Châteauroux
Dans l’ancienne usine de confection de la rue de Strasbourg, symbole d’un siècle de vie ouvrière, l’OPAC va implanter un ensemble immobilier à l’image du quartier.
On ne touche pas à la façade sur le rue de Strasbourg, ni à la maison du contremaître. Mais les ateliers à toits en shed (en dents de scie si vous préférez qui offrent une étonnante luminosité à des surfaces énormes) vont laisser la place, dans le courant de l’année 2017, à des habitations. «Des habitations à l’échelle du quartier, insiste Pascal Longein, directeur de l’OPAC 36. La densité de population sera faible puisque l’on réalisera 55 logements sur un terrain de 13.000 m2 en réservant 30 % de la surface aux espaces verts. Il s’agit d’insérer cet espace d’habitation dans le quartier, de ramener de la population dans le coeur de Châteauroux. Aux 100.000 chemises, on est à deux pas de la place Voltaire».
Concours d’architectes en 2016
Ce souci d’insertion sera évidemment dans le cahier des charges du concours d’architecte que va lancer l’OPAC au premier trimestre 2016. La façade sur la rue de Strasbourg deviendra la vitrine de la maison médicale qu’ abritera le bâtiment remanié. La voie intérieure sera conservée pour desservir les différents logements : 43 maisons de ville avec leur garage et douze appartements avec un espace de stationnement. Soixante places de parkings sont prévues. La circulation s’effectuera en sens unique entre la rue de Strasbourg et la rue Pasteur à travers cet ensemble immobilier. «Je souhaite, ajoute Pascal Longein, que les riverains et les anciens des 100.000 chemises soient associés à la réflexion des architectes».
La consultation sera lancée au début de l’année 2016. Un jury composé de représentants de l’OPAC, de la mairie et d’architectes, retiendra les trois équipes finalistes qui auront trois à quatre mois pour présenter le projet définitif. L’un des trois sera retenu par le jury.
C’est un projet de 9 M€ sur lequel travaillent les équipes de l’OPAC depuis un an. D’importantes contraintes de dépollution (amiante, plomb) devront être prises en compte. «Un projet important pour les entreprises du bâtiment. Un projet qui témoigne d’une politique de reconquête du centre-ville. Il va associer locatif et accession à la propriété sur des parcelles de 120 à 220m2.» Pascal Longein est un directeur heureux.
Un peu d’histoire
Installée en 1891 à Châteauroux, rue de Strasbourg, la société 100.000 chemises va à contre-courant de l’orientation des industriels des dernières années du XIXème siècle, qui préfèrent le travail à domicile au travail en atelier.
En 1900, l’usine compte 500 salariés, et plus de 700 avant la première guerre mondiale. A ceux-ci, on doit ajouter 300 ouvrières à domicile.
Les 100000 Chemises, Création Cent Mille à partir de 1987, fut une des dernières entreprises de confection du département. Elle avait abandonné le statut de sous-traitant, vendeur de main-d’oeuvre, pour devenir fabricant et lancer ses propres marques, dont la plus connue est «Fil â Fil».
En 1993, le rachat du site par l’OPAC avait redonné un ballon d’oxygène à l’entreprise qui comptait alors plus de 200 salariés. Mais elle fermait définitivement ses portes en 2004.
Pierre Belsoeur
