Champion du monde… par Fabrice Simoes


Bon ben voilà, il fallait que ça arrive : l’équipe de France de football est devenue Championne du monde. Il aura fallu attendre vingt ans mais on est tranquille pour un peu plus de quatre ans vu que la prochaine coupe du monde aura lieu en novembre et décembre 2022. Pour ce billet d’humeur il aura fallu attendre un peu moins, juste le dernier carat avant le bouclage de l’édition du Petit Berrichon nouveau. Gagneront ? Gagneront pas ? Difficile d’écrire à l’avance alors que l’on ferme les claviers à l’aube du lundi matin… Débuter un billet de perdant c’était valider la mauvaise foi britannique qui voyait les Bleus exploser en vol face à la Croatie. Et même si cela avait été le cas, ce n’était pas grave. Laisser à la Croatie la victoire ce pouvait être un pied de nez aux sujets de sa gracieuse Majesté et faire plaisir à un pays capable de renvoyer à leurs études footballistiques les inventeurs du jeu. Enfin, pour l’invention, c’est ce que disent les Grands-Bretons. Perdre face aux Croates, n’avait rien de grave. De la même manière que les Français étaient tous devenus résistants à partir de 1946, les Croates n’étaient pas tous Oustachis en 1942… De toute manière tant que l’on ne perdait pas contre les Anglais, on ne pouvait pas parler de faute de goût ! Parce que, tout de même, sortir du terrain et s’entendre dire « Good Game » par des mecs qui ont inventé et réserve le fair-play aux autres plutôt qu’à eux-mêmes et se moquent de toi à longueur de rencontres diplomatiques, on pouvait envisager une nouvelle guerre de cent ans minimum. Le footballeur de l’autre côté de la Manche ressemble très souvent à un fils caché de Boris Johnson, celui qui veut le Brexit à tout prix, mais ne veut pas payer les pots cassés. Qu’on se le dise quand on renverse une pinte de bière sur son pantalon, ça tâche… Boris c’est le type de défenseur central qui tire directement dans la lucarne mais dans son propre but, simplement pour s’assurer que l’on voit bien sa mèche de cheveu au vent, tel un Trump à la mode européenne.
D’ailleurs, pour en revenir au gazier qui signe des accords d’une main pendant que l’autre main déchire la feuille, si on regarde bien, les Etats-Unis n’ont pas existé lors de cette coupe du monde de football. C’est ce qui arrive quand on se regarde le nombril. Faut dire qu’ils n’étaient pas qualifiés non plus. Heureusement que l’édition 2026 aura lieu un peu, beaucoup, passionnément au pays du jour de la marmotte, celui du sirop d’érable et celui des tacos, sinon on en oublirait le leitmotiv de Donald, American first. Qualifié d’office les States, le Canada et le Mexique. Sur ce coup-là, on ne sait pas si la construction du mur, au Sud, sera terminée et si un pont, au dessus des chutes du Niagara, est envisagé. Les bêtises à Dodo, l’immigration, l’acier, tout ça, ça ne va pas être facile à effacer…
Débuter un billet de vainqueur c’était la possibilité de se prendre les pieds dans le tapis. Ce n’est pas que le jeu présenté par l’équipe de Didier Deschamps ne soit pas empreint d’une excessive légitimité défensive mais on avait un peu des doutes quand même. D’abord les Belges nous ont dit que l’on n’était pas les meilleurs, bien qu’ils aient perdus. Ensuite, on a tous ceux qui ont remplacé le mot Kommandantur par Facebook qui ont expliqué que l’équipe de France c’était que des surpayés qui n’avaient cure du maillot tricolore, de la patrie et tout le toutim. Il est vrai que nous n’en sommes plus à la génération Black, Blanc, Beur d’Aimé Jacquet. Par contre, une chose est certaine, les petits nouveaux avaient la même envie de porter ce maillot là. Il est vrai aussi que le fonctionnement de la phrase classique sujet-verbe-complément n’est pas un acquis persistant pour une partie de la sélection désormais aux deux étoiles. Cependant, il faut remarquer que la proportion est identique pour une même strate de notre population hexagonale. Donc, il ne faut pas tirer de conclusions hâtives quant à une éventuelle disparition des neurones des pratiquants du ballon rond… même si courir après un ballon durant quatre-vingt-dix minutes peut sembler un argumentaire un peu léger. Surtout si l’on intègre que plusieurs millions de nos compatriotes étaient dans la rue, alors que eux n’avaient vu le ballon que sur leurs écrans de télé. Cela faisait tellement de bien d’être content que l’on ne peut en vouloir à personne. Not’Manu va pouvoir tenir son pari : 2 % d’augmentation du PIB. Il sait aussi que le Français moyen est capable de descendre dans la rue mais que c’est juste pour le fun, boire un coup avec les copains, se balader dans le coffre d’une voiture avec un drapeau à la main, et éventuellement monter sur le toit d’un abri-bus. Pour défendre leurs acquis, c’est désormais validé, le Français moyen s’en moque comme de sa première coupe du monde. C’était en 1998, voilà vingt ans. Un autre temps mais surtout un autre monde quoi !