Sur grand écran, les bons mafieux ne font pas toujours les bons amis


Le long métrage de Marco Bellocchio, « Le Traître », sélectionné au festival de Cannes en mai dernier, a été projeté à Blois en présence du réalisateur précité jeudi 10 octobre au cinéma les Lobis, bien avant sa sortie nationale prévue le 30 octobre. Nous l’avons visionné en avant-première.
« Il Traditore ». Après les Rendez-Vous de l’Histoire consacrés à l’Italie, et plus deux heures et vingt-cinq minutes passées dans une salle obscure, on parlerait presque la langue de la dolce vita ! D’ailleurs, à la sortie du cinéma, que dire, à part : mamma mia ! Deux heures et 25 minutes donc rythmées par la Cosa Nostra, la mafia sicilienne, soit du sang, du sexe, des gros sous, et même un maxi-procès. L’histoire n’est pas fictive car le personnage principal, Tommaso Buscetta, a vraiment existé. Dans certaines scènes, l’image captée est saisissante de réalité et nous plonge littéralement avec les cibles visées dans la mort et la corruption, mais chut, on n’en révèlera pas davantage. Àmes un peu sensibles, s’abstenir ; pour les autres, à voir ! Parce qu’outre les crimes sanglants, le jeu (et le charme) de l’acteur principal, Pierfrancesco Favino, sonne juste et crève l’écran. On frissonne, on ferme parfois les yeux pour éviter de trop voir l’indicible, mais en même temps, on s’attendrit, on vit l’histoire comme si on y était, on est tenu en haleine jusqu’à connaître la chute finale, et surtout on ne s’ennuie pas une seule seconde malgré plus de deux heures assis sur un fauteuil rouge, dans l’obscurité. Pour un pitch rapide, nous sommes au début des années 1980, en pleine guerre des parrains de la mafia sicilienne. Tommaso Buscetta, membre de la Cosa Nostra, s’échappe sous une fausse identité avec sa femme au Brésil pour passer à autre chose, pendant qu’en Italie, les malfrats qui lui sont proches passent de vie à trépas, y compris ses deux fils assassinés à mains nues par ses petits copains. Contraint de revenir au pays, le truand – s’affirmant non repenti mais ayant des valeurs, hum – va collaborer avec l’État et balancer ses potes d’hier. Le titre « Le Traître » est finalement à prendre à double tranchant… Et contre toute attente, tout est bien qui finit bien, comme escompté, mais une nouvelle fois, bouche cousue. Au sens figuré, pas comme dans le film…
É. Rencien