Un couple à l’écoute de la nature


Martine Todisco en préparation des captations sonores de gélinottes des armoises dans l’Idaho (Etats-Unis) pour le film « Les animaux amoureux » de Laurent Charbonnier. Photo : Laurent Charbonnier.

 

Chefs opérateurs du son spécialisés en cinéma animalier, Martine Todisco et Philippe Barbeau se sont installés en Sologne depuis un an. Mais cela fait plus de 25 ans qu’ils y viennent régulièrement pour enregistrer les sons de la nature et des animaux, notamment pour les films de Laurent Charbonnier.

Chloé Cartier-Santino

« J’ai toujours été intéressé par les sons de la nature et pour mes 13 ans, mes grands-parents m’ont offert un enregistreur, j’ai commencé à enregistrer des animaux et ça ne m’a jamais quitté », raconte Philippe Barbeau. Ingénieur du son, spécialisé en cinéma animalier, il a commencé sa carrière dans les années 70 sur un projet intitulé « Paysages Sonores », avec le Museum d’histoire naturelle de Paris, destiné à l’éveil de la sensibilité auditive des jeunes enfants au moyen de sons naturels et humains. C’est à ce moment-là que Martine Todisco le rencontre et le rejoint pour travailler avec lui. Peu de temps après, le couple croise le chemin des cinéastes François Bel, Gérard Vienne et du compositeur Michel Fano (réalisateurs des films « Le Territoire des Autres » et « La Griffe et la Dent »). Ils enchaînent ensuite les projets ensemble, en tant que chefs opérateurs du son, avec bon nombre de réalisateurs et de producteurs, parmi lesquels les noms de Laurent Charbonnier et de Jacques Perrin reviennent le plus souvent (lire encadré). Ils ont toujours mis en œuvre des techniques de captation sonore innovantes comme, en 1983, la réalisation de leurs premiers enregistrements numériques au Domaine de Chambord. « C’est là qu’on a enregistré notre premier brame », souligne Philippe. Mais au-delà de la Sologne, ils ont voyagé un peu partout dans le monde, de l’Asie, à l’Arctique, en passant par l’Afrique et les Etats-Unis pour enregistrer toutes sortes d’espèces : singes, oiseaux, fauves, mammifères marins…

 

Philippe Barbeau en préparation de captations sonores dans l’extrême nord du Queensland (Australie). Photo : DR.

 

S’adapter aux animaux

« Il faut s’adapter aux animaux sauvages, à leurs saisons et à leurs activités, en se cachant, tout en essayant d’être au plus près », explique Martine. Et Philippe d’ajouter : « Ce qui me frappe, c’est la grande tolérance des animaux car on a passé des milliers d’heures avec eux et on a eu très peu de problèmes ». Les difficultés qu’ils rencontrent sont liées parfois au fait que certains sites sont favorables pour tourner des images mais pas forcément pour les sons. « Il y a de nombreux endroits, surtout en Europe, où il est difficile de travailler à cause des bruits de fond parasites de l’activité humaine, comme le trafic aérien ou les voitures », raconte Martine. Au fil du temps, ils ont aussi vu le matériel évoluer, aussi bien au niveau de la captation que de la diffusion dans les salles de cinéma. « Aujourd’hui, la technologie Dolby Atmos permet d’envelopper les spectateurs avec une qualité sonore exceptionnelle », souligne Philippe. Après la phase d’enregistrement, le couple réécoute tout et note minutieusement des informations sur chaque son qui seront utiles lors du montage (animal, lieu, heure, météo, environnement…). Ils sont ensuite présents pendant la post-production auprès des monteurs pour les aider à se repérer et à placer les ambiances sonores aux bons moments. Actuellement, ils ont bientôt terminé les captations sonores nécessaires au prochain long métrage de Laurent Charbonnier ayant pour thème le Domaine de Chambord. Ce film s’inscrit dans le cadre des productions qui marqueront, à l’automne 2019, l’anniversaire des 500 ans du début de la construction du château de Chambord. L’avant-première est prévue pour le mois de septembre.