Une compétition dans les verres, une plongée au cœur des vignes


Le concours mondial du sauvignon 2020 s’est déroulé en France, à Blois ainsi qu’en Touraine. Entre dégustations à la Halle aux grains et soirées dans des châteaux, le vin aura coulé dans les verres du 5 au 7 mars. Avec mesure tout en braquant le projecteur sur le métier de vigneron.
Une pause, au milieu des sujets relatifs au scrutin municipal des 15 et 22 mars, aura été offerte à la presse début mars grâce au sauvignon. Un jury composé de 75 dégustateurs internationaux pointus (soit une vingtaine de nationalités et 30% de femmes) était réuni dans les murs de la Halle aux grains vendredi 5 et samedi 6 mars, pour découvrir une série de 40 vins chacun. De façon très sérieuse car on n’entendait presque que le tintement des verres lors de la dégustation. Il faut dire que des enjeux d’importance sont inhérents à cette compétition, notamment commerciaux et de notoriété pour les viticulteurs dont les vins retiennent l’attention des palais des testeurs. Parmi ces derniers, des journalistes (quoi de mieux qu’un bon papier dans un journal pour (se) vendre ?), des oenologues, des sommeliers (parmi lesquels Henri Chapon, meilleur sommelier du Royaume-Uni, originaire de Montrichard), des importateurs, mais aussi une petite poignée de VIP plus novices, qui ont pu distribuer les bonnes notes tout en alliant l’utile à l’agréable via des dîners en soirée dans les châteaux de Chambord et d’Amboise. Pour information ou rappel, selon l’agence belge Vinopres qui chapeaute ledit concours mondial, “les qualités aromatiques exceptionnelles du sauvignon en font l’un des cépages les plus appréciés des consommateurs à travers le monde.” Le concours, qui s’est tenu du 5 au 7 mars à Blois, Chambord et Amboise, a pour vocation, toujours d’après les organisateurs, de “ favoriser la promotion des vins issus du cépage sauvignon de bonne qualité, d’encourager leur production et à stimuler leur consommation raisonnable, d’initier le public à la richesse et à la diversité de ce cépage. Présent sur la scène internationale, le cépage sauvignon jouit d’une reconnaissance et d’un fort engouement aussi bien chez les professionnels que les consommateurs!”

Une profession entre plaisir et contraintes
Ce concours fut également l’occasion de parler métier, réchauffement climatique, et autres joyeusetés. Si l’on savait que le travail de la vigne est soumis aux aléas du ciel, ce constat s’avère d’autant plus vrai actuellement. «Aujourd’hui, contrairement à nos aînés, lorsque vous êtes viticulteur, votre souci numéro est le gel récurrent d’une année sur l’autre, » confirme Lionel Gosseaume, viticulteur à Choussy et vice-président de l’appellation Touraine. «Je ne crois personnellement pas aux vignes résistantes; la nature se nourrit du vide et je pense que bien qu’une menace, de maladie par exemple, soit ôtée, une autre la remplacera.» Et côté consommation, le vent est-il en poupe ? « L’appellation Touraine s’exporte hauteur de 30%, » répond le vice-président. « Le marché se porte bien, même si nous devons composer avec les taxes additionnelles de Trump qui s’ajoutent aux taxes historiques. » Dans le détail, l’administration américaine applique, légalement, des droits de douane de 25% sur les vins français, espagnols et allemands de moins de 14 degrés, suite à des subventions, quant à elles considérées illégales, par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), versées par l’Union européenne à l’avionneur européen Airbus. « Les viticulteurs français ont subi. J’ai toutefois pour ma part sur mon domaine choisi de maintenir la ligne USA car une fois que vous avez perdu un marché, cela peut être compliqué pour le récupérer. A voir si le Brexit nous apportera ou épargnera un nouveau flot de taxes ? L’épidémie de coronavirus a en plus annulé notre salon professionnel Wine Paris, un évènement annuel avec 6 500 exposants, the place to be où se font les affaires.» Et le marché, localement parlant, au beau fixe aussi ? Lionel Gosseaume avance le chiffre de moins 50% de consommation de vin d’ici les 10 ans à venir. Il faut effectivement boire ou conduire. « La pression est surtout forte avec la communication du ministère de la santé. Ce qui ne signifie pas que les gens se désintéressent ! En France, gastronomie et vins sont associées lors d’un repas. L’appellation Touraine possède l’atout de symboliser élégance et finesse. Une médaille en outre déclenche souvent l’acte d’achat. » En parlant de signe distinctif, à l’heure où nous imprimons ces lignes, les résultats du concours mondial du sauvignon étaient dévoilés sur le Web, à consulter donc en ligne sur https://cmsauvignon.com/fr/
É. Rencien