Billet d’humeur de Fabrice Simoes


La Start-up à Not’Manu

Il est mouru le vendredi et on l’a attendu lundi avec impatience … Et rien. Nada. Que dalle. Pas l’ombre de la moitié d’une éventuelle vision céleste. Il a fait beau, enfin suffisamment pour que la marmaille parte à la chasse aux œufs et aux lapins en chocolat. Sinon, le week-end Pascal, rien à voir avec le physicien, qu’il ne faut pas confondre avec le week-end des Rameaux une semaine plus tôt et qui n’a rien à voir avec le compositeur éponyme, n’est décidément plus aussi fascinant que par le passé. La preuve en a été donnée puisque, désormais, on peut mourir tranquillement le vendredi saint et on ne ressuscite même plus le lundi d’après. Pourtant, cela aurait été un sacré pied de nez à tous les pourfendeurs du rire, pour n’importe quoi avec n’importe qui, que de voir, en criant haut et fort « Banzaï », sortir du tombeau, Christophe Salengro, Not’président. Vraiment, les miracles ça ne marche plus très fort en ce moment. Peut-être que c’est aussi parce que le vendredi, dans le pays de Groland, c’est Dredi et que le paternel du petit Jésus ne pratique pas vraiment le Grolandais. C’est là que l’on se rencontre des dommages collatéraux causés par la destruction de la Tour de Babel.
Le phare de la nation du pays qui est à côté mais pas si loin s’est donc éteint. Par contre, chez nous, les lumignons clignotent à tout va comme des guirlandes de Noël que l’on aurait oublié de ranger ou qui attendent déjà le Noël suivant. Comme pour un concours Lépine de la connerie nos nouveaux dirigeants politiques, élus ou pas, nos nouveaux petits chefs, nos nouveaux intransigeants de la pensée primaire, nos nouveaux sociologues de la France qui se modernise, change, évolue, et n’a plus rien à voir avec celle d’hier selon les critères factuels de nos médias si nettement inféodés que le nier en devient puéril, s’inscrivent dans une démagogie populiste afin d’être populaire.
Tous ces petits jeunes, ou pas, s’appuient sur une rhétorique prétentieuse où l’on voit nettement qu’avant de conduire leurs parents vers les bancs de l’école maternelle, ils ont aussi tenu la main de leurs grand-parents pour leur faire connaître les choses. Ces Benjamin Button nés quadragénaires ont tous un profil similaire et une dialectique qui procède d’un principe de base : du passé faisons table rase, d’avant rien ne peut-être conservé, et même rien n’a pu existé… Chaque génération s’est un peu comportée de cette manière. Cependant il semble que celle qui nous concerne ait hérité de certains gènes de Mai 68, pas beaucoup des nuits de barricades ou des assemblées générales dans les ateliers, nettement plus de la manif du 30 mai.
A leur tête, Not’Manu a décidé, dit et répété, que la France devait être « une nation qui pense et agit comme une start-up ». Outre les fakes news, très modernes, pour arriver à ses fins, il emploie pourtant des méthodes revisitées mais anciennes puisque basées sur les instincts basiques de l’individu. Comme d’autres avant lui, il se sert d’un levier pour faire basculer notre monde dans le sien. A l’image de la dame de fer, Margareth Thatcher, il se veut inflexible. Les cheminots ce sont ses mineurs à lui. On connaît le résultat. Pour ajouter un peu plus de mauvaise foi, on utilise désormais un vocabulaire guerrier pour fustiger tout gréviste, tout manifestant, tout opposant en général. Quand Not’Edouard déclare que l’on doit le « respect aux gens qui travaillent », il devrait aussi se souvenir que le respect des gens qui font la grève est aussi une nécessité. Se servir d’un bouclier humain est aussi condamnable que de prendre en otage, n’est-il pas ?
Le discours Jupitérien de Not’Manu, renvoyé en écho par Not’Edouard, permet de dédouaner leurs élus et leur conserve une virginité intellectuelle auprès des électeurs. Ils et elles peuvent ainsi, chacun ou chacune, dans leur circonscription, se prononcer en toute quiétude contre la limitation de vitesse, ne pas vouloir de coupe budgétaire dans les hôpitaux ou l’éducation nationale, flatter la croupe d’une vache et embrasser les agriculteurs, ou l’inverse, sans que cela ne leur porte préjudice. L’élu local est couvert. Not’Manu prend tout à sa charge. Il avance non masqué moins lentement qu’un rouleau compresseur mais avec une puissance identique. Sans frein, sans âme et sans complexe, hormis celui de supériorité mais c’est tellement naturel qu’il l’a déjà oublié. Une forme de dictature démocratique d’une toute puissante modernité politique qui écrase l’humain s’est, de fait, tranquillement installée. Ce qui peut chagriner un peu c’est que, dans le domaine des start-up, il est généralement convenu que près de 90 % d’entre elles ne dépassent pas le cap des deux ans de viabilité.
On en reparle au printemps de l’année prochaine, alors ? Et hop !!!

Fabrice Simoes