Au secours, un homme nu dans la salle…


On savait, avant de venir, que ça allait déballer sec, sur scène, en fait sur le parquet du Jeu de Paume à Blois où l’on avait plus l’habitude de voir évoluer l’équipe de basket-ball de l’ADA ou Alain Souchon ou Bénabar. Ce le fut avec la troupe «Les Chiens de Navarre» que La Halle aux grains n’avait pu caser dans son hémicycle, vu les angles morts possibles, la scène principale tournant autour d’une table de salle à manger et d’un repas de Noël… Elle décida donc de transférer tout le chenil pour trois représentations qui firent le plein à la plus grande satisfaction de la majorité des spectateurs, sauf quelques tronches en biais qui n’ont jamais dû lire une seule page de feu Hara-Kiri ou de l’actuel Charlie Hebdo, son rejeton. Avec un peu de caca, de pipi et flatulences plus solides que gazeuses ayant même entraîné une occlusion des WC! Qu’importe, donc, ce minimum de jauge choquée, mais attentive, toutefois, quand le reste, la majorité non silencieuse, s’est fendu la poire et la pêche, a ri aux éclats qui passaient même à travers les masques et ne s’est même pas offusquée quand l’un des acteurs, encore bien foutu, s’est baladé à poil – nu en français dans le texte – sur le ring et dans les gradins, en escaladant avec une vigueur bandante… quelques sièges, sans effaroucher qui que ce soit, homme ou femme. Chacun(e) s’est retrouvé(e) caricaturé(e) dans sa vie de tous les jours, en famille, surtout les soirs de fête quand on est bien contents de se retrouver même si l’on n’a rien à se dire et cette caricature, par miroir interposé, interpelle car on se surprend presque à s’exclamer (en silence) «Mais que c’est gros. Ouf, ce n’est pas à nous que ça arriverait, même à jeun»… Sans manger, donc, ou sans boire, alors que les acteurs ne se sont pas gênés pour ripailler, on a pu assister à des tranches de vie plus saignantes les unes que les autres en soupirant, comme le titre de la pièce, que «Tout le monde ne peut pas être orphelin», car, sans famille, que ou qui serait-on, surtout le soir de Noël? Rien de moins qu’un chien de Navarre, de Blois ou d’ailleurs, avec ou sans niche et collier, …mais avec une grande famille de spectateurs ravis de se décontracter un peu en cette période fin-Covid et de crainte de future guerre qui, hélas, va engendrer de, trop, nombreux orphelins, à quelques encablures du Jeu de Paume !

Jules Zérizer