Sologne : De nouvelles clôtures, et encore illégales ?


La loi Cardoux, visant à limiter l’engrillagement des espaces naturels et protéger la propriété privée, a été promulguée en début d’année 2023, ce qui ne veut pas dire que le combat est gagné. Ce qui n’empêche pas l’association des Amis des chemins de Sologne de rester en vigie sur le terrain.
Les pochettes et les dossiers s’accumulent sur la table de l’association des Amis des chemins de Sologne, à Brinon-sur-Sauldre (18), aux côtés de tasses de café et sablés de Nançay. Bien que leurs dates de naissance respectives fassent songer à des âges propices à la retraite, Marie et Raymond Louis sont toujours aussi actifs. Infatigablement, ils compilent, vérifient les alertes sur des clôtures qu’on leur signale, sillonnent la campagne solognote. Certaines installations sont conformes, beaucoup d’autres non. Le couple dépose à chaque fois plainte auprès de l’OFB, Office français de la biodiversité, quand la clôture n’est pas adéquate. “Nous avons effectué 17 signalements depuis février 2023. Dans le Loir-et-Cher et le Loiret notamment : à Gièvres, Thénioux, Souesmes, Millançay, Villeherviers, Prély, Vannes-sur-Cosson, Cerdon, Romorantin, Theillay, Sennely, Ménestreau-en-Villette, etc.,” révèle Raymond. “Parfois, sur place, nous ne recevons pas toujours des fleurs, évidemment… L’objectif n’est pas du tout d’interdire la chasse ; par contre, certains bafouent la loi pour les nouvelles clôtures qu’ils font sortir de terre.” La loi Cardoux en effet exige, d’ici le 1er janvier 2027, la mise en conformité de l’ensemble des clôtures existantes depuis moins de 30 ans; toute clôture ne doit désormais excéder plus d’1,20 mètre et doit être également posée à 0,30 cm du niveau du sol, érigée avec des matériaux naturels ou traditionnels. Quand elle n’accompagne pas son mari, Marie passe quant à elle,de fait, toutes ses journées au bureau, comme elle l’aime le raconter et décrire ainsi, à trier les photographies, à envoyer les courriers avec les informations et constats aux ministères (Marc Fesneau, à l’agriculture, et Christophe Béchu, à la transition écologique), préfectures et élus locaux concernés, au nom de leur association, fondée il y a vingt-cinq ans. Alors, depuis tout ce temps, évidemment, leur lutte ne va pas cesser du jour au lendemain, même si une bonne nouvelle est survenue le 2 février 2023, celle de la promulgation par le Président de la République du fameux texte de l’ex-sénateur Jean-Noël Cardoux (LR). Ce serait trop simple sans doute… En parallèle, les décrets d’application de la loi précitée sont très attendus pour une meilleure efficacité. Le ministre Béchu, en charge de la transition écologique et de la cohésion des territoires, a promis à François Bonneau, le président de la région Centre-Val de Loire, qui l’a rencontré à Paris, en compagnie des associations (celle des Louis donc, ainsi que l’Acasce, association des chasseurs et amis de la Sologne contre son engrillagement menée par Jean-François Bernardin) le mois dernier, leur rédaction « cet automne », avant la fin de cette année. Mais « trois exceptions doivent absolument être corrigées dans l’écriture des décrets : 1) la sécurisation des voies publiques, 2) la protection des productions agricoles et sylvicoles et 3) la dérogation pour les parcs d’entraînement des chiens de chasse. Car, sinon, malheureusement, ces trois exceptions constitueront des brèches et permettront l’autorisation de ce que la loi prévoyait initialement d’interdire ! Il faut donc réduire au strict minimum les exceptions pour combattre le maintien et la poursuite de l’engrillagement », précisent Marie et Raymond Louis.
É.R.