avec tous ses semblables dans un univers de paix et de quiétude loin des bruits de la vie en furie et des tirs de canons meurtriers. Et si la société idéale restait, tout simplement, à (re)inventer, sur de nouvelles bases? Même s’ils continueront, longtemps, à chercher cette question qui hante, aussi, Jonathan Breton depuis quelques années, les spectateurs de l’espace Jean-Claude Deret ont vécu un excellent dépaysement en compagnie de Jonathan précité, mais aussi d’Alexandre Balmain, Marguerite Delle Fontaine, Gildas Lemonnier et Estelle Maire qu’ils retrouveront au cours de la saison, en Loir-et-Cher et ailleurs (www.azothdancetheatre.com ou azothdancetheatre@gmail.com ou au 641 avenue du Grain d’or, 41350 Vineuil, siège du centre artistique et chorégraphique de Jonathan Breton).
Jules Zérizer
