Un demi-tour mortel, puis des excuses circonstanciées en fin de course


Nous vous en avions déjà parlé, la situation ubuesque d’un fils injustement empêché de voir une dernière fois son père à l’agonie a depuis effectué le tour des colonnes des journaux locaux et même nationaux. La pendule à remonter le temps n’existe hélas pas, mais le dossier émeut toujours et espérons-le, permettra de servir de leçon. La gendarmerie nationale vient de réagir face à l’infortunée affaire. Suite et épiloque.

Des entraves de circulation et un funeste périple. Le premier weekend du mois d’avril, Patrice Dupas, un habitant et vigneron de la vallée du Cher, dans le Loir-et-Cher, s’est trouvé confronté à une bien douloureuse expérience sur le chemin long de plusieurs centaines de kilomètres, en temps contraint pour cause de Covid-19, emprunté pour se rendre au chevet de son père en fin de vie. La gendarmerie de Loir-et-Cher lui répond « oui »; l’attestation de déplacement dérogatoire, case « motif familial impérieux », est acceptée sans sourciller. Les dernières mètres jusqu’à l’île de Ré, là où son parent, en phase terminale de cancer, éprouve ses derniers instants, s’avèrent par contre infranchissables car la gendarmerie de la Charente-Maritime, là, répond « non », malgré une longue négociation, car selon l’argument du gendarme en service, inflexible, une absence constatée de document signé du médecin et la présence d’une attestation jugée insuffisante. Le couperet tombe et se maintient en place inextricable, l’affaire de refus finit par être de manière répressive gratifiée d’une amende de 135 euros. Demi-tour d’une zone touristique avec résidences secondaires très surveillées et de contrôles certes particulièrement serrés à ce moment-là. Double peine car son père décédera quelques jours plus tard, sans adieux familiaux. Les forces de l’ordre ont par la suite concédé une erreur d’appréciation. Patrice Dupas emprunte alors une autre route, le coeur lourd, en déposant un signalement auprès de l’inspection générale de la gendarmerie nationale, saisissant en parallèle le procureur de la République de La Rochelle. Des démarches qui ne sont pas restées lettres mortes car hier, jeudi 16 avril, le verbalisé a reçu des excuses gendarmées pour une verbalisation confirmée inappropriée. Il a effectivement été reconnu que lors de cet indicent plus que fâcheux lors de ce déplacement avorté du samedi 4 avril à une poignée de petits kilomètres de la destination finale, il n’avait pas été perçu  » le degré d’urgence ». Via l’Agence France Presse (AFP), la porte-parole de la gendarmerie nationale a a posteriori exprimé des regrets face à cette incompréhension, s’associant à la peine de Patrice Dupas qui peut maintenant commencer son deuil, plus apaisé. L’erreur est humaine et mieux vaut tard que jamais. En dépit du fait que« La vie a une fin, le chagrin n’en a pas » (Charles Baudelaire).

Émilie Rencien