Blois : Le Département pagaie, Christina Brown se manifeste

Quelle pagaille. Quelle ambiance en Loir-et-Cher lors d’une nouvelle session d’élus à Blois le 11 octobre. Une séance orageuse dans une collectivité où les sulfureuses affaires du prédécesseur Perruchot ouvrant une boîte de Pandore collent à la peau de la nouvelle assemblée du Conseil départemental.
« La politique c’est la franchise et le respect des électeurs et non la déloyauté et le mensonge. » La phrase, jetée comme un pavé dans une mare déjà au bord du débordement par le conseiller départemental et maire de Lamotte-Beuvron, Pascal Bioulac, en session du 11 octobre 2021, est issue d’un tract distribué pendant les élections départementales de juin 2021, gratifié en bas de feuille des noms de l’ancien président du Conseil départemental de Loir-et-Cher, Nicolas Perruchot ainsi que du député LR Guillaume Peltier, désormais conseiller départemental du canton de Chambord, et comme il peut l’indiquer d’un titre en sus, sur sa page Facebook, “présidant la majorité départementale avec Catherine Lhéritier en lien avec Philippe Gouet”. Pourtant, juin est loin et cet automne, après ce scrutin, c’est bien ce même Philippe Gouet (UDi) qui est assis maintenant dans le fauteuil de président du Département. Et d’emblée, il doit savoir tenir bon la barre, alourdie par les affaires financièrement troubles de l’ex-chef, Nicolas Perruchot, dont la dernière en date se cristallise sur une société offshore dans les Seychelles (“Pandora Papers”). Le 11 octobre, dans la salle Kléber-Loustau de l’Hôtel du Département à Blois, l’opposition a donc demandé à nouveau de manière plus appuyée cette fois un audit privé pour “lever les doutes” sur l’utilisation à bon escient de l’argent public de cette collectivité, destiné aux seuls Loir-et-Chériens. « Nous avons besoin de pouvoir apporter la preuve à l’ensemble de nos concitoyens que pas un seul euro qui a été confié à la gestion de notre assemblée n’a servi l’intérêt personnel d’un élu, » ont proposé 14 conseillers départementaux en harmonie (Stéphane Baudu, Marie-Hélène Millet, Christophe Thorin, Angélique Dubé pour le groupe CentreS 41 ; Pascal Bioulac, Agnès Thibault, Jacques Paoletti,
Élodie Péan pour le groupe La droite républicaine pour le Loir-et-Cher ; Michel Contour, Lionella Gallard, Michel Fromet, Geneviève Repinçay pour le groupe Loir-et-Cher Autrement ; Benjamin Vételé et Hanan El Adraoui (Union à gauche avec des écologistes)).
“Retisser le lien de confiance”
Refus net de l’exécutif (“trop cher, trop compliqué”), tout va bien, circulez. Guillaume Peltier a martelé, façon Cyrano, grossissant le trait de rejet, en opérant un détour américain. « C’est la justice qui juge. Sommes-nous ici dans un café du commerce sur la 5e avenue de New York ? Et la présomption d’innocence ? Tout n’est que calomnie, jalousie, vanité.” Le sang attire sans doute les requins. Mais n’ayant pas peur des dents de la mer, Christina Brown (LR), ancienne vice-présidente en charge du RSA, de l’insertion et du logement, ancienne conseillère départementale du canton de Selles-sur-Cher, ose s’exprimer dans une marée particulièrement masculine. “La parole doit se libérer ! La situation est grave. Le manque de transparence assumé par le nouveau Président du Conseil départemental installé par Nicolas Perruchot, et dont l’organisation est identique à la mandature précédente, n’est donc pas étonnant : il s’inscrit même dans la continuité de ce que j’ai tristement vécu en interne. L’audit est indispensable. J’appelle donc les membres de la majorité actuelle qui ne sont plus en phase avec ces pratiques de politique-business, à prendre leurs responsabilités aujourd’hui, comme je l’ai fait hier, de manière à retisser demain le lien de confiance avec les Loir-et-Chériens. Un lien qui a été brisé par des personnes qui n’ont plus leur place en politique.” Le Parti Radical de gauche du 41 insiste de son côté pour «rendre public l’accord politique signé par les responsables de la majorité qui a permis à M. Gouet d’obtenir la présidence dans des conditions particulières ». À suivre. Mais quelle pagaille. Tout va bien, mais en vrai, rien ne va plus ! Et là, nous ne sommes malheureusement pas du tout dans une fiction selon un air de Claude Chabrol, datée de 1997, si vous voyez le scénario.

Émilie Rencien

 

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Scandales : les affaires continuent aussi à Romorantin !
Définitivement, nous disposons en Loir-et-Cher d’élus locaux formidables aux manières quasiment empruntées dans la fange aux responsables nationaux. Les histoires de gros sous présumés de l’ancien responsable départemental Nicolas Perruchot à Blois, le faux pass sanitaire supposé de l’édile Alexandre Avril à Salbris… Comme cela n’était visiblement pas assez, même si on l’avait peut-être un brin oublié, les frais de bouche de Jeanny Lorgeoux à Romorantin risquent de venir de surcroît divertir nos longues soirées d’hiver.
Jeux de malins, jeux de vilains ! Si certains méconnaissaient peut-être encore où se situait géographiquement notre département, maintenant personne ne pourra plus l’ignorer… Le feuilleton du « Loir-et-Cher impitoyable » se poursuit en ce dernier trimestre 2021 avec ses épisodes à moult rebondissements plus nauséabonds les uns que les autres. Le souci ici, c’est qu’il ne s’agit aucunement d’une fiction à la mélodie faisant songer au générique d’une série aux turpitudes cultes des années 80. Dans cette vraie vie, le refus d’audit financier n’existe pas qu’au Conseil départemental de Loir-et-Cher. La ville de Romorantin affiche un palais délicat également, avec la même justification d’ailleurs : le fait que la Chambre régionale de la Cour de comptes vérifie régulièrement protège, empêche les fouines, donc selon ces élus divers s’affirmant proprets, pas de loup ni de lézard. À la ville, à Romorantin, la bouche se veut moins fine pour se sustenter au restaurant : les révélations de mai dernier dans les colonnes de la presse nationale puis locale faisaient état de repas fort goûteux et surtout onéreux pris à la table gastronomique du Lion d’Or dans la rue Georges-Clémenceau. Il est évidemment sympathique de faire fonctionner le commerce local mais toutes proportions gardées … Selon Médiapart et La Nouvelle République, la consommation aurait en effet été réalisée sur le dos des contribuables, avec de la monnaie d’ordre public, issue des comptes à la fois de la commune et de l’intercommunalité romorantinaises. Soit 24 factures chiffrées entre 60 000 € et 100 000 € en 3 ans. En 2019, le ministre de l’écologie, le nantais François Rugy, avait tenté de trouver la parade pour justifier son homard à l’hôtel de Lassay : une allergie aux fruits de mer. Mais à Romorantin, à moins d’être en présence d’alcooliques repentis et de gens au régime frugal contraints et forcés… Car champagne et grands crus à plus de 500 euros l’unité figuraient entre autres mets prestigieux (sans compter la réservations de nuitées dans des chambres de haute volée) sur les notes solognotes récurrentes qui auront permis à une flopée d’élus locaux (le député LR Guillaume Peltier, le maire salbrisien Alexandre Avril, etc.) et autres chefs d’entreprises conviés (lesquels ont dans la foulée décroché des marchés au sommet de certaines cheminées), de se rincer le gosier aux frais de la princesse. Certes, impossible d’attirer les mouches de fortunes avec du vinaigre de pingre : d’après les dires du sire maire de Romorantin, Jeanny Lorgeoux – ex-PS avec François Mitterrand, un temps « marcheur », ensuite « en concorde républicaine » sur la scène de la Pyramide en janvier 2020 aux côtés de l’ex Président de la République de droite, Nicolas Sarkozy, et dorénavant clamant son absence d’étiquette -, ces frais restent bien éloignés des plafonds pour les indemnités de frais de représentation fixés par le conseil municipal. Après avoir écouté ce chant de cigale tout l’été, le groupe d’opposition municipale, «Ensemble pour Romo » (divers droite)a conséquemment ce mois d’octobre 2021 saisi cette même Chambre régionale des comptes pour un travail de fourmi, à savoir là aussi, un audit. Ce groupe, mené par Dominique Giraudet et Claude Naudion, avec Louis de Redon précise : « cet audit est indispensable. » Un leitmotiv familier si vous lisez l’article dans cette même page relatif au Conseil départemental. Que ce soit au Département à Blois ou à la ville de Romorantin, majorité et opposition semblent en accord sur le choix des tournures de phrases, bien que pas du tout positionnés sur la même ligne ni dans le même box ! L’issue sera-t-elle en sus identique ? Orgueil et préjugés des frustrés des urnes ? Pêchés et châtiment des mains dans le pot de confiture ? Suspense. In vino veritas…
É. Rencien