bd BOUM Comme chaque année, la ville de Blois se transforme en temple du 9e art pour accueillir des auteurs et éditeurs classiques et indépendants. Bande dessinée, mais aussi cinéma, expositions, rencontres, cafés littéraires et concerts sont une fois encore au programme du festival blésois.
ARP
«L’aventure continue ! », lance fièrement Jean-Pierre Baron, président de l’association bd Boum lors de la présentation du festival à la Maison de la BD. « De l’ancienne Halle Louis XII, site de la première édition, jusqu’à la Halle aux Grains, lieu actuel du Salon du livre, bd BOUM a su gagner une identité et s’imposer comme un rendez-vous incontournable en région Centre-Val de Loire », poursuit-il. « Le festival n’étant que la partie émergée de l’iceberg. » Et pour cette trente-cinquième édition, les organisateurs voient toujours aussi grand. Les 23, 24 et 25 novembre, 200 auteurs et 70 exposants s’égareront dans 18 lieux et 12 expositions dédiées au 9e art. Pourtant, ce festival 2018 sera particulier, car il se tiendra sans René Pétillon, grand Boum 2017 et par tradition président de l’édition à venir. Pétillon a été emporté par une longue maladie fin septembre, à l’âge de 72 ans. Il avait notamment créé le personnage de Jack Palmer, un détective calamiteux, dont les péripéties ont été narrées à travers plusieurs albums publiés entre 1976 et 2013. « Cet homme à l’élégance rare et à l’humour irrésistible est resté dans l’action jusqu’au bout, en intervenant sur la mise en page de l’affiche et la scénographie de l’exposition qui lui sera consacrée à la Maison de la BD », confie Bruno Genini, directeur du festival. À quelques mètres de là sera inaugurée la salle Annie Goetzinger. La dessinatrice au style chic et sensuel, pionnière de la BD féminine, s’est éteinte, elle aussi, en 2017, et une présentation « souvenirs » lui rendra hommage.
Blois, capitale de la BD ?
Blois devient, le temps du festival, le lieu incontournable pour les amateurs et les curieux ainsi que « le terrain d’expression des auteurs », assure son président. « L’année dernière, nous avons accueilli environ 22 000 visiteurs, il n’y a pas de raison qu’ils soient moins nombreux cette année », annonce le directeur, sereinement. Désormais, le festival investit le Chato’do, les Lobis, la Fabrique, la Fondation du doute, la bibliothèque Abbé Grégoire et les institutions de Blois, Hôtel de ville et Conseil départemental qui se prêtent volontiers au jeu de la bande dessinée. La Halle aux Grains demeure le théâtre principal de bd BOUM. Le salon du livre et les séances de dédicaces avec notamment Boucq, Mézières et Hermann s’y tiendront tout comme des cafés littéraires et l’exposition « Valérian ». Et au-delà de Blois, c’est vers le club de la Chesnaie à Chailles que bd BOUM se tourne avec une rencontre avec Wanauts et Raives le samedi 24 novembre. « Il nous tient à cœur de faire rayonner la bande dessinée dans tout le territoire », s’enthousiasme Bruno Genini. En effet, l’engagement social a toujours été un fondamental de l’action du festival. Il se manifeste encore cette année avec les actions « bd pour tous » et le projet éditorial initié en 1998 continue. Après « La troisième population », bd BOUM conseille la ville et les éditions Bilboquet dans la réalisation de « Mystère à la Maison de la magie ». En parallèle, un nouveau projet vient d’être lancé sur le foyer logement Marpa à Monteaux (41) et une BD jeunesse sur la laïcité est en réflexion.
« Sortir des cases »
« La BD ce n’est pas que Tintin, Astérix », lance avec humour Bruno Genini. « Les gens l’ont bien compris, et nous travaillons aussi à ce que tous les publics s’intéressent, parce qu’il y a bel et bien une multitude de genres. » Sortir des cases, des « carcans habituels », c’est à cela qu’œuvrent les organisateurs. Jean-Pierre Baron s’en félicite, les acteurs locaux (prison, associations, écoles…) accordent une place de plus en plus importante à la bande dessinée. Les élèves de 120 classes des cycles 2, 3, collèges et lycées sont inscrits la journée pédagogique. Au fil des années, ce domaine s’est amplifié, spécialement depuis l’ouverture de la Maison de la BD. Dans la continuité, un premier colloque BD et éducation aura lieu le mercredi 3 avril 2019 avec une formation pour les enseignants impartie par des théoriciens et des auteurs. Un autre signe de vitalité est apporté par le développement du tissu partenarial. Collectivités, sponsors privés et exposants du Salon du livre financent l’intégralité des 210 000 euros de budget de cette édition. Cela permet à bd BOUM de proposer un festival gratuit, exception faite des projections cinéma aux Lobis.
Pour grands… ▶ et petits lecteurs !
La Ligue de l’Enseignement Loir-et-Cher s’associe avec le festival pour proposer aux élèves du département de participer au « Prix Ligue de l’Enseignement Jeune Public ». Plusieurs jeux de livres sont distribués auprès des écoles participantes qui ont un mois et demi pour lire les ouvrages présélectionnés et choisir celui qui à leurs yeux, mérite de recevoir le prix Ligue. « Ce dernier vise à récompenser une œuvre de bande dessinée de qualité pour l’enfance et la jeunesse, parue dans l’année. Les bandes dessinées doivent correspondre à des valeurs défendues par la Ligue, et partagées par bd BOUM, telles que la laïcité et la lutte contre les discriminations, la solidarité, le dialogue intergénérationnel, l’émancipation du citoyen, etc., » nous expliquent Isaline Bourdin, assistante médiation et production et Gwénaëlle Fairon, en charge du projet, déléguée au service culturel de la ligue. « Nous sommes cette année en octobre intervenus dans six écoles (NDRL. les CP de l’école élémentaire de Villefranche-sur-Cher, les CE2 et l’Ulis école de l’école élémentaire de Contres, les CM1 de l’école élémentaire Molière (Blois), les CM2 de l’école élémentaire de Chouzy, les CP et CE1 de l’école primaire de Couture-sur-Loir et l’école élémentaire de Mer). Notre intervention consiste à développer l’esprit critique des élèves. Nous leur demandons de nous raconter l’histoire, puis nous cherchons ensemble les valeurs présentes dans les BDs. Nous abordons aussi les enjeux du « Prix Ligue de l’Enseignement Jeune public » pour l’auteur et on explique l’importance de leurs votes individuels sur le résultat final. Enfin, nous les plongeons dans le rôle de citoyen électeur en leur expliquant toutes les étapes du vote. Chaque élève se rend dans l’isoloir muni de sa carte d’électeur et nous procédons au dépouillement. » Le prix Ligue est donc une opportunité pour ce lectorat de s’initier à la lecture de BD et à la vie citoyenne par le débat et la mise en situation de conditions réelles de vote. Les BDs présélectionnées cette année sont : L’Ecorce des Choses de Cécile Bidault; Hôtel Pennigton de Ced Ileana; Imbattable de Pascal Jousselin; La Boîte à Musique de Gijé Carbone. Verdict à suivre.
E.R.