Toi y en a pas comprendre sans Falc


C’est nouveau. Ça vient de sortir. Voici venu non pas le temps des rires et des chants mais, en première ligne de l’alphabétisation, le Falc. Si vous n’en avez jamais entendu parler, ne vous inquiétez pas, le Petit Solognot peut tout vous expliquer ! Ce sera avec nos modestes capacités… Le Falc est, selon Wikipédia dont les nombreux contributeurs bénévoles sont loin d’être des imbéciles, un « mouvement d’un langage facile à lire et à comprendre ».
Il aurait pris source, non pas au mont Gerbier de Jonc, comme la Loire, mais dans un mouvement mené aux États-Unis en 1972 pour des personnes en situation de handicap. Voilà bien une heureuse initiative partie d’un bon sentiment que celle de rendre les écrits compliqués à la portée de gens en situation de compréhension difficile. Seulement, le Falc est devenu plus encore. Il dépasse le handicap pour parler aux communs des mortels mais en les rangeant dans la catégorie bas du plafond. Désormais, le Falc sert à expliquer les textes préalablement écrits en novlangue, ceux avec les termes abscons de technocrates imbus de leur savoir plus livresque que de terrain. Au diable la pratique puisqu’on a le virtuel. En langage Falc, cela veut dire : c’est pas parce que l’on n’y connaît rien dans un domaine qu’il ne faut pas expliquer comment ça marche. Et ça fonctionne pour tout et n’importe quoi. Et c’est même interprétable.
Cependant, il faut faire attention. Pas de blague. En humour la compréhension du 1er niveau est déjà tellement aléatoire – et en revenir, ferait remarquer Tonton Marcel, spécialiste en blague anti-Falc – que franchir un palier supplémentaire serait une atteinte au droit simple de la compréhension. Avec le Falc, il n’est donc pas question d’utiliser le 2e degré. Il est maintenant perdu au fin fond des oubliettes du wokisme mondial et n’est donc pas à la portée de tout à chacun. Que nenni donc de l’utilisation d’humour potache, potiche, postiche, postal, etc. Les limbes sont devenues trop vastes pour ourler ce Falc qui signe son nom d’un F à la manière de Zorro et de son Z. Par contre, ici, la signification c’est juste Foutaise.
Le Falc sert également, et énormément, avec son associé l’astrofunding. Ce dernier est un anglicisme qui se traduit par « désinformation populaire planifiée ». Ce phénomène est au populisme ce que Alexandrie ! Alexandra ! Ha ! est à Claude François ; un hymne, une ode, un cap, une péninsule. Le Falc en est une des meilleures expressions. Dans ce mouvement néo-conformiste, on multiplie les approximations de manière la plus savante qui soit. C’est le Bourgeois gentilhomme version 2.0 ! Les utilisateurs ne sont pas au niveau de Molière mais s’en donne l’air à défaut de la chanson. L’essentiel est d’en faire suffisamment pour embrouiller le lecteur-sujet considéré ici comme béda-neuneu. Il semblerait que, selon les dernières analyses établies suivant le théorème de Nicolas Perruchot (version expert), nous aurions même, près de chez nous, en Sologne, des spécialistes de l’association Falc-astrofunding. Là encore, il convient d’être prudent : ce qu’ils racontent n’est que rarement vrai. Par contre, ce n’est jamais, mais vraiment jamais, faux non plus. Ce qui, en transcription rabelaisienne, donne toujours : nous voulons vous le mettre profond mais nous allons vous fournir le gravillon ! On n’est pas loin de Fake mais on ne doit pas non plus confondre Falc et Talc. Le résultat est identique, quelque soit la lettre modifiée !
Au bout de quelques lignes de ce texte, certains d’entre vous ont dû se perdre en route. Nous vous le répétons, n’ayez aucune inquiétude. S’il existe probablement quelqu’un autour de vous capable de le traduire en version Falc, nous allons lui éviter toute peine excessive. Pour de vrai, le Falc c’est : si toi y en pas tout comprendre, moi y en a t’expliquer que tu peux continuer à pas comprendre. Comme toi y en a couillon, moi y en a s’occuper de tout !

Fabrice Simoes