Tiers-lieux, la bonne idée rurale


La seconde journée régionale des tiers-lieux s’est tenue il y a quelques jours à Orléans. Mais le concept de tiers-lieu est encore bien souvent inconnu. Explication à l’attention de ceux qui vivent en campagne et qui n’ont pas suivi cette évolution sociétale !
Pour faire simple, un tiers-lieu est un endroit où se développent des activités aussi diverses que l’apprentissage du numérique ou le développement de l’écoconstruction. Des lieux, dits de citoyenneté, pour la création et l’innovation dans les domaines aussi divers qui vont de l’économie à l’écologie, de l’agriculture à la culture…
Dans une France qui a du mal à construire une ruralité vivante et à maintenir une équité entre les habitants, ces « tiers-lieux » sont souvent des initiatives citoyennes qui pallient à l’isolement et dynamisent les territoires.
L’idée n’est certes pas nouvelle, mais elle prend un sens plus aigu depuis quelques années, souvent dans l’idée de développer le « faire ensemble » et retisser des liens. L’État et les collectivités prennent la chose très au sérieux et subventionnent largement les initiatives les plus audacieuses. Dans le cadre du plan de relance, le premier ministre a débloqué 130M€, et la région Centre-Val de Loire 1,5M€.
On dénombre 2 500 tiers-lieux en France dont une centaine en Centre-Val de Loire. Rémy Sellier est responsable du développement au sein de France Tiers-Lieux : « le tiers-lieu dit-il, naît le plus souvent de la réunion de plusieurs citoyens autour d’une communauté de valeurs. Ensemble, ils engagent la reconquête d’un territoire, dans une ferme inutilisée ou une friche industrielle, et en font ainsi des lieux de rencontre et d’expérimentation »
Quant au statut du tiers-lieu, rien n’est imposé. On compte 62% sous forme d’association 8% et de Scop (Société coopérative et participative)… Souvent portés par des EPCI, des fondations, des établissements scolaires ou autres institutions.

La Filerie, tiers-lieu en Sologne
À Fresnes non loin de Cour-Cheverny, Cécile Bargue et son mari Jérôme ont créé en 2018, une association pour transmettre des bonnes pratiques de l’éco-construction, de la transition écologique ou de la production raisonnée. Un an de travail avec des citoyens engagés, les associations et les intercommunalités locales, pour penser la meilleure façon de changer les pratiques de la vie quotidienne. « On a vu que l’on se retrouvait toujours dans les AMAP ou les recycleries, mais qu’il n’existait pas de lieu facile et multi activité, explique Cécile. Les Parisiens reconvertis ont donc choisi de mettre leur lieu de vie au service du développement d’idées citoyennes, une activité qui leur tient vraiment à cœur. La Filerie accueille des entreprises pour des journées de séminaire souvent en lien avec la transition. Elle propose des ateliers en équipe avec une découverte des plantes sauvages, le « zéro déchets », et l’initiation à l’apiculture par exemple.
Et le développement n’est pas terminé, puisque la Filerie prévoit de développer un lieu d’hébergement et de restauration dans deux granges attenantes. « Le projet est en passe de démarrer, détaille Cécile ; d’ici un an, on devrait disposer de salles de coworking et de formation ».
Outre les douze administrateurs, la Filerie compte aujourd’hui deux salariés et bientôt deux volontaires du service civique. Sa constitution a été soutenue notamment par le dispositif CAP Asso de la région Centre, mais aussi par France Tiers-Lieux qui a « reconnu » le projet, et également financé par le fonds européen ReactEU.

Dynamiser la ruralité
« On sent qu’il y a une dynamique pour cette question, le soutien de l’État, des collectivités et même du secteur privé, en est la preuve ». François Bonneau, président du conseil régional Centre-Val de Loire compte bien s’appuyer sur ces tiers-lieux pour dynamiser la ruralité. « Il faut rechercher la fertilité des territoires, poursuit-il, on a besoin pour cela de regrouper les énergies, les imaginaires pour développer les innovations. »
« Mais l’État n’a fait là qu’un amorçage, conclut le président. Son rôle n’est d’ailleurs d’être là en permanence, c’est aux Régions de prendre la suite ».

Stéphane de Laage