À Chambord, Renaissance électr(on)ique !


PARTY NIGHT ! À l’occasion de l’anniversaire des 500 ans en Val de Loire de la disparition de Léonard de Vinci et du début de la construction du château de François Ier, le domaine national de Chambord et la plateforme « livestream » Cercle, qui diffuse des sets de DJ en direct sur la Toile, ont conjointement organisé samedi 11 mai un festival électro d’ampleur. La fête fut royale, non sans travers.

Solomun, Stephan Bodzin, Bon Entendeur, Jean Tonique, Polo & Pan. Ces noms, avouons-le, ne nous parlent pas, mais pas du tout, même s’il s’agit visiblement d’artistes très tendance sur la planète électro. Hormis Carl Cox, David Guetta et Martin Solveig, aussi Mosimann, nous ne sommes pas assez connectés sur ce type de musique pour connaître la scène DJ hype du moment. Mais peu importe, ça s’écoute aisément et on y prendrait presque goût. De midi à 2 heures du matin, samedi 11 mai, sous un ciel instable, les cerfs auront dansé dans la forêt (ou se seront cachés face à tant de brouhaha). Ce sont surtout 20 000 festivaliers qui auront investi le parterre Nord herbé du Fer à cheval, face au château de Chambord. Le feu des critiques aura rapidement fusé sur les réseaux sociaux, face à des files d’attente interminables notamment en fin de journée, avec des teufeurs pressés comme des citrons sifflant leur indignation et mauvaise expérience, idem devant les points bar et restauration. Nous-mêmes, nous aurons constaté lorsque nous n’étions pas encore garés sur le parking presse une poubelle plus que débordante, déversant ses déchets à terre. Nous aurons de surcroît rencontré des difficultés dès l’entrée au moment du scan de notre invitation média. Accréditation déjà utilisée à midi ! Impossible car nous arrivions et il était 19h. Débordés, deux jeunes hommes nous auront suggérés d’appeler le service communication des lieux, mais avec le réseau téléphonique saturé, impossible également… De quoi nous refroidir d’emblée et pas seulement du seul fait de la météo frisquette. Ça commençait bien ! Un troisième homme sympathique nous aura finalement attaché au poignet le précieux bracelet vert VIP. Une fois dans l’antre du festival, un peu crispés par cet incident, nous nous serons détendus en croisant des jeunes de France et de Navarre (et même hors des frontières hexagonales), souvent bières en main, à chaque fois sympathiques et respectueux à notre encontre, nous confiant leur présence motivée par la magnificence du cadre historique, leur donnant parfois une velléité à entrer dans la peau de touristes le lendemain. Nous nous montrons parfois très critiques mais dans le cas présent, nous serons indulgents car il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne commettent pas d’erreurs ! Et puis, les organisateurs ont reconnu leur dépassement et le site royal a depuis été nettoyé. C’était une première, à peaufiner donc. Ne soyons pas manichéens, et au passage, rappelons le dépôt sauvage quotidien dans les forêts et autrs joyeusetés ici et là, et des festivals de musique électronique sans doute bien plus “violents” comme Tomorrow Land en Belgique, comme nous l’expliquait un collègue il y a peu… Le château est toujours debout, rien à voir avec les tags des Gilets jaunes sur l’Arc de triomphe à Paris. En somme, nous pourrions ainsi multiplier les exemples à foison pour dédramatiser la situation. Le 11 mai, la fête fut belle et exceptionnelle, avec des camaïeus d’émotions et des jeux de couleurs s’épanchant dans la nuit sur les pierres de tuffeau du château de feu François Ier, le roi aurait peut-être apprécié à son époque ! Et celles et ceux qui ont eu la chance de s’y déplacer grâce à un billet sésame attrapé au vol des réservations vite complètes, malgré certains côtés déplaisants, doivent mesurer leur bonheur face à la frustration d’autres qui auraient tout donné pour être de la “party”. Rendez-vous pris l’année prochaine pour une version festive améliorée.

Émilie Rencien