Sous le chêne de Laurent Charbonnier, une émouvante nature


Le nouveau long métrage du cinéaste solognot sera offciellement visible sur tous les écrans de France et de Navarre le 23 février. Il a été tourné à Tour-en-Sologne, près de Chambord, et a bénéficié du soutien du Département de Loir-et-Cher. Nous avons eu la chance de pouvoir le découvrir en avant-première en décembre 2021. Impressions.
Le dernier film vu de Laurent Charbonnier en date remonte à 2019. Le sujet était royal, car narrant l’histoire du château de Chambord et de son domaine national. Une pandémie entravant, nous retrouvons le réalisateur en 2022. Il a conservé un lien avec son thème précédent puisque son nouveau tournage s’est implanté à quelques encablures de Chambord, à Tour-en-Sologne. Le producteur Michel Seydoux le suit dans cette aventure qui concrétise leur première rencontre à Neung-sur-Beuvron, dans le cadre d’un forum des entreprises, il y a quelques années déjà. À l’écran, toujours des animaux également; ils sont même les acteurs principaux dans “Le chêne”. Et comme son intitulé le laisse présager, vous l’aurez saisi, ce long métrage, dont la sortie nationale est programmée dans toutes les salles obscures le 23 février 2022, se déroule sous les branches d’un arbre à la fois courant et puissant dans le biotope du Loir-et-Cher. Pendant 1h30, son caractère impassible et solidement enraciné au sol, à proximité d’un étang, contraste avec toute la vie qui bruisse sans discontinuer autour de lui. Grâce aux caméras de Laurent Charbonnier et la production de l’acteur Michel Seydoux, le public, qu’il soit petit ou plus grand, peut tranquillement, installé dans son fauteuil, s’immerger sans déranger, profiter de moments délicats à observer sans faire fuir les hôtes du chêne solognot. Au casting, insectes, mammifères, batracien, rongeurs, grand gibier, oiseaux… Balanin des glands, écureuil roux, geais, rapace, couleuvre, hérons, cerfs, sangliers, mulots, grenouille… C’est tout un monde de tailles et formes variées qui s’ouvre aux spectateurs, ainsi qu’une palette d’émotions favorisées par l’absence de toute voix off. Tantôt on sourit, tantôt on frémit. Seule la musique déroulée durant le film, dont le morceau phare est signé par le chanteur aux textes pop ciselés, Tim Dup, rythme faune et flore au fil des saisons qui se succèdent à l’écran. Quiconque ne peut demeurer indifférent par tant de beauté et pureté. De coeurs qui battent !

Branches de liberté
Même le plus rédhibitoire des micro-coléoptères (0,5 cm),
d’abord larve, peut ici émerveiller du fait d’une existence souvent ignorée car inaccessible à l’oeil nu d’humain. Personne, dans ce quotidien filmé, ne passe de vie à trépas non plus, malgré une course poursuite ailée fascinante -où le spectateur possède la sensation de voler lui aussi – qui laisse présager le pire et au final étonne par son issue. L’organisation et l’intelligence animale sont aussi à noter juste avant l’arrivée d’un orage aux conséquences souterraines humaines et là encore, potentiellement mortelles. “Tout est vrai,” a confié le couple Charbonnier-Seydoux qui a tourné pendant un an avant de présenter ce résultat condensé en une heure trente. “Nous avons également choisi des scènes de prédation qui évitent des cauchemars inutiles aux enfants. Par contre, quand la grenouille rate son tir à plusieurs reprises, ça, nous n’y sommes pour rien ! (Rires) C’est juste parfois du bol après de longues heures de patience ! Oui, les rongeurs sont particulièrement bons acteurs. Ce n’est ni un film, ni un documentaire classiques. Plutôt une histoire, un conte. Une locomotive qui nourrira d’autres projets : livres et podcasts; kit pédagogique scolaire délivré auprès des 33 000 écoles de France; sorties nature pour le enfants, notamment en ville, et plantation concrète d’arbres avec l’Office national des forêts (ONF); storyboard donné aux écoles de cinéma, etc.” À la sortie de la salle, chacun fait presque attention en marchant, en songeant notamment aux fourmis épanouies sur l’écran, et chacun pense sans doute à cet instant que ce vivant captivant ne doit être ni détruit ni enfermé. L’œuvre cinématographique marque une pause dans une société qui oublie de voir, permet un instant de cesser de courir pour s’arrêter et admirer sans massacrer, donne l’envie de lutter pour un avenir de biodiversité. La morale de ce film qui participera en février au festival de Berlin ? La nature est si belle en liberté …

É. Rencien

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Jérôme Commandeur a aussi fait son cinéma
Pendant que certains passaient du temps sous un arbre solognot, Jérôme Commandeur avait lui entrepris un tour de France pour promouvoir son film «Irreductibe», car depuis le dernier clap, sa sortie a été retardée à plusieurs reprises pour cause de Covid. La dernière date prévue et annoncée pour la sortie fin mars a été, encore, reportée à l’entrée de l’été, mais le doute a commencé à assaillir le réalisateur, philosophe tout de même, se disant qu’il y a des cas humains bien plus graves et bien plus délicats. Dans le cadre de son périple promotionnel, il est donc passé, au pas de course, le même soir, à Cap’Ciné Blois, puis dans les salles de Romorantin-Lanthenay et Bourges, avant de se trouver, le lendemain, à Châteauroux. De nuit, il n’a pas dû tellement apprécier, et en profiter, les paysages de la région Centre-Val de Loire… En attendant, enfin, la sortie officielle d’Irréductible, les premiers spectateurs se sont montrés ravis de la projection en avant-première de cet opus (arrivé en tête du palmarès de l’Alpe d’Huez) dont ils avaient déjà, fortement, apprécié les bandes-annonces. Il est vrai que Jérôme Commandeur s’est entouré d’une belle équipe de copains au sein de laquelle on retrouve, notamment, Gérard Darmon, Christian Clavier, Estéban, sans oublier Valérie Lemercier qui n’a plus l’accent québécois de Céline-Aline Dion et qui se montre très experte dans le comportement des ours polaires…De joyeux lurons qui vont apporter, dès que le film sera libéré de ses contraintes sanitaires et protectrices, des sourires sur les visages que l’on ne souhaiterait ne plus voir masqués quand le veto sera, enfin, levé…Le plus tôt possible sera le mieux pour qu’on puisse sourire, rire et s’amuser comme des Gaulois irréductibles qui ne craindront plus que le ciel ne leur tombe sur la tête.
Jules Zérizer