Du 29 avril au 1er octobre
Un film, un village, une histoire
C’est une aventure unique dans l’histoire du cinéma : un village tout entier, ses habitants, son décor, sa vie quotidienne sont les acteurs d’un long métrage. Le film s’appelle Jour de fête, le village, Sainte-Sévère-sur-Indre. L’histoire commence au milieu des années 1940, pendant l’Occupation. Jacques Tati, alors célèbre pour ses performances de mime – il s’est produit dans nombre de capitales européennes, et Colette compte parmi ses admiratrices – songe à quitter le music-hall pour devenir cinéaste.
Il a déjà écrit quelques courts métrages, mais la guerre, puis l’Occupation allemande vont bouleverser ses projets : le voilà réquisitionné par le STO (service du travail obligatoire) et sommé d’aller distraire la population allemande. Une tâche qui ne le séduit guère. Au bout de deux semaines, Tati et son copain le scénariste Henri Marquet regagnent la France. Afin d’échapper aux autorités allemandes, ils s’installent en zone libre. Pour choisir un point de chute, Tati aurait, racontait sa fille Sophie Tatischeff, déplié une carte de France et pointé son doigt au milieu. Ce qui correspond à la situation géographique du village de Sainte-Sévère-sur-Indre.
Hollywood sur Indre
Nous sommes en 1943. Tati et Marquet franchissent sans peine la ligne de démarcation et trouvent asile au Marembert, un hameau aux confins de l’Indre et de la Creuse, à quelques kilomètres de Sainte-Sévère. Dans cette région isolée, entre Berry et Limousin, même si l’on subit les privations, la guerre et l’Occupation semblent lointaines. Il paraîtrait même qu’on y trouve encore des sorciers, comme dans les romans de George Sand. Monique Joguet, présidente de l’association Tati en Fête évoque ces temps plutôt sereins : « Son complice Henri Marquet et lui avaient trouvé la population chaleureuse, et solidaire. Les deux artistes donnaient un coup de main ici et là, ont participé aux moissons et n’ont manqué de rien ».
Entre deux fenaisons, Tati et Marquet travaillent à l’un de leurs projets les plus chers, un court métrage centré sur la vie des facteurs. Les deux hommes ont noué des liens d’amitié avec la population locale, qui est aussi, pour eux, source d’inspiration. Ainsi, par gratitude et au nom de cette amitié, Tati fait la promesse de revenir tourner un film à Sainte-Sévère dès que la guerre sera finie. Et c’est ainsi qu’en mai 1947, accompagné d’une petite équipe de techniciens, il investit le village. Disposant d’un budget limité, Tati a engagé un minimum d’acteurs, les plus connus, à l’époque, étant Paul Frankeur et Guy Decomble. Peu importe, Tati sait que les vedettes du film, ce seront les Sévérois, qu’il invite à enfiler leurs habits du dimanche et à venir jouer leur propre rôle. Car si le film est censé raconter les aventures burlesques de François le Facteur, la première partie se concentre sur la fête au village.
Tati a une idée précise en tête. Déjà, il veut tourner en couleur (un procédé encore balbutiant à l’époque) : « Je m’étais donné beaucoup de mal pour faire ce film en couleur, racontait-il. J’avais fait repeindre beaucoup de portes dans le petit village en gris assez foncé, j’avais habillé tous les paysans avec des vestes noires et surtout les paysannes, pour qu’il n’y ait presque pas de couleurs sur cette place. La couleur arrivait avec les forains et leurs baraques, le manège et les chevaux de bois. Quand la fête était terminée, on remettait la couleur dans les grandes caisses et elle quittait le petit village. »
Sous le parrainage exceptionnel de Pierre Richard et en présence de Jérôme Deschamps
29 avril
• 14h Ouverture par les Diablotins Sévérois (société musicale)
• 15h inauguration du manège sous le parrainage exceptionnel de Pierre Richard
• à 16h et 18h, au Cinémobile, projection de deux versions de Jour de fête (version noir et blanc de 1949 et version couleur de 1995)
• 16h30, Salle Sophie Tatischeff, projection du documentaire Pierre Richard, l’art du déséquilibre de Jérémie Imbert et Yann Marchet, en présence de Pierre Richard et des deux réalisateurs
• 21h, au Gymnase, Le Distrait, film de Pierre Richard, en présence de l’auteur. Conférence-débat
30 avril
• 14h ouverture par les Diablotins Sévérois
• 15h au Cinémobile, en présence de Pierre Richard : Paris pieds nus, un film réalisé par Dominique Abel et Fiona Gordon. Compte tenu du faible nombre de places, il est conseillé de réserver
• 16h30 salle Sophie Tatischeff, À l’américaine, documentaire de Stéphane Goudet
• 17h30, au Cinémobile, projection de la deuxième version de Jour de fête (1964)
Tout au long de ces deux journées, animation de rue par la compagnie Hydragon.
Un timbre à date est édité pour l’occasion. Les courriers pourront être oblitérés à la Poste de Sainte-Sévère.
Suite du programme dans le prochain numéro.