Tempête annoncée : consolidez les échafaudages!


Gros coup de tonnerre sur l’approvisionnement en matières premières dans le bâtiment…
Contrairement à d’autres organisations «syndicales ou patronales», qui agitent, à longueur d’année, des messages pessimistes ou noirs, la Fédération Française du Bâtiment (FFB) de Loir-et-Cher ne déclenche des points-presse qu’en cas d’urgence extrême.
C’était le cas, en cette fin de mois d’avril, où Frédéric Théret, président départemental, et Fabrice Fouquet, vice-président, ont tiré plus que la sonnette d’alarme et allumé les feux de détresse, face à la situation déclenchée par une conjoncture économique très, vraiment très, préoccupante, en présence de Catherine Jouanneau, secrétaire générale.
La crise est passée par là, mais le bâtiment a été l’une des activités qui n’a pas trop souffert du confinement dans la mesure où la très grande majorité des chantiers se déroulait en extérieur et que les mesures sanitaires ont, de suite, été prises en compte, même si certaines situations de travail étaient difficiles pour le maniement d’outils ou machines avec un masque…Il a fallu adapter des paliers de respirations forts en fonction des tâches à accomplir et la situation n’était pas aussi catastrophique que dans d’autres secteurs,, même en fin d’année 2020, toutes proportions gardées.
En fait, le point le plus important qui inquiète la FFB en ce premier semestre 2021 porte surtout sur la hausse des matières premières et de la flambée des prix de ces mêmes matériaux qui ont suivi. Le bois de structure et les éléments métalliques, bases de la majorité des chantiers de construction, ont vu leurs prix flamber, ce qui a entraîné, outre des difficultés d’approvisionnement, des augmentations du prix de vente qui se sont traduites dans les devis à établir, les anciens devis n’étant plus financièrement équilibrés avec les prix finaux entre la promesse de commande signée, le chantier et la livraison préprogrammée…Et cela est un phénomène international, car aux deux matières premières précitées, s’ajoutent le zinc, l’aluminium, le plomb, le nickel, le cuivre qui scorent entre plus 10% et plus 20%! Les produits plastiques et le polyuréthane ne sont pas épargnés et de fortes craintes sont annoncées en matière de produits plus techniques à base de puces ou autres composants en silicium…qui deviennent de plus en plus indispensables dans des constructions actuelles.

Note salée, compréhension demandée
Le tout peut représenter, pour l’acquéreur d’une maison, une augmentation entre 4% et 25%, selon les choix, ce qui peut ne plus s’équilibrer avec les dossiers prédéposés auprès des banques en crédits complémentaires au bas de laine ayant ouvert les premières opérations familiales d’un rêve qui peut devenir un cauchemar…
Et, si la pénurie due au non approvisionnement en matières premières précitées se poursuit, bon nombre de chantiers pourraient stopper sans même avoir été commencés. De plus, si les délais ne sont pas tenus et respectés selon le calendrier présigné, les indemnités de retard s’accumuleront, ce qui risque de saler encore plus la note finale.
La FFB 41, à l’instar de ses consœurs sur le plan national, sollicite la compréhension de ses clients particuliers et bailleurs ou maîtres d’ouvrages, publics ou privés, car, à ce jour, il est impossible de chiffrer à l’euro près les opérations à venir ou, déjà, en attente. L’indexation des prix est souhaitée par la FFB nationale et un appel, pressant, est lancé au gouvernement afin d’amortir un choc qui s’annonce catastrophique si rien n’est entrepris, rapidement ! Cela pourrait se traduire, par ondes de choc inévitables, à des licenciements faute de travail à fournir, ce que les employeurs ne souhaitent pas, évidemment.
Et pourtant, tout semblait sourire à cette branche professionnelle tant en Loir-et-Cher qu’en région Centre-Val de Loire, en privé comme en public. Mais, la demande de bois, forte de la part des USA, surtout, a déséquilibré, fortement les bases de cet engouement que même le coronavirus n’avait pas terrassé par rapport à d’autres branches économiques. De plus, cerise négative sur le gâteau, aucune compagnie d’assurances ne couvre ce genre d’incidents, non assimilables, par exemple, à une perte d’activités et une réduction du chiffre d’affaires, consécutives à un incendie ou une inondation, avec destruction de l’outil de travail.
2021 s’annonce très orageux pour le bâtiment qui, bien qu’ayant traversé plusieurs crises, semble très inquiet pour un avenir qui s’annonce bourré d’intempéries qui ne sont, cette fois, ni naturelles, ni météorologiques…C’est vraiment une situation inédite et exceptionnelle dans la longue vie de cette catégorie économique aussi vieille que le monde. Le nouveau monde réussira-t-il à l’abattre?
Jules Zérizer