Alice Planchon s’en est allée, bien seule…


Elle avait consacré sa vie professionnelle aux autres dans ses fonctions de secrétaire générale, chargée de communication, du protocole, de la bonne marche de tous les services de la préfecture à une époque où il n’y avait pas autant de cloisonnements que maintenant.
Elle avait démarré sa carrière professionnelle avec Pierre Sudreau, son premier préfet, suivi de bien d’autres qu’elle vit passer sans jamais quitter son poste. Elle avait accueilli la première femme-préfet de France, Yvette Chassagne, en 1981 et assisté au départ du très giscardien Charles-Noël Hardy, au même moment. Avec Marcel Bruna, qui occupa comme elle, divers postes de responsabilités, elle effectua son job, sans faille. Avec une pointe d’humour britannique dû, sûrement à sa mère, citoyenne de sa Majesté, qu’elle eut le plaisir d’accompagner au château de Blois, à la rencontre de la reine Élisabeth II, invitée par le «roi» Jack Lang, et devant laquelle elle effectua une révérence, avec mantille et gants, sans adresser la parole à sa souveraine «car on n’interpelle pas sa majesté. On attend qu’elle daigne vous adresser la parole». Ce fut, à notre humble avis, l’une de ses plus belles journées de citoyenne franco-britannique et de fille rendant hommage à sa mère. Alice Planchon vivait simplement en pensant plus aux autres qu’à elle-même.
Une fois la retraite arrivée, elle se consacra, encore, aux autres dans la peine en devenant visiteuse de malades au centre hospitalier de Blois et en donnant des cours d’anglais, sa deuxième langue, à des élèves en difficulté. Alzheimer la cueillit il y a plus d’un an, dans sa 88ème année. La même maladie a dû frapper aussi les centaines de personnes à qui elle avait rendu moult services durant tout sa carrière…Avec bon nombre de ses anciens camarades de bureau compris, moins d’une cinquantaine de fidèles l’ont accompagnée pour un ultime adieu en l’église de Saint-Gervais-La-Forêt, dont deux anciens conseillers généraux Patrice Martin-Lalande et Michel Eimer; Marie-Claude Dupou, maire de La Chaussée-Saint-Victor ; Jacques Chauvin, conseiller municipal de Blois; ainsi que Jérôme Danard, président national de France-États-Unis, plus de vrais ami(e)s. On est vraiment bien peu de choses sur Terre ! Adieu Alice et merci pour l’excellence des relations que vous avez entretenues avec la presse, seule, à une époque où l’on ne parlait pas de com., de relations publiques, de services de presse, et encore moins d’Internet. C’était fait, simplement, avec le cœur et un sourire, plus un lourd téléphone en bakélite noire. Et ça, on ne l’oubliera jamais même si Alzheimer vient nous secouer les méninges, à notre tour.
Jules Zérizer