Agglopolys Des chiffres, des lettres, plus la voyelle “e” !


La communauté d’agglomération de Blois tenait conseil le 31 janvier dans la salle du Jeu de Paume. Un rapport d’orientations budgétaires a particulièrement exposé les différences de visions gauche-droite.
Des gestions saines pour rendre les clés du château en 2026 de façon nette. “Que nous soyons encore en responsabilité ou que nous soyons remplacés, nous laisserons des marges de manœuvre pour le mandat suivant,” a répété Christophe Degruelle (PS, le président d’Agglopolys, sans changer sa position martelée depuis le début. “Donc, deux objectifs, deux ratios.” Malgré ce discours bien rôdé et se voulant rassurant depuis l’exécutif, les désaccords le 31 janvier en conseil, se sont manifestés. Rien de neuf sous le soleil de Blois : comme à l’accoutumée, la gauche a dû essuyer des critiques répétitives de la droite et apparentés. Bien que les échanges furent un brin plus vifs que d’ordinaire. Dans l’opposition, Catherine Lhéritier, maire de Valloire-sur-Cisse, a pointé du doigt des “dossiers semblant sous-dotés,” notamment la question des liaisons cyclables et l’entretien des voiries, contrastant selon elle avec “un budget important mis sur la future recyclerie pour les déchets ménagers”. Le manque d’ambition économique a à nouveau été déploré également. Joël Rutard (LR, maire de Cellettes, a en sus exprimé ses angoisses. “J’étais inquiet par le passé, je le suis encore.” Christophe Degruelle, s’agaçant un peu pour une fois, a balayé d’un revers de mots. “C’est ta nature, c’est tout, Joël. Et Malik (Benakcha, LR), tu me fais marrer, ton propos est toujours trop caricatural. Il ne faut pas se faire peur, rester tétanisés ! Nous ne sommes pas dans le rouge, le point de départ est bon. L’accélération de poly-crises (inflation, guerre, mesures fiscales du Gouvernement avec la suppression à la CVAE (Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises), etc.) nous handicape et nous amène à opérer des choix stratégiques importants.” À savoir consentir un effort financier pour soutenir le CIAS, centre intercommunal d’action sociale, confronté à une demande croissante, en particulier du fait des difficultés de remplissage des maisons seniors (le montant d’aide passerait de 3,9 M€ à 4,6 M€); jouer sur l’augmentation de la TEOM, taxe d’enlèvement des ordures ménagères, ainsi que sur un accroissement du versement mobilité payé par les employeurs publics et privés, en compensation de la CVAE disparue donc.

Des chiffres mais où sont les femmes ?
“Cela donnerait une respiration forte. Ce que je préfèrerais plutôt qu’une taxe liée à la compétence GEMAPI (gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations),” a poursuivi dans son argumentaire, M. Degruelle. “On travaille sur les zones d’activités et l’extension du Parc des Châteaux, mais ce genre de dossiers économiques prend dix ans. Nous venons d’avoir une bonne réunion avec le président du Conseil départemental, Philippe Gouet, qui ressort le vieux dossier de la déviation de La Chaussée Saint-Victor. Avec le Département encore, je suis ravi de la réalisation d’une passerelle sur la Loire qui va booster d’ici 2025 notre attractivité touristique. L’aménagement du secteur de la Bouillie (en Vienne) va aller dans ce sens. Que ceux qui ont envie de tenir un discours alarmiste, assument leur responsabilité ! Nous, notre responsabilité, c’est d’assumer des choses qui sont maîtrisées.” En point presse, le 23 janvier, le président de l’agglomération avait cité notamment d’autres intercommunalités de France confrontées à des difficultés et décisions du même acabit que celles d’Agglopolys, à l’instar de David Lisnard (LR) dans les Alpes-Maritimes par exemple. Il avait indiqué que pour sa part, l’agglomération de Blois doit miser pour 2026 sur l’objectif d’un double dix, c’est-à-dire “un taux d’épargne brute à 10% et une capacité de rendement qui ne dépasse pas les dix ans.” Dans cette majorité, le membre communautaire associé, Marc Gricourt (PS), maire de Blois, a soutenu à son tour “de bons ratios Agglopolys grâce à une bonne gestion, depuis 2008.” Ce premier débat énergique achevé, cette assemblée entrera dans le dur avec le vote du budget prévu le 9 mars. Après ces échanges chiffrés sur fond de testostérone, une subtilité féminine aura détendu l’atmosphère en douceur, en toute fin de conseil, le 31 janvier grâce à l’intervention de la conseillère Lionella Gallard, maire de Cheverny, qui a avisément remarqué ce que quelques-uns n’avaient peut être jamais vu : le fait qu’il “serait bien de mettre un “e” à vice-président.” Pour les femmes élues ! “D’accord sans souci pour ta motion,” a conclu le président Degruelle, réconciliant pour une soirée, littéraires et matheux dans cette assemblée.

É. Rencien